I'm back, little brother (Noah & Ella)

Invité Invité

« When all goes well you can count on others when things go wrong we can only rely on his family. »

J'y étais, après un peu plus de neuf heures d'avion, je posais les pieds à Johannesburg. J'attrapais enfin mes valises et marchais tant bien que mal jusqu'à la sortie de l'aéroport, c'était étrange comme je ne me souvenais pas à quel point ces couloirs pouvaient être longs, on oublie bien vite en cinq ans. Je regardais distraitement le paysage qui s'offrait à moi derrière les immenses baies vitrés. Un sentiment de profond bien être s'insinua en moi, comme si je n'étais jamais partie. Mon regard se posa sur mon reflet dans la vitre en face de moi et mon profil me fit ouvrir les yeux en grands. Mon ventre commençait déjà à s'arrondir, je devais cacher ça à tout prix, ce n'était pas la première chose que je voulais dire à Noah en arrivant. Je m'arrêtais et me déplaçais sur le côté pour laisser les gens passer, pendant que je cherchais dans mes valises un haut assez large pour cacher mes nouvelles rondeurs. Je ne pensais pas que c'était si compliqué que ça à trouver, il ne me restait qu'une seule solution, aller dans une des boutiques de l'aéroport pour m'acheter un t-shirt. Je reprenais donc mon chemin arrivant enfin au bout du couloir, la sortie n'était pas loin, malgré tout je m'approchais d'une des boutiques de vêtements et attrapais le premier haut un peu sympa que je trouvais avant d'aller payer et de me diriger jusqu'aux toilettes pour me changer. J'entrais dans une des cabines vide et retirais le haut que je portais en ce moment pour mettre celui que je venais d'acheter à la place. D'un geste vif je sortais et me regardais dans le petit miroir qui trônait au milieu de la pièce. Ce n'était pas trop mal et au moins je n'aurais pas trop chaud comme ça. Distraitement je regardais ma montre et sourit, je ne savais pas pourquoi je venais de regarder l'heure, après tout ce n'était pas comme si Noah m'attendait, c'était le principe même des surprises. Je reprenais ma marche pour aller jusqu'à la station de taxi, priant intérieurement que l'un d'eux arrive vite et que je n'ai pas à attendre trop longtemps.

Une fois mes valises calés dans le coffre et installé à l'arrière du taxi, je lui indiquais distraitement la route à suivre. Tandis qu'il démarrait tranquillement de mon côté je posais mon front contre la vite fraiche de la voiture, ça faisait un bien fou et je laissais mes yeux se déposer sur la ville qui m'entourait. Rien n'avait vraiment changé ici depuis que j'étais partie, quelques nouvelles constructions par-ci par là, mais rien qui dénaturalisait vraiment la ville, elle n'était pas différente, je reconnaissais chaque rue, chaque commerçant. Tout était presque identique et c'était ce que j'aimais dans mon retour, le fait de tout retrouver intact, comme si au final je n'étais jamais partie. Le taxi s'arrêta plus vite que je ne l'aurais cru et là d'un coup un léger stress m'envahi. L'homme au volant se tourna vers moi, les sourcils froncés, il devait sans doute se demander ce que j'attendais pour sortir de son taxi, le payer et partir. Mais je n'y arrivais pas, je ne m'attendais pas à stresser autant pour si peu, beaucoup de choses ce bousculait dans ma tête en ce moment, j'avais peur de la réaction de Noah, vu la façon dont nous nous étions quitté et en cinq ans pas une seule nouvelle, rien du tout et je revenais comme une fleur, sans le prévenir. Je soufflais et ouvrait la portière avant de me diriger vers le coffre avec le chauffeur, je le laissais sortir mes valises avant de lui donner son argent et de le regarder partir.

Je n'avais pas bougé d'un cil, regardant malgré tout autour de moi, ici non plus rien n'avait changé. Mes valises bien en mains je m'approchais de plus en plus, passant tant bien que mal le village, arrivant enfin devant l'entrée du centre. Je ne faisais pas tellement attention aux personnes qui m'entouraient, trop perdue dans mon monde pour voir le reste. Mes pieds me menaient jusque chez Noah, il n'y avait personne pour l'instant, ce qui m'arrangeait assez, ça me laissait un peu de temps pour savoir ce que j'allais lui dire. Neuf heures de trajet et je n'y avais même pas pensé, c'était tout moi ça. J'étais dos à l'entrée et c'est seulement au moment où j'entendis la porte s'ouvrir que je me retournais posant mon regard sur mon frère, j'aurais sans doute du lui sauter au cou et le serrer dans mes bras, mais au lieu de ça je lui lançais la phrase de bonjour le plus bateau du siècle. « Surprise...»

world without you.

You don't know what you've been missing out on, I've been waiting around for you to call. You don't know what you've been missing out on. You know i'm not a ghost, just come around. If i'd have listened to that fortune cooky wisdom, I'd have been a whole lot better off but still i live with this constant light on to show you the way back home

Les rayons du soleil se couchant apportaient une douce lumière dans le bureau de Noah qui n'avait pas encore terminé sa journée. Ses paupières se fermèrent quelques secondes, un long bâillement s'échappant de sa gorge. La nuit précédente, l'insomnie avait gagné ses draps, il avait été difficile pour lui de trouver le sommeil, pour obtenir quelques heures de repos. Il tenta de focaliser son attention sur son écran d'ordinateur mais son esprit ne cessait de s'échapper dans les méandres de son âme. Depuis le retour de Maddy dans son existence, il avait la sensation que tout s'était multiplié dans sa vie. Elle avait réveillé en lui des émotions qu'il pensait éteintes et ça le perturbait. Il avait essayé de comprendre mais une peur incandescente se distillait dans ses veines, l'incitant à rester en retrait. A ne pas s'approcher trop près, au risque de se brûler les ailes. Attrapant ses affaires se trouvant sur son bureau, il se leva de son fauteuil pour rentrer chez lui. Jetant un dernier regard sur la pièce, il éteignit la lumière avant de se mettre en marche vers la maison qu'il habitait. Un petit vent frais fouetta son visage, il reçut alors quelques grains de poussière dans les yeux. Quelques minutes plus tard, il franchit le seuil de la demeure, et une voix vint le faire sursauter. Sa soeur se tenait face à lui, plantée dans l'entrée. Cette soeur qu'il n'avait pas revu cinq années était ici en Afrique du Sud. Cette image qui se déroulait sous ses yeux venait lui créer des palpitations cardiaques. « Ella ? » demanda-t-il tout doucement. A quelques reprises, il cligna des yeux comme pour être certain qu'il ne s'agissait pas d'un mirage destiné à disparaître au bout de quelques secondes. Des frissons parcoururent son échine, alors qu'il la fixait. Le choc l'inonda et il eut du mal à ne pas s'écrouler. A rester debout sans tomber. « Surprise ? » rétorqua-t-il avec un léger rire rempli de sarcasme. Ne sachant pas comment réagir, il était déstabilisé, la bienséance l'avait quitté. Il avait souffert de son absence, de perdre le seul pilier solidifiant chaque fondation de son univers. Il avait envie de parler. De laisser exploser toute cette tristesse qu'il avait ressenti loin d'elle. Il avait besoin de s'exprimer. « On ne s'est pas vus depuis plus de cinq ans et le premier truc que tu me dis c'est surprise ? Cinq années sans un mot, sans un coup de téléphone, sans me donner de nouvelles, alors que je t'ai envoyé des lettres. Alors que tu savais où j'étais. Pendant tout ce temps je ne savais même pas ce que tu faisais, ni où tu étais, ni comment tu allais. Il aurait pu t'arriver quelque chose, je l'aurais jamais su. » souffla-t-il nerveusement en faisant quelques pas pour tenter de s'apaiser. Le sang tambourinait sur ses tempes, l'adrénaline se distillant dans ses veines. Il n'était pas sûr de savoir si son muscle cardiaque qui se déchainait dans sa cage thoracique était en mesure de supporter un choc si important. Il détourna le regard, posant ses yeux sur le mur face à lui, songeant à toute l'angoisse qu'il avait ressenti depuis qu'elle était partie. Toute la tristesse qui l'avait submergé depuis son départ. Elle était sa seule famille et alors que l'absurdité le menaçait, elle l'avait abandonné sans jamais se retourner. Après qu'elle ait quitté le sol sud-africain, chaque minute était devenue plus sombre, les ténèbres étaient venues l'entraîner dans les profondeurs de l'enfer et il n'avait pu en ressortir. Toutes ses émotions s'étaient amplifiées, multipliées dès lors qu'elle n'était plus à ses côtés pour le protéger. Au début, il lui en avait voulu d'être partie, il vivait le pire moment de son existence et la seule épaule sur laquelle il aurait pu s'appuyer n'était pas là. Elle n'était plus là. Sans un souffle, elle avait disparu. Après tant de temps et alors qu'il avait perdu l'espoir de la revoir un jour, elle était revenue devant lui. Elle n'avait pas changé, ses prunelles océans n'avaient pas perdu de leur éclat et sa chevelure brune continuait de descendre le long de son dos. Elle était toujours la même mais tout avait changé depuis son départ. Ils avaient passé cinq années sans se voir. Il n'était plus le jeune homme de vingt ans qu'elle avait quitté. Le temps l'avait rendu différent. Noah se mit à scruter la silhouette de la brune, ses bras se croisèrent contre son torse. Il resta ainsi quelques secondes sentant un torrent d'émotions l'envahir. Des sentiments contradictoires se battaient dans son esprit. La joie de la retrouver. La colère qu'elle revienne ainsi. L'étonnement de la voir en Afrique du Sud. Tout était si paradoxal. Il ne parvenait pas à comprendre. Un soupir franchit la barrière de ses lèvres tandis qu'il tentait de calmer ses pulsations cardiaques. Son regard se planta dans les iris bleutés de son aînée et il capitula. Il haussa les épaules et doucement ses jambes se mirent en mouvement en direction de sa soeur. Refoulant toutes les sensations étranges qu'il pouvait ressentir, il s'avança juste devant elle et instinctivement il la prit dans ses bras. Oui, il lui en voulait d'être partie mais il était encore plus heureux de la retrouver. De savoir qu'elle était de retour à ses côtés. Au fond de lui-même, il savait qu'il allait devoir lui demander des explications mais le reste n'importait pas. Pour quelques minutes, il désirait seulement profiter de sa présence. Serrant un peu plus Ella dans ses bras, il se laissa bercer par les battements de son muscle cardiaque, apaisant les tempêtes qui l'assaillaient. Une goutte solitaire coula le long ses yeux, elle lui avait tellement manqué.

Invité Invité

« When all goes well you can count on others when things go wrong we can only rely on his family. »

Une fois chez Noah je ne m'étais pas vraiment attendu à le voir arriver aussi vite chez lui, à dire vrai je n'avais pas vraiment fait attention à l'heure, trop stressé et aussi impatiente de retrouver mon frère, c'est sans aucun doute pourquoi le mot 'surprise ' n'était franchement pas la meilleure chose que j'aurais pu lui dire, surtout après tout ce temps, mais c'était la seule chose qui m'était venu, le seul mot aussi stupide soit-il que j'arrivais à faire sortir de ma bouche, j'étais pétrifié, bloqué et de son côté Noah n'était pas beaucoup mieux que moi, il était dans un sale état en me retrouvant là chez lui et je m'en voulais vraiment de lui faire ça, mais je n'étais vraiment pas beaucoup plus fière, mon stress battait son plein, jouant des claquettes dans tout mon être et mon coeur lui de son côté tentait tant bien que mal de s'extirper de ma poitrine. Ses paroles me laissaient pantoise. « D'accord, je ne vais pas passer mon temps à m'excuser pour mon départ ou pour les cinq ans qui viennent de s'écouler, mais écoute pour commencer, quelles lettres ? Je n'ai absolument aucune idée de quoi tu parles. » Je ne voyais vraiment pas de quoi il parlait avec ces lettres, je fronçais les sourcils cherchant au plus profond de ma mémoire si une seule fois j'avais reçu une lettre de sa part et ce n'était pas le cas, j'en étais sûre et certaine parce que jamais je ne l'aurais laissé sans réponse de ma part si ça avait été le cas. En cinq ans je ne lui avais pas donné de nouvelle certes, mais de mon point de vue il, ne l'avait pas fait non plus alors, je ne comprenais pas vraiment sa réaction si excessive, puis que de toute façon, je n'avais jamais reçu les fameuses lettres. Même si je ne pouvais pas lui en vouloir d'être si en colère et sur la défensive, je prenais conscience en le regardant du mal que j'avais dû lui faire en partant. Sa réaction me faisait mal au coeur. « Je vais bien Noah, vraiment, il ne met rien arrivée de particulier durant tout ce temps et surtout rien de dangereux et je puis vois que toi aussi, tu a l'air d'aller bien. » Rien arrivé n'était pas vraiment vrai, parce que j'étais quand même enceinte de quatre mois, mais il m'en voulait déjà assez pour mon départ, je n'allais pas ajouter ça en plus. Je haussais les épaules distraitement, essayant par tous les moyens possibles de le calmer, je savais que ce n'était pas chose facile, mais je m'en voulais d'être partie comme une sauvage même si je lui avais donné mes raisons, je savais qu'il ne les avaient pas forcement acceptés, seulement, j'en avais besoin, alors d'accord j'aurais sans doute dû prévenir plutôt que de revenir au bout de cinq ans comme une fleur. Il ne me regardait pas, c'était sans doute plus simple pour lui ou peut-être pas. Je tournais un regard inquiet vers mon frère et voyais ce combat qui se jouait en ce moment même dans sa tête, il m'en voulait, ça je l'avais bien compris, mais malgré tout je, savais qu'il n'avait qu'une envie c'était de me prendre dans ses bras. Il ne mit pas bien longtemps avant de s'approcher de moi, bien trop lentement à mon goût, et de passer ses bras autour de moi. « Tu m'as tellement manqué et je suis désolée d'être partie comme ça. » Je serrais Noah plus fort contre moi, pas encore prête à le lâcher. Cinq ans que j'attendais cette étreinte, que j'attendais qu'il me prenne dans ses bras et simplement qu'il me fasse comprendre qu'il m'aimait malgré mon choix. Je me reculais doucement et plongeais mon regard dans le sien avant de lui faire un petit sourire. Avec toute la tendresse du monde, je posais ma main sur sa joue et soupirais de bien-être, j'étais enfin chez moi, enfin à ma place. « Mais où est passé mon petit frère ? T'es un homme maintenant. » En partant il y a cinq ans j'avais laissé un jeune homme têtu et borné, un jeune homme de vingt ans alors que là maintenant, je retrouvais un homme de vingt-cinq ans, c'était vraiment long cinq ans et pourtant pas tant que ça, mais Noah avait changé, son regard était plus mature, je ne savais pas ce qu'il avait vécu tout ce temps, mais il avait changé, cinq ans c'est vraiment long, je ne m'en étais pas réellement rendu compte jusque-là, parce que je n'avais pas vraiment eu le temps d'y penser, mais le fait de revenir en Afrique du Sud m'avait donné une sacrée claque, un retour que je n'attendais pas, je venais littéralement de prendre cinq ans en pleine tête.

world without you.

You don't know what you've been missing out on, I've been waiting around for you to call. You don't know what you've been missing out on. You know i'm not a ghost, just come around. If i'd have listened to that fortune cooky wisdom, I'd have been a whole lot better off but still i live with this constant light on to show you the way back home

Retrouver sa soeur avait une saveur particulière. A la fois heureuse et si malheureuse. Depuis la mort de ses parents, elle était son unique famille et durant cinq ans, il avait été privé de sa présence. Privé de la seule personne capable de le comprendre sans même qu'il n'éprouve le besoin de parler. Elle s'était envolée pour ne jamais revenir. Souvent, il avait espéré la voir apparaître. Dans des silhouettes féminines aux chevelures de jais, il avait cru l'apercevoir pour finalement réaliser que ce n'était pas elle. Ce n'était pas Ella. Elle n'était pas revenue, il ne s'agissait que d'un doux mirage de son cerveau désirant par dessus tout retrouver cet être si cher à son bonheur. L'amour, qu'il portait à son ainée, n'avait pas d'égal, nulle barrière et nulle limite. Elle était la seule qu'il n'avait jamais déçu, qui avait continué à l'aimer malgré son comportement, malgré son attitude d'enfant gâté. A chaque fois, elle s'était tenue à ses côtés, tentant de le raisonner mais elle ne l'avait jamais quitté. Elle avait continué de veiller sur lui, comme le petit protégé qu'il était à ses yeux. Pourtant, elle avait fini par l'abandonner et c'était son coeur qui s'était brisé. Son univers, tenant difficilement en équilibre, qui s'était écroulé, sans avoir la moindre chance d'être reconstruit. Petit à petit, il avait appris à vivre sans elle, sans entendre le son de sa voix berçant ses oreilles, sans la savoir à ses côtés mais du temps avait dû s'écouler avant que la colère ne s'estompe. Avant que le feu de son esprit ne devienne que des braises endormies. La revoir dans cette maison, dont elle avait franchi le seuil cinq années auparavant, venait remettre à vif les plaies difficilement cicatrisées. Tout ce chagrin dissimulé profondément dans les profondeurs resurgissait avec puissance pour le déstabiliser, pour l'entraîner dans cette obscurité si attirante. Il était envahi par une multitude d'émotions, par des sentiments contradictoires qui le rendaient incapable de raisonner logiquement. C'était son muscle cardiaque torturé qui le dominait, qui avait le contrôle de son corps. « Parce que tu penses que c'était facile pour moi d'être sans toi et de ne pas savoir où tu pouvais être durant tout ce temps ? » demanda-t-il presque ironiquement. Ses propos étaient blessants, il le réalisait mais il ne parvenait pas à retenir ce flux de mots. Après tant de silence, il avait besoin de s'exprimer, de lui montrer à quel point la vie sans elle avait été difficile. Avec les années, le chagrin s'était apaisé mais les blessures béantes continuaient de le torturer, constamment. Le jeune homme ferma les yeux un moment, hochant la tête de gauche à droite, essayant de faire taire le diable qui voulait prendre possession de son être. « Je te parle des lettres que je t'ai envoyé depuis ton départ. C'était le seul moyen que j'avais d'avoir de tes nouvelles alors je t'ai écrit souvent, mais je n'ai jamais eu de réponse de ta part alors je pensais que tu voulais seulement faire ta vie sans m'inclure dedans » avoua-t-il après avoir dégluti avec difficulté. C'était la réalité la plus douloureuse de son univers. Ce sentiment d'abandon et de rejet s'était installé dans les pores de sa peau, gagnant chaque cellule de son corps, le faisant souffrir à chaque fois que l'image de sa grande soeur apparaissait dans son esprit. Des petites voix s'amusaient alors à briser le calme en lui répétant sans cesse qu'elle était partie car elle ne souhaitait plus l'avoir dans sa vie. Petit à petit, voyant qu'elle ne répondait jamais à ses lettres, il avait fini par y croire, par se faire à l'idée qu'il était condamné à vivre dans cette solitude étouffante. Si souvent, il avait été effrayé à l'idée qu'un malheur soit arrivé à son ainée et le temps n'avait pas apaisé son inquiétude. Il n'avait jamais cessé d'imaginer le pire. Aujourd'hui, elle avait beau essayer de le rassurer, cela n'était pas suffisant pour le calmer, pour changer tout ce qu'il avait éprouvé. « Je vois ça mais comment j'étais supposé savoir que tout allait bien pour toi Ella ? Je comprends pourquoi tu es partie, pour quelles raisons tu as eu besoin de t'éloigner de l'Afrique du Sud mais ça ne change rien au fait que ça m'a fait du mal. J'avais besoin de toi quand tu es partie. Tout ce temps, j'avais besoin de ma grande soeur et elle n'était pas là.. » souffla-t-il douloureusement. La gorge nouée, il n'osa pas la regarder, contempler son visage de peur de ne pas être en mesure de dissimuler ses émotions. Lorsqu'il avait perdu Anna, c'était d'Ella dont il avait besoin pour le réconforter. Elle seule aurait pu canaliser ses émotions, combattre la tempête qui l'avait cloué au sol. Mais elle n'avait pas été là. A chaque obstacle, qu'il avait rencontré, elle n'avait pas été là pour l'aider à le franchir. Et il lui en voulait, autant qu'il était heureux de la retrouver. Il avait besoin de savoir qu'elle allait rester près de lui, qu'il ne s'agissait pas d'une illusion créée par son esprit alors il ne put s'empêcher de la serrer fortement dans ses bras. Il était loin le temps où elle le dépassait. A présent, il la surplombait du haut de son mètre quatre vingt, en grandissant, il était devenu celui en mesure de la protéger. De prendre soin d'elle. Il n'était plus ce petit frère haut comme trois pommes. Les paupières closes, il profita du moment, de cette proximité retrouvée qu'il savourait. Si longtemps, il avait attendu cet instant, cette étreinte qui apparaissait comme un retour aux sources. Doucement, dans un murmure il lui répondit. « Toi aussi tu m'as manqué ». Si souvent, il avait imaginé leurs retrouvailles sans oser les espérer de peur d'être déçu. Ce qu'il ressentait était indescriptible, il était impossible pour lui de mettre des mots sur ses émotions. Lorsqu'elle se recula, il la regarda avec tendresse, ses prunelles plongèrent dans les iris bleutés d'Ella et un sourire naquit sur son visage. La main de sa soeur sur sa joue était un doux réconfort, un pansement capable de faire disparaître tous ses maux. « Ton petit frère a vieilli, il a grandi mais il n'a pas tant changé que ça tu sais. Je suis toujours le même, je suis juste un peu plus vieux. » dit-il avec un petit sourire. C'était faux. Il n'avait plus rien à voir avec le jeune homme qu'elle avait quitté. L'univers avait fini par le transformer. Il avait changé, tellement changé et elle finirait par le réaliser bien assez tôt.

Invité Invité

« When all goes well you can count on others when things go wrong we can only rely on his family. »

Je savais pertinemment qu'en revenant ici un tas de sentiments contradictoires se bousculeraient dans ma tête et je ne m'étais pas trompé du tout. Bien entendu j'étais heureuse de retrouver mon frère surtout après autant d'année sans aucune nouvelle de sa part et en même temps revenir ici n'était pas forcement évident, c'était même une torture, une douce et pourtant si cruelle torture. Mon coeur souffrait encore et toujours du manque de mes parents. Et en même temps avoir quitté mon frère n'était pas la meilleure idée que j'avais eu. Je m'étais tellement sentis coupable de l'avoir laissé et ne pas être à ses côtés tout ce temps ne m'avait pas aidé loin de là, au contraire. Heureusement j'avais rencontré des gens très sympa, assez pour m'aider à oublier, du moins pour m'aider à apaiser ma douleur et ce n'était pas trop demandé. « Arrête Noah, ce n'est absolument pas ce que j'ai dit. Seulement j'avais besoin de partir et de m'éloigner de tout ce qui me rappelait le fait qu'ils n'étaient plus là et bordel, je t'ai dit que j'avais peur pour toi, que je voulais que tu arrêtes tout ça, c'était insensé, et même si je suis rentrée je trouve que ça l'est toujours. » Je soufflais agacée et perdue, je ne voulais pas que nos retrouvailles se passent comme ça, nous avions passé trop de temps loin de l'autre pour nous retrouver dans la rancoeur et la douleur, non, je voulais simplement profiter de mon petit frère et simplement oublier tout ce qui s'était passé entre nous, du moins le mauvais. « Je n'ai jamais eu tes lettres Noah, jamais. Sincèrement tu penses que j'aurais pu te laisser dans l'ignorance et ne pas te répondre ? Tu es mon frère, jamais je n'aurais pu t'exclure de ma vie, aussi dingue soit-elle. » Je lui fis un petit sourire désolé, je ne pensais vraiment pas qu'il puisse croire une seule seconde que j'étais capable de l'exclure de ma vie comme ça, de la pire des manières, durant tout ce temps au contraire j'avais attendu qu'il me donne de ses nouvelles, trop honteuse de la façon dont nous nous étions quittés pour faire le premier pas, je pensais qu'il m'en voulait et au fil du temps j'avais apprit à vivre avec, j'y pensais chaque jour, mais je continuais d'avancer, me répétant qu'un jour je rentrerais et finirais par arranger les choses. Pas un seul instant je m'étais douté qu'il m'avait écrit. Je lui aurais répondu sur le champ. En aucun cas je l'aurais laissé dans le flou, même si j'étais bien trop aveuglé par ma propre peine. « Je sais Noah et je ne pourrais pas m'excuser assez pour ça, seulement j'avais besoin de partir, je sais que je suis égoïste, mais si j'étais resté je n'aurais pas aidé, bien au contraire, ça aurait certainement été pire. » Voilà pourquoi je me sentais honteuse, voilà pourquoi je n'avais pas oser lui écrire ou l'appeler toutes ces années, parce que je savais pertinemment que Noah m'en voulait bien plus qu'il ne saurait le dire, je savais qu'il souffrait et en partie par ma faute, simplement parce que j'avais été égoïste, parce que j'avais pensée à moi et personne d'autre. Je m'en voulais pour ça, parce qu'en temps normal je faisais passer Noah avant tout, avant n'importe qui. Et j'avais eu tellement peur pour lui, je n'arrivais pas à rester là sans pouvoir l'empêcher d'agir, ça me bouffait simplement de l'intérieur. Tandis qu'il me disait que je lui avais manqué un petit sourire tendre naquit sur mes lèvres, je plongeais mon regard dans celui de mon frère et penchais doucement la tête sur le côté, quelque chose avait changé chez lui, je ne savais pas encore quoi, seulement ses yeux n'avaient plus leur éclat si caractéristiques à Noah. Je me reculais et fonçais les sourcils. « Mmh, si tu le dis. » Je haussais les épaules distraitement, faisant semblant de le croire, mais un jour ou l'autre je découvrirais ce qui se passait avec Noah et je n'avais pas l'intention d'attendre cinq ans. Je commençais doucement à transpirer, pas parce que j'avais chaud, mais simplement parce que je me sentais mal, ma tête tournait et une envie de vomir se glissait dans mon estomac. Je ne me souvenais plus vraiment de la dernière fois où j'avais ingurgité de la nourriture et c'était sans aucun doute la cause de mon état, ça et la grossesse bien entendu. Je soufflais doucement et regardais Noah avant de me poser sur la première chaise qui se trouvait à ma portée. « Tu n'aurais pas quelque chose à manger s'il te plait ? De préférence salé. » Je le regardais le plus naturellement du monde, comme si tout ceci était logique. Si jamais il me demandait, je pouvais toujours lui dire à quel point la nourriture dans l'avion était infecte ou alors la vérité, c'était pas mal non plus.

world without you.

You don't know what you've been missing out on, I've been waiting around for you to call. You don't know what you've been missing out on. You know i'm not a ghost, just come around. If i'd have listened to that fortune cooky wisdom, I'd have been a whole lot better off but still i live with this constant light on to show you the way back home

Le deuil était quelque chose d'étrange. Chaque être humain le vivait différemment et Noah le réalisait avec sa soeur. A la mort de ses parents, il n'y avait qu'une seule voie qui s'était ouverte à lui, celle qui était apparue comme une évidence, qu'il ne pouvait éviter, il devait trouver une manière de les rendre fiers. De continuer à faire perdurer cette cause pour laquelle ils avaient tout donné, même leur vie. Alors il n'avait pas hésité longtemps, du haut de ses vingt-ans , le jeune homme arrogant, qu'il était à l'époque, avait décidé de s'engager pour le centre. Il avait combattu sa peine, la noyant dans des heures de travail. D'abord inexpérimenté, il avait fini par être cet acharné de travail que les bénévoles côtoyaient maintenant. Les quelques personnes encore présentes aujourd'hui et qui l'avaient connu par le passé, peu avant le décès de sa mère et de son père, avaient pu constater à quel point il n'était plus le même. Son arrogance, si détestable que seule Ella parvenait à supporter, ne s'était pas entièrement éteinte. Il y avait des restes, des résidus qui de temps à autre menaçaient d'exploser aux yeux du monde. Et c'était le cas à présent. Il sentait le venin s'injecter dans ses veines, pourtant il tenta de se canaliser en se concentrant sur ses pulsations cardiaques. Cinq années s'étaient écoulées mais cela n'avait pas suffi à faire taire cette rancoeur qu'il avait ressenti lorsque son aînée s'en était allée. Il avait essayé de comprendre, de ne pas lui en vouloir et de la pardonner mais cette voix du mal dans son esprit ne cessait de le pervertir. De le ramener plus bas que terre. « Ce n'est pas en fuyant que tu peux faire ton deuil et essayer d'accepter qu'ils ne sont plus là. Je comprends pourquoi tu l'as fait mais ce n'est pas pour autant que je l'accepte. Je n'aurais jamais pu te faire ça. » déclara-t-il en la regardant fixement. Il haussa les épaules agacé en constatant qu'elle aussi semblait à fleur de peau. Le moment était mal choisi pour apaiser toutes ces émotions contradictoires qu'il refoulait depuis le départ d'Ella. Il n'avait aucune envie de tout gâcher avec son discours moralisateur alors il s'empêcha d'en rajouter un peu. D'en dire plus, de peur de la blesser inutilement avec des paroles douloureuses, symbole de sa souffrance. Faisant un pas en avant, il la regarda avec un léger sourire s'étirant sur ses lèvres. « Tu n'as pas à avoir peur pour moi. Je ne fais pas comme eux, oui j'ai été dans des camps, mais la plupart de mon temps je le passe dans un bureau à gérer les bénévoles, à récolter des dons pour le centre. Alors à moins de me faire attaquer par une feuille de papier ou par une vieille couguar, je ne risque pas grand chose je crois. » lança-t-il d'un ton se voulant rassurant. C'était les mêmes mots qu'il se répétait à chaque fois que le doute l'assaillait. A chaque fois que des angoisses le submergeaient. Sa vie en Afrique du Sud était diamétralement opposée à celle qu'il avait mené en Angleterre, plus risquée mais surtout plus enrichissante. Il mentait ouvertement en lui disant qu'il était en totale sécurité, il savait que c'était faux mais il ne désirait pas l'inquiéter. Elle était sa grande soeur, mais en vieillissant, il était devenu bien plus protecteur que par le passé. Lorsqu'elle lui avoua qu'elle n'avait jamais reçu ses lettres, il eut l'impression que toute la peine, qu'il avait ressenti, était inutile. Tout ce temps, il s'était senti abandonné, comme un laissé-pour-compte. Cette sensation s'était ancrée en lui, comme une constante de son existence. Depuis, il n'avait jamais cessé de se remettre en question, de se demander pour quelles raisons sa soeur avait décidé de l'ôter de sa vie. Pourquoi elle ne voulait plus le savoir près d'elle. Pourquoi elle ne lui répondait pas. L'unique réponse, qui lui était venue, était la plus évidente, mais surtout la plus terrassante: il n'était pas assez bien pour elle. N'ayant pas la force de combattre, il avait fini par l'admettre, creusant cette plaie béante dans son âme. Il s'était emporté dans les profondeurs de ce monde de solitude, sans aucune bouée de sauvetage sans jamais chercher à lutter contre ce torrent de sentiments néfastes. « Oui tout ce temps je l'ai pensé. J'ai cru que tu ne voulais pas me répondre, que tu vivais ta vie sans moi. J'étais sans toi, tu étais partie, tu m'avais laissé sans un mot alors comment je pouvais imaginer un instant que ce n'était pas moi que tu fuyais ? Oui, tu es ma soeur mais j'étais seul, je n'avais aucun moyen de savoir que tu ne voulais pas m'exclure de ta vie. » souffla-t-il douloureusement, telle une complainte faisant écho avec son coeur brisé. Peut-être avait-elle raison, il ne le savait pas. Il tentait de la comprendre, de ne pas se montrer égoïste mais tout était trop fort. L'ouragan qui s'abattait sur lui l'empêchait de raisonner convenablement. Incapable de débattre, il soupira légèrement. « Si tu le dis. » ajouta-t-il simplement. Honteux et sentant l'émotion le gagner, il baissa les yeux, il était rare qu'il montre ses fêlures aux autres mais avec Ella, il savait qu'il était en sécurité. La sentir tout contre lui agit sur lui tel un pansement guérissant toutes ses blessures. Les battements de son muscle cardiaque suffisaient à apaiser le tambour bruyant de son coeur déchaîné. Il était envahi par cette multitude de sensations si étranges, à la fois agréable et désagréable. Quelques secondes durant, il voulait en profiter et parler de tous les obstacles, qu'il avait dû traverser, ne le réjouissait pas. Avec une certaine maladresse, il essaya de nier les faits, mais en un regard il vit que sa grande soeur n'était pas dupe. Pourtant, il ne prit pas la peine de lui répondre, cette discussion pouvait attendre. Il y avait bien des choses dont il devait lui parler et il ne voulait pas rendre les retrouvailles plus dramatiques encore. L'observant avec attention, il vit le visage d'Ella devenir de plus en plus pâle, elle paraissait fatiguée. Inquiet pour elle, il haussa les sourcils tandis qu'il la regardait s'asseoir sur une chaise. Elle semblait aller mal, peut-être son état était dû aux longues heures de vol, il était dans le flou. « Oui le frigo est plein je vais te sortir quelque chose mais ça n'a pas l'air d'aller. Qu'est ce qu'il y a ? » demanda-t-il avec une certaine insistance, comme pour lui montrer qu'il n'allait pas se contenter de répondre à sa requête. Durant toutes ces années, il avait été privé de sa présence, il n'avait pas pu la voir évoluer au quotidien alors il comptait rattraper ce temps perdu en veillant sur elle.

Invité Invité

« When all goes well you can count on others when things go wrong we can only rely on his family. »

Depuis la mort de nos parents tout avait été compliquées, nos vies, ma vie ne ressemblait plus à rien, comme si nous avions glissé tête baissée dans un trou sans fond, je me sentais simplement absorbée dans les profondeurs d'un endroit où je ne voulais pas aller, je ne me sentais pas capable de remonter la pente, surtout si Noah continuait sur cette voie là. Sans comprendre le pourquoi du comment, je n'avais jamais réussi à faire le deuil de leur mort, sans doute parce que ça avait bien trop brutal, dur et insensé. Alors, j'étais partie, j'avais simplement plié bagage un matin et prit le premier avion en direction de Londres dans la journée. Je comprenais parfaitement sa colère et je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça, seulement, même avec cinq ans de retard, j'étais là maintenant et je pensais que c'était le plus important, du moins ça l'était, à mes yeux. Je voulais faire table rase de ces dernières années, aussi compliqué soit la situation. « Je sais et je m'en veux assez d'avoir fait ça, mais ça ne changera rien de toute façon. C'est fait, je ne peux pas changer le passé. » Prendre la décision de partir d'ici était la chose la plus compliquée que j'ai fait dans ma vie, arrivée en Angleterre j'ai passé pas moins de cinq jours à pleurer sans pouvoir m'arrêter, avant d'être tellement vide et las de toute émotions qu'il me semblait être une bonne idée que de prendre ma vie en main. J'avais commencé à sortir, me trouver du travail, en quelques mots, vivre. Même si je ne pouvais m'empêcher de penser à mon frère et à tout ce qu'il faisait au même moment, loin de moi. J'étais fatiguée par le voyage, mais surtout épuisée de cette conversation, je savais que nous devions passer par là, seulement je voulais juste profiter de mon frère et de nos retrouvailles et ne pas me prendre la tête pour une conversation qui de toute façon n'aurait pas de fin, nous étions chacun bien trop campé sur nos positions, des positions qui étaient bien trop différentes. « Le risque zéro n'existe pas Noah, tu n'y vas pas souvent, mais le seul jour où tu y vas ça peut très bien te tomber dessus et je récupère ton corps dans une boite en bois. Alors, c'était sans doute pas la meilleure façon de réagir, mais ne m'en veut pas te trop tenir à toi pour ne pas supporter tout ça. » Je ne savais plus quoi dire, quoi faire pour arrêter tout ça, qu'il comprenne enfin qu'au final même si mon acte était égoïste, je ne faisais que penser à lui, bien que oui, ça semblait pas être le cas sur le moment, seulement j'avais simplement voulu le faire réagir, le voir ouvrir les yeux, ce qui n'avait pas été le cas, alors en partant je m'étais dit que peut-être ça lui ferait changer les choses, changer sa position et sa façon de voir son engagement. « Tu me connais assez pour savoir que je n'aurais jamais fait ce genre de choses Noah, j'avais simplement besoin de temps, de me remettre les idées en place et surtout de faire le point, ce n'était pas la meilleure solution je te l'accorde, mais je t'aime et jamais je n'aurais pu te sortir de ma vie. » L'entendre dire de telles choses me brisaient littéralement le coeur, je ne voulais pas entendre ces paroles, je détournais le regard, d'un coup très mal à l'aise. Je me sentais mal et je tentais tant bien que mal de ne pas laisser sortir la bile qui commençait à se former dans ma gorge. « Merci. » Je soupire, il semble que ce soit le moment, je ne pensais pas devoir lui dire comme ça alors, que je venais à peine d'arriver, mais après ce n'était pas plus mal, je ne voulais pas qu'on en arrive à se prendre la tête pour ça aussi. « Je suis enceinte de quatre mois. » Je tournais doucement mon regard vers mon frère, attendant la moindre réaction de sa part, le moindre geste ou même une parole. Il allait sans doute se mettre en colère, poser tout un tas de questions et même si j'avais voulu attendre pour ça, j'étais prête à le faire.

world without you.

You don't know what you've been missing out on, I've been waiting around for you to call. You don't know what you've been missing out on. You know i'm not a ghost, just come around. If i'd have listened to that fortune cooky wisdom, I'd have been a whole lot better off but still i live with this constant light on to show you the way back home

Il n'y avait pas de pire souffrance que la souffrance émotionnelle, Noah le savait. Petit à petit, il l'avait compris, à mesure que les épreuves s'étaient succédées sur sa route. La mort de ses parents était la pire. La plus douloureuse, celle qui avait brisé chacune de ses fondations, qui avait ravagé son coeur si violemment qu'il en avait été coupé en deux. Si rapidement, il avait tout perdu. Les seules personnes si essentielles à son existence. C'était une blessure qui ne s'était jamais guéri, malgré le temps et malgré son envie d'avancer, il n'avait jamais pu oublier. En travaillant des heures durant, il avait essayé mais ce n'était pas suffisant. Cette souffrance était devenue sienne, elle s'était invitée dans son être et elle ne l'avait plus quitté. Son passé faisait partie intégrante de sa vie et les mots d'Ella le rendait encore plus douloureux. Le passé était le passé, et il ne pouvait pas lutter contre. Il n'y avait rien à faire. « On ne peut jamais changer le passé de toute façon.. » lança-t-il dans un souffle. Pourtant, il aurait voulu pouvoir tout changer. Tout simplement pour les faire revenir à ses côtés. Pour qu'ils soient toujours près de lui. Il aurait aimé avoir quelques secondes, quelques minutes de plus avec eux pour leur montrer à quel point il pouvait les aimer. Leur mort avait réveillé les angoisses d'Ella, qui depuis ne cessait de se montrer encore plus protectrice. C'était à cause de toutes ses peurs qu'elle était partie, qu'elle avait fui. Il la comprenait, il savait quelles raisons la poussaient à être ainsi, mais tous les deux ils avaient fait leur deuil à leur façon. Pour lui, l'évidence avait été de continuer le travail de sa mère et de son père, pour faire perdurer cet héritage. Tandis qu'elle voulait fuir ce pays pour ne plus y revenir. Un rictus de malaise apparut sur son visage. « Peut-être que le risque zéro n'existe pas, mais je préfère faire quelque chose, tenter de changer les choses plutôt que rester assis à rien faire, à simplement admirer toutes les horreurs qui peuvent se produire sur cette terre. J'ai besoin d'être utile, de servir à quelque chose et de ne pas seulement être un spectateur de la misère. » avoua-t-il en la regardant avec attention. Pendant vingt ans, il avait cherché un sens à son existence, s'interrogeant sur son avenir et c'était dans le malheur qu'il l'avait trouvé. Dans cette épreuve, il avait trouvé sa voie. La seule qu'il voulait suivre. Et il n'avait aucune envie d'en changer. Il n'y avait qu'ainsi qu'il se sentait en vie. Qu'il parvenait à effacer ce chagrin de son âme. C'était ce qu'il lui avait permis de survivre quand son coeur ne voulait plus battre convenablement. Le centre était sa bouée de secours, celle à laquelle il s'était accroché lorsqu'Ella était partie. « Peut-être mais quand tu te fais abandonner par toutes les personnes importantes pour toi, tu oublies de réfléchir de façon logique. Tu te laisses emporter par tes sentiments, aussi négatifs qu'ils puissent être. J'étais sans toi, tu n'étais pas là donc les angoisses ont pris le dessus sur tout le reste. Alors ne m'en veut pas de trop tenir à toi pour avoir pensé que tu étais simplement partie. » dit-il en reprenant l'expression employée par son aînée. Tournant la tête pour masquer son émotion, il resta quelques secondes à regarder dans le vide. Si longtemps, il y avait cru, il avait pensé qu'elle l'avait abandonné. Que celle supposée l'aimer pour l'éternité avait décidé de continuer à vivre sans lui. Il avait tellement mal qu'il n'était pas parvenu à se raisonner, à penser autrement. Heureusement, la demande de sa soeur le sortit de ses songes et il s'empressa de lui ramener ce dont elle avait besoin pour se sentir mieux. Avec attention, elle le regarda, plongeant ses iris bleutés dans ceux de Noah, qui ne comprenait pas ce qui allait se produire. Lorsqu'elle prononça ces quelques mots, il ne put masquer la surprise qui se dessinait sur son visage. Elle était enceinte. Il resta bloqué un moment, avant de réussir à réagir. Il n'arrivait pas à parler, il ne savait pas quoi lui dire. Il ne prononça pas une syllabe, hébété. Dans quelques mois, sa soeur allait devenir mère. Un petit être allait venir au monde. Le choc était grand. « Je.... Tu es quoi ? » demanda-t-il interloqué. Son coeur tambourinait violemment dans sa poitrine, ses pensées se multipliaient dans son esprit, créant un vent d'interrogations. Il était perdu. « Je ne savais même pas que tu avais quelqu'un dans ta vie » ajouta-t-il simplement avant de réaliser à quel point sa remarque était idiote. Evidemment qu'il ne le savait pas. Il avait manqué cinq années de l'existence de sa soeur. Cinq années durant lesquelles elle était devenue une véritable inconnue à ses yeux. Il ne pouvait pas savoir ce qui lui était arrivé. Ce qui s'était passé pour elle. Ce qu'elle avait fait. Il ne pouvait rien savoir, car durant tout ce temps, elle n'était plus là. Elle avait été loin de lui, si loin de lui qu'il avait fini par en oublier le son de sa voix. Elle avait disparu si longtemps qu'elle était presque comme une inconnue pour lui et ça lui brisait le coeur d'y penser. De songer à tout ce qu'il avait pu manquer.

Contenu sponsorisé