Parles nous un peu de toi ? Zohra, c’est le gant de fer sur la main de velours. Paupiette de douceur enrobée d’une force qu’elle s’est forgée au fil des années, en grande partie grâce à son métier. La gentillesse, la générosité, la bonté incarnée, mais sans les mauvais côtés ; sans la naïveté. Sans l’ingénuité. Et – presque malheureusement – sans la simplicité. Zohra c’est une personnalité complexe, parfois explosive. Elle sait d’où elle vient, sait vers quoi elle va, et ce qu’elle doit faire pour atteindre ses objectifs. Elle n’aime pas qu’on se mette en travers de son chemin ; elle n’aime pas qu’on lui dise non. Elle ne reste jamais sur une défaite. Zohra, c’est la combattante. Le combat de toute une vie. Celle qui n’abandonne jamais, celle qui ne se vend pas. L’honnêteté, aussi, parce qu’elle refuse de se pourrir pour une victoire. Zohra se bat pour les femmes, pour les jeunes, parce qu’elle pense qu’on se bat suffisamment pour les hommes. Le sexe masculin, s’entend. Ils ont tout et croient qu’ils s’en contentent, quand on délaisse les faibles. Zohra se bat pour les faibles. Les un-peu-trop-bronzés. Celles qui sont née avec le mauvais sexe. Les laissés-pour-compte. Ceux pour qui on ne se bat plus. Ceux pour qui on n’a jamais voulu se battre.  Elle se bat tout le temps. Dans l’espoir, de quoi ? D’un monde meilleur, un jour, un monde de paix, et d’égalité ; elle ne demande rien d’autre que ça, mais elle demande déjà tant. Pourquoi avoir posé tes valises en Afrique du Sud ? Les enfants soldats ; l’excision des gamines ; les inégalités, non, les faussées, entre les trop riches et les trop miséreux. Le racisme, partout, même ici, presque plus qu’ailleurs. Les braconniers, les voleurs de richesse, de trésors, qui appartiennent à ce continent mais que les occidentaux pillent, et s’approprient. La malhonnêteté d’un système politique vacillant, craquelé, qui ne sait pas faire face aux magouilles, aux pots-de-vin, aux corruptions. Tout ça, c’est ici que ça se passe, en Afrique. Alors, pourquoi l’Afrique du Sud, et pas un autre pays ? A vrai dire, elle a passé un moment en Sierra Leone. C’est là-bas qu’on lui a parlé du centre. C’est pour le centre qu’elle est venue ici.   Pourquoi avoir choisi Giving For Africa pour faire ton bénévolat ? La renommée. Les conseils avisés des gens qu’elle a croisé sur sa route. L’endroit, aussi. La délinquance est en hausse constante à Johannesburg, parfois plus qu’ailleurs. Elle a pensé qu’elle pouvait commencer par être utile ici, avant de l’être ailleurs. Faire la différence dans les lieux qui en ont le plus besoin. Sans doute un peu, aussi, parce qu’elle aime les challenges, Zohra, qu’elle a besoin des difficultés pour savoir apprécier au mieux les succès. Elle sait, cela dit, que s’il venait à ne pas y avoir de succès, elle déprimera sûrement à l’idée d’avoir choisi un challenge trop gros pour elle. Mais elle se croit capable de s’imposer ici. Et puis, ça lui a donné envie, faut dire, en voyant toutes ces personnes, de tous les horizons, venus de partout, pour se retrouver à un endroit. Pour aider. Pour les autres, plus que pour eux. C’est une miniature de ce à quoi le monde devrait ressembler, elle pense. Un petit bout de ce à quoi elle aspire le plus.   Quelles ont été tes premières impressions en arrivant sur place ? A vrai dire, c’est à peu près comme elle l’avait imaginé. En Sierra Leone, on lui a expliqué en détail, tout ce à quoi touchait le centre. Les environs, la vie là-bas, les différents profils, les militaires, les types de bénévoles, jusqu’à l’agencement du site, le nombre de lite et. Van Pieters. Elle en a entendu parler mais n’a pas encore eu l’occasion de le croiser, cela dit, selon les dires, elle en a plutôt un bon a priori. Zohra ne jette jamais la pierre à ceux qui ont été brisés par la vie. A GFA, elle voit déjà les difficultés se profiler, mais elle savait que ça n’allait pas être de tout repos. Il faut également avouer qu’elle croise, de temps en temps, de ces personnes qui débordent d’hypocrisie, qui sont là pour l’argent, ou pour leur satisfaction personnelle, qui baignent sûrement dans des magouilles, qui vantent, rien qu’avec les yeux, la bonté de l’homme blanc qui vient aider les noirs miséreux. C’est ce qu’elle n’aime pas, Zohra, et si elle ne manque pas de le dire, elle ne peut, pour l’instant, pas y changer grand-chose. Les hommes puissants sont souvent des hommes mauvais, ou serait-ce l’inverse ? Ici, ça revient un peu au même. Heureusement, ils sont moins nombreux que les sincères. Comptes-tu prolonger ton séjour parmi nous ? Evidemment. Outre ce qu’il s’y passe, c’est un très joli pays, dans lequel elle se surprend à se plaire, parfois, jusqu’à vouloir rester pour toujours. Pour le moment, elle se fixe pour objectif de faire avancer la cause des femmes et d’aider le maximum de jeunes délinquants. Elle ne partira pas tant que les choses n’auront pas bougé, de ces côtés là.