Felicity & Rose

There is no friend as loyal as a book.

Persévérante ? Rose l'était sûrement un petit peu et plus particulièrement aujourd'hui. Ce matin, lors de sa petite balade habituelle, la jeune femme avait trouvé un livre sur le sol et c'est ainsi qu'elle avait déjà passé une bonne trentaine de minutes à chercher son propriétaire pour lui rendre son bien, en vain. Il n'y avait pas de nom dessus, alors impossible de savoir à qui il appartenait. Une femme ? Un homme ? Elle ne le savait même pas. Et les seules personnes qu'elle avait croisées jusqu'à maintenant ? Ils n'en savaient pas plus. À croire que personne n'avait jamais vu ce livre entre les mains de son propriétaire... Ou que celui-ci s'avérait être quelqu'un de l'extérieur, auquel cas elle pouvait déjà abandonner les recherches...

Esquissant un léger sourire, perdant patience au fur et à mesure, Rose commençait à se diriger vers l'école humanitaire - après tout s'il pouvait y avoir des livres, c'était bien là ? - lorsqu'elle aperçut une femme non loin de là vers qui elle s'avança directement. Elle ne l'avait pas encore vue et donc, elle n'avait pas eu l'occasion de l'interroger sur ce fameux livre. Arrivant à sa hauteur, elle s'empressa de prendre la parole : "Bonjour ! Excusez-moi mais, est-ce que ce livre vous appartient ?" Elle leva le bras duquel elle tenait l'ouvrage pour le montrer à son interlocutrice. La canadienne espérait tellement que la réponse soit positive ou du moins, qu'elle en sache enfin un peu plus sur son propriétaire. Parce que le tour du centre, elle l'avait bientôt terminé. Et si elle ne trouvait pas à qui il appartenait, qu'allait-elle en faire ? Le garder jusqu'à ce qu'on le lui réclame ? Hum, garder des affaires qui ne lui appartenaient pas, ça n'était pas son genre. "Son propriétaire a dû le perdre et j'essaie de le retrouver. " Elle regardait la jeune femme, attendant une réponse de sa part, espérant pouvoir enfin arrêter les recherches.
 

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rose ∞ felicity

Un coup d'éponge et les derniers mots écrits maladroitement par les enfants disparurent du tableau. Elle le fit presque avec un pincement au cœur, comme si elle effaçait à toujours les progrès de ses petits élèves. Mais elles savent que tout ce qu'ils avaient fait, appris, tout ça était bien là, dans leurs têtes, dans leur façon de lire plus facilement et même de s'exprimer. Felicity appréciait ces gamins, pourtant elle n'avait fait leur connaissance que depuis quelques semaines, mais leur volonté et désir d'apprendre la toucher. Surtout ils semblaient l'avoir accueilli à bras ouvert parmi eux ; et ça signifiait beaucoup pour elle. Elle avait craint de ne pas se sentir à se place ici, étrangère – ce qu'elle était au fond – et de ne pas être la bienvenue, mais elle avait facilement trouvé sa place. Elle n'avait pas eu la chance de rencontrer tout le monde encore, mais la plupart lui avait semblé très sympathique et accueillante. A part quelques exceptions, mais Felicity préférait ne pas faire attention à ces personnes. Pour l'instant, elle avait besoin de se concentrer sur tout ce qu'il y avait de positif dans sa nouvelle vie. Les élèves, les paysages magnifiques, le fait d'être loin de tout ce qui lui rappelait un époux parti trop tôt. Elle soupira, plutôt satisfaite de sa journée, et posa l'éponge. Elle ramassa ses affaires et sortit de la salle de cours.

Une chose à laquelle, elle n'arrivait pas à s'habituer cependant était la chaleur de ce pays. Elle s'attacha les cheveux en une queue de cheveux et tira sur le haut de son tee-shirt qu'elle secoua légèrement, cherchant désespérément à s’éventer. D'un geste maladroit, Felicity lâcha le livre qu'elle tenait, ce dernier s'échoua sur le sol, laissant s'échapper quelques feuilles volantes. Elle murmura quelques injures contre elle-même avant de s'accroupir pour tout ramasser avec que les exercices des enfants ne s'envolent trop loin. Elle coinça de nouveau entre les pages de son livre. Maintenant, il lui tardait de retrouver ce qui était désormais son petit chez elle. C'était minuscule et totalement impersonnel encore, mais elle s'y sentait bien pour l'instant. En sécurité. Elle pressa le pas, jusqu'à ce qu'une voix la stoppa. Elle ne la reconnut pas, et devina que cette femme, jeune au timbre de sa voix, était l'une des nombreuses personnes qu'elle n'avait pas encore eu le plaisir de rencontrer. Prise au dépourvue, elle tourna sur elle-même pour découvrir une jeune femme, au joli minois. Elle la dévisagea quelques secondes, avant de se rendre compte qu'elle lui avait posé une question. « Pardon ? » demanda-t-elle finalement, se rendant compte qu'elle avait pu paraître mal poli à juste l'observer. Elle baissa les yeux sur le dit livre qu'elle tenait dans ses mains, l'objet perdu. L'expression de Felicity se transforma sous l'incompréhension. Car oui, elle connaissait bien le propriétaire de cet ouvrage. Il s'agissait de feu son mari, puis d'elle. La jeune fille avait dans ses mains le bien le plus précieux de l'Anglaise, et cette dernière ignorait totalement qu'elle l'avait perdu. « C'est le mien, » dit-elle alors. Elle était partagée entre le soulagement, mais surtout la culpabilité : comment avait-elle pu ne pas se rendre compte que son roman de Tess avait disparu ? Elle ne bougea pas, aucun mouvement ne trahit son impatience de récupérer son roman favori. Elle attendit quelques secondes, puis se décida à tendre sa main libre pour le retirer doucement de la main de l'inconnue. Ses yeux ne le quittèrent pas. Elle ne cessait de se demander pourquoi et comment ? Une envie soudaine de le relire lui vint également. Elle brisa le silence qui s'était installé entre elles. « Merci, dit-elle sincèrement, où est-ce que vous l'avez trouvé ? » Elle était curieuse, sûrement pourrait elle ensuite deviner quand elle l'avait perdu.  

Felicity & Rose

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Rose regardait la jeune femme d'un air interrogateur, attendant toujours une réponse de sa part, le livre à la main. La réaction de l'inconnue la fit légèrement sourire puisque cette dernière semblait perdue dans ses pensées et ce, malgré la présence de la Gallagher. D'un côté, elle pouvait comprendre, elle-même était quelqu'un de rêveur, peut-être même trop d'ailleurs... Mais lorsque la voix de son interlocutrice résonna dans ses oreilles, lui annonçant que c'était bien son livre, ses paupières se fermèrent pendant quelques secondes et l'étudiante lâcha un soupir de soulagement. Enfin ! L'ouvrage avait donc un propriétaire et elle avait fini par le retrouver. En cet instant, rien ne pouvait lui faire plus plaisir tant le soulagement était grand. Certains pouvaient peut-être trouver ça stupide de prendre autant à coeur cette histoire pour un simple objet perdu mais Rose n'aurait pas eu la conscience tranquille avant de s'en être débarrassé. Maintenant que c'était fait, qu'elle savait qu'il était entre de bonnes mains, un sentiment d'avoir accompli une tâche supplémentaire la gagnait. "Merci." pensa-t-elle en levant les yeux au ciel avant de les reposer sur le visage de la femme, toujours souriante. "Je suis contente de l'apprendre. Je commençais à croire que je ne retrouverais jamais son propriétaire." Mais finalement, elle avait bien fait de ne pas abandonner. Comme quoi, il fallait peut-être prendre au mot le célèbre dicton qui disait "Tout vient à point à qui sait attendre". Enfin bref, la jeune femme finit par récupérer le livre qu'elle ne semblait pas pressée de retrouver. Si ça se trouve, elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle l'avait perdue, ce qui pouvait expliquer la tête qu'elle affichait. "Il n'y a pas de quoi." répondit-elle en affichant un sourire sincère. En ce moment, difficile de savoir qui était la plus heureuse des deux. Celle qui venait de récupérer son livre ou bien Rose qui n'aurait plus à demander à chaque personne qu'elle croisait si le livre était le sien. C'était drôle au début de jouer les détectives, mais elle ne ferait jamais aussi bien que Sherlock Holmes, c'était évident. "Et bien je l'ai trouvé un peu plus tôt ce matin lorsque je me promenais..." elle marqua une courte pause, semblant réfléchir avant de reprendre la parole : "non loin de la clinique vétérinaire puisque c'est là que je me rendais."
 

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rose ∞ felicity

Ses doigts caressèrent la couverture de l'ouvrage qu'elle tenait entre les mains. Elle avait, en faisant ce geste, un peu l'impression de toucher Matthew, parfois. Et autant bizarre cela puisse être, elle avait toujours aimé sentir les livres, leur odeur avait pour elle quelque chose de magique, le papier et l'encre étaient ensemble un des parfums les plus agréables pour ses narines ; mais avec cette édition de Tess, elle pouvait sentir son mari. Il avait tellement lu ce livre qu'il en avait pris son odeur, les pages c'en étaient imprégnées et ça avait quelque chose de réconfortant. Son cœur fut alors empreint de nostalgie, repensant à comment ce bouquin les avait unis. Elle regarda la jeune fille lorsque cette dernière exprima son contentement, ce qui fit sourire gentiment Felicity. C'est ce qu'elle aimait ici, à Giving for Africa, il lui semblait que presque tout le monde avait la main sur le cœur et une extrême bonté. En soit, étant dans un centre humanitaire, cela n'était pas une surprise, mais elle aimait toujours constater cela.

« Oh, c'est gentil. Peu de personnes auraient cherché à qui il appartient, » finit-elle par répondre, imaginant ce qui aurait pu se passer si elle l'avait perdu à Londres. Elle savait que ses compatriotes étaient considérés comme très courtois et généreux ; et ils l'étaient pour beaucoup d'entre eux. Mais dans une ville qui vivait aussi vite, elle aurait eu peu de chance de remettre la main sur cette édition. Touchée par le temps qu'avait passé cette jeune fille, elle se répéta : « Non, vraiment, merci beaucoup. Ce livre signifie beaucoup pour moi... » Elle serra alors le livre contre sa poitrine, sans même avoir conscience de son geste.

Lorsque la jeune fille lui indiqua où elle avait trouvé le vieux livre, elle haussa un sourcil, ne cachant pas sa surprise. « Ah oui ? » dit-elle stupidement. Elle n'avait pas de quoi remettre en question les indications de la jeune fille, mais c'était un endroit où elle se rendait si peu qu'elle ne  comprenait pas ce que son livre favori faisait là-bas. Mais à quoi bon se tracasser pour si peu ? surtout qu'il était de nouveau entre ces mains. Alors, elle haussa les épaules et ajouta d'un ton léger :  « Il a dû tomber de mon sac lorsque je me baladais. » Elle rangea finalement son précieux dans son sac, se rendant compte qu'elle le serrait toujours un peu trop contre elle. Un peu comme une mère aurait pu le faire avec son enfant, et que par conséquent elle pouvait paraître stupide.

Elle reporta son attention sur la jeune femme. Elle avait encore une bouille d'enfant, mais son corps montrait la jeune femme qu'elle devenait. Elle était très mignonne, pensa Felicity. Sans doute, avec la gentillesse dont elle faisait preuve, elle devait être une personne très appréciée. « Mais bon, en m'en rendant compte, c'est moi qui aurait fini par demander à tout le monde si personne ne l'avait trouvé, » finit-elle simplement par dire. Puis une moue se dessina sur son visage, elle regarda l'heure qu'il était ; six heure n'avait pas encore sonné. Elle avait le temps donc de lui être redevable, et sûrement elle la prendrait pour une folle mais elle lui demanda tout de même : « Comment est-ce que je peux te remercier ? »