What I would give up, what I would go through.

« - Tu ne viens pas ? » Amar fit signe que non de la tête, se concentrant sur la télévision. Visiblement, il ne voulait pas bouger et quelque part Anil le comprenait. Amar était du genre à se fatiguer vite et il aimait de moins en moins venir jouer le soir. « - Dommage pour toi. » Attrapant son sac, Anil laissa son frère. L'adolescent comprenait, mais il n'aimait pas ça. Il détestait quand son frère faisait ça. Quand il restait dans son coin et qu'il le laissait seul. Il avait l'impression parfois qu'Amar faisait tout pour s'éloigner. C'était surement n'importe quoi. Une fois sur le terrain de foot, Anil posa son sac dans un coin avant de retrouver ses amis. Le foot, Anil adorait ça. Il était même plutôt bon. C'était le genre de garçon sportive, assez doué dans ce qu'il faisait en général, peu importe le sport. Très vite, les équipes se forment. Anil est attaquant. C'est son rôle habituel. De toute façon, marquer des buts, il adorait ça. Il s'échauffe quand même un peu avant, le temps que tout le monde arrive. La nuit était tombée et le stade était à peine éclairé. Cela ne posait pas de problème de toute façon, ils étaient habitués à venir là. « - Amar est pas là ? » Levant la tête, Anil soupira. « - Tu le connais, il préfère mater la télé plutôt que voir vos sales gueules. » Un fou-rire et le voilà debout. Il laissa tomber son sweat pour rester en tee-shirt. Une voix féminine décide alors de s'incruster dans ce qui semble être un regroupement purement masculin. Il n'y avait pas que des élèves de première ou terminal. Il y avait aussi des garçons plus jeunes. Les petits-frères de certains, des amis etc... Ils étaient une petite bande, bien entre eux.

Un fou-rire s'emparent de certains garçons, alors que Maïtia s'adresse à Anil qui s'attachait les cheveux pour jouer. « - Très drôle. J'tombe que sur des idiotes, j'dois être maudit sérieux. » « - Mais oui, c'est ça. » Anil senti une frappe sur son épaule. Un de ces camarades, qui riait bien de tout ça. Le garçon se tourna de nouveau vers Maïtia, pas très heureux à l'idée d'avoir une fille entre les pattes. Surtout pendant un match. Bon, ce n'était pas la première fois qu'elle était là, ni même la première fois qu'elle jouait avec eux - mais Anil n'était pas du genre à apprécier ça. A apprécier le fait qu'elle soit là, parmi eux. Pourtant Maïtia était différente. Loin de faire ses quatorze ans. Loin d'agir comme une gamine de son âge. La plupart des garçons la connaissait assez bien d'ailleurs. « - Tu veux que j'appelle mon cousin pour qu'il fasse du baby-sitting ? Parce qu'on dirait que tu t'es perdue ce soir. » Bon, d'accord, il n'y allait pas doucement et la plupart du temps Maïtia finissait toujours par avoir le dernier mot, mais c'était habituel. Anil avait besoin de se défouler sur quelqu'un et quand elle était là, cela tombait sur elle. Un de ses amis semblait trouvait la réplique d'Anil bien drôle, ce qui fallait un léger « ouh » général dans la bande.

D'ailleurs, depuis qu'il connaissait la jeune fille, il lui tombait toujours dessus. Une remarque ou deux, une phrase bien placé, une petite blague. Il ne s'attaquait pas à elle par méchanceté et ça, tout le monde le savait. Il la taquinait, simplement. Il siffla à un ami plus loin, qui lui lança le ballon. « - Je crois que c'est pas un endroit pour les petites filles ici. On voudrait pas que tu te casses un ongle bêtement. » Un sourire sur le visage, Anil était prêt. Il était prêt à attaquer Maïtia, par contre, il savait qu'elle n'était pas du genre à se laisser faire. Encore moins à aller voir ailleurs. La jeune fille allait se faire un plaisir de lui renvoyer ses répliques à la figure. Un combat que la bande d'amis présent avaient pris l'habitude d'écouter.

What I would give up, what I would go through.

Les moments comme celui-là, c’était parfois pour Anil. Pour qu’il se détend et qu’il oublie un peu tout le reste. Il était loin d’avoir une vie compliqué, mais s’échapper ne faisait de mal à personne et ça c’était normal. Il y avait autre chose là-dedans qui plaisait énormément à Anil et c’était sans doute le fait d’être entouré d’amis à qui il pouvait parfait. Anil n’était pas le genre d’adolescent à rester enfermé chez lui à ne rien dire. Il parlait ouvertement de tout et de rien. Sa vie était d’ailleurs assez ouverte et tout le monde connaissait la plupart de ses histoires. La preuve, il était en train de se plaindre parce que son ex-copine l’avait confondu avec son frère. Le fameux test des frères Zampieri avait encore frappé et même si c’était pour son bien, Anil avait la sensation que cela lui faisait plus mal qu’autre chose. « - Comment ça de moi ? Je suis parfait. Toute façon tu peux pas comprendre… » Ignorant le sourire moqueur de Maïtia, Anil était du genre confiant. Un peu narcissique sur les bords ceci-dit. Mais ce n’était pas quelque chose de nouveau ou encore d’inhabituel. Tout le monde le connaissait ainsi.

Maïtia était particulière à ses yeux. Il avait beau vouloir l’éviter et parfois il ne faisait que se moquer d’elle, il savait qu’il ne pouvait pas échapper à la jeune fille. Elle faisait partie de sa vie, d’une façon comme dans une autre. Que ça soit des amis en commun, son oncle ou tout simplement l’école, elle n’était jamais bien loin. Il appréciait Maïtia, mais il ne l’avouait pas. Aux yeux des autres, il était avec Maï comme avec tout le monde, mais en réalité, elle avait un traitement spécial. Dans tous les cas, il ne cherchait pas à lui faire du mal. Il ne voulait pas la faire pleurer. Il en voulait pas qu’elle le déteste. C’était au fond, purement amicale. « - Il avait mieux à faire et quand j’te vois, j’me dis que j’aurais dû rester avec lui. » Tout le monde savait, Anil sans Amar, c’était l’approche de l’apocalypse. Ou presque. Le jeune adolescent avait du mal à se retrouver seul sans son frère, parce qu’Amar était son repère. Le ballon à ses pieds, Anil était prêt à jouer, mais aussi à garder un œil sur la demoiselle. « - Moi je chouine ? Moi ? » Anil laissa un sourire apparaitre sur son visage, lançant un regard complice à un de ses amis à qui il envoya le ballon. « - T’es pressée de perdre on dirais ! » Il fit signe, les équipes se formèrent. Ils étaient sept contre sept. Un des garçons qui ne jouait pas se charger de faire l’arbitre. Le match allait commencé.

Se plaçant en face d’un des joueurs de son équipe, Anil attendit le coup de sifflet pour faire une passe et commencer à jouer. Très vite, chacun se place, s’avancer, le ballon allant d’un endroit à un autre. Tout le monde n’avait pas le même niveau, c’était ce qui faisait la particularité du jeu. Il y avait de très bon jour, Maï compris et d’autre plus mauvais. « - LA BALLE ! » L’équipe d’Anil avait perdu la balle face à un joueur de l’équipe adverse. Le voilà désormais qui faisait marche-arrière pour essayer de récupérer la balle. « - PASSE ! PASSE ! » Pendant de longues minutes, les deux équipes semblaient réussir à garder la balle loin des buts adversaires. Après 20 minutes de jeu, Anil se retrouva à piquer le balon à Maï avant de se cogner à un autre joueur et de faire une chute monumental. Il se releva aussitôt « J’VAIS BIEN. » Et il se mit en position, face à Maï.

« - J’ai des os solides. » Dit-il en haussant les épaules, avant de se concentrer sur le ballon et d’attendre le coup de sifflet. Il se coiffa légèrement pour remettre ses cheveux en arrière, tout en jonglant entre le visage de Maï et le ballon. Un coup de sifflet et il tenta de voler le ballon à Maï, mais elle était plus rapide que lui cette fois. Il se mit ensuite à la rattraper pour la coller et éviter qu’elle ne s’approche trop prêt des buts. Elle voulu faire une passe, mais Anil chercha à l'en empêcher. Et alors que le ballon alla chez un autre joueur, Anil tomba de nouveau. Cette fois, sur Maïtia.

What I would give up, what I would go through.

« - Je ne voudrais pas te faire ce plaisir. » Elle arrivait à l'attaquer comme personne. Elle savait ce qui pouvait le déranger, le faire réagir. Anil n'était pas du genre à sortir avec tout ce qui bouge, il avait même plutôt des critères assez extravagants, mais lorsqu'il sortait avec quelqu'un, il se focalisait sur le fait qu'il y avait une bonne entente, une complicité. Et quand tout devenait naturel, il faisait le test. Au fond, c'était un moyen comme un autre de se rassurer. De se dire qu'il ne se ferait pas briser le cœur par une fille au moment où il risquait de la considérer comme la femme de sa vie. Le test, c'était ça. Prouver si oui ou non elles étaient faites pour lui et son frère. Il n'y avait pas tant de ressemblance entre Anil et Amar, mais comme toujours les gens n'essayaient pas de regarder en profondeur. Il n'y avait plus de différences entre eux qu'un simple style vestimentaire. Maintenant qu'Anil était de nouveau célibataire, il avait l'amère sensation qu'il n'irait vers aucune fille avant un moment. Il voulait baisser les bras, fatigué par tout ça. Il n'avait pas une liste de conquête impressionnante, mais c'était largement assez pour le fatiguer par avance. Il y avait des moments comme ça, où Anil se disait qu'il préférait ne plus rien faire. De ne pas être un gentleman et juste accepter toutes les jolies plantes qui voulaient quelques minutes avec lui. Malheureusement, il en était incapable. Il avait reçu une éducation digne de ses origines. Sa mère lui avait même parlé de mariage arrangé un jour, bien qu'il sût qu'elle plaisantait.

Le ballon dans les pieds, il était temps désormais. Le match allait pouvoir commencer. « - Aucune chance. » Et il offrit son plus beau sourire, convaincu qu'il arriverait peut-être à gagner. Oui, peut-être, parce que Maïtia n'était pas là pour décorer. C'était une vraie joueuse, avec un vrai potentiel. Elle avait un bon niveau et cela était davantage excitant pour Anil. Pour un vrai match, il fallait absolument les mettre en face à face. Parfois l'un gagnait, parfois l'autre. Ce n'était pas le plus important au final. Ce qui comptait réellement, c'était la force du jeu. La façon dont tout le monde se donnait à fond. C'était la seule façon de garantir de l'évolution dans le jeu. De l'évolution dans le niveau des adolescents présents. Plus un match était difficile à gagner, plus ils en apprenaient. Ce soir n'échappait pas à la règle. Ils étaient tous à cran, résolu à gagner. Le son avait montré alors que tout le monde hurlait de son côté. La balle allait d'un endroit à un autre à travers des passes précises et parfois ratées.

Tombant bêtement, Anil se relève sans trop de mal quand même. Par automatisme il se tourne vers la jeune Maï qui se moque déjà de lui. Il admet aussitôt avoir les os solides avant que le match ne reprend. Alors que Maïtia reprend le ballon, Anil ne baisse pas les bras. Il contre-attaque, avant de se ramasser sur elle.

Alors que le ballon file dans les pieds d'un des joueurs, Anil bloque. Il a le regard plongé dans celui de la jeune fille, les bras tendus pour éviter de l'écraser avec son poids. Il reste comme ça une bonne minute sans s'en rendre compte avant de se relever rapidement pour voir qui avait marqué. Alors qu'elle lui lance comme quoi il devrait faire un régime, Anil grogne. L'équipe de Maï avait marqué un but. Il se tourne ensuite vers elle pour l'aider à se relever. « - Elle va survivre, c'est bon. » Lance Anil en regardant son coude. Se nettoyant légèrement, Anil alla posa son tee-shirt dans un coin. Il but rapidement, avant de se placer. Le match allait reprendre. Tout le monde se met à courir, à essayer de prendre la bal avant que Jim ne rate bêtement sa passe, laissant à Anil l'occasion parfaite. Maïtia tente de la lui reprendre, mais avec une bonne passe l'équipe d'Anil marque un but. « - YAY ! » Il en profite pour prendre dans ses bras le marqueur avant de regarder son amie un peu plus loin.

Le match se poursuivit avec beaucoup de peine. C'était ultra serré et Maïtia tenta par deux fois de marquer sans succès. Au bout d'un moment, tout le monde fatigua, presque résolu à arrêter. Anil proposa encore 5 mins, regrettant par la suite son geste puisque la jeune fille marqua. « - Et merde ! » Il prit tout de même dans ses bras ses camarades gagnants, les félicitant avant que chacun de s'éloigner de son côté pour prendre ses affaires et rentrer. Remettant son tee-shirt, le jeune joueur chercha alors Maïtia du regard. Son sac sur le dos, il la trouva non loin. Pratiquement tout le monde était déjà partie ou presque.

« - Tiens. » Il tendit un pansement avant de se tourner vers les autres. « - Qui veut bouffer une pizza ?! »