IT'S A SMALL WORLD

Lorsque l’on perd un proche, on passe par plusieurs sentiment : le déni, le refus, la peur, la culpabilité, la dépression... l’acceptation. (one tree hill)

Comme un flash venu tout droit du passé… Tu clignais des yeux, une fois, deux fois pour être certaine que tu ne rêvais pas… Tout à coup, des souvenirs de cette soirée, ou plutôt « nuit », il y a cinq ans en arrière te revinrent en mémoire… La jeune femme en question avait changé mais tu étais certaine que c’était elle, elle qui avait tenté de t’embrasser… Elle que tu avais rejetée… Sauf qu’à cette époque, tu ne connaissais rien de ton attirance pour les femmes, tu ne t’en doutais pas le moins du monde… Tu te considérais comme étant cent pourcent hétérosexuelle… Ce qui n’était plus le cas aujourd’hui… Aujourd’hui, et depuis quelques semaines à peine, tu avais découvert le plaisir que tu pouvais prendre avec une femme… Une idée folle te vint alors en tête : et si l’offre de celle que tu avais rencontrée au Vietnam tenait toujours ? Ta journée avait été plutôt difficile… Disons que tu n’avais pas eu une seule seconde pour souffler… Tu étais sur les rotules et tu avais longtemps hésité entre l’envie de rentrer et d’aller hiberner pour plusieurs heures sous tes couvertures et celle d’aller boire un coup… Tu n’avais pas besoin de beaucoup de sommeil pour reprendre de l’énergie… Du moins, c’est ce que tu aimais à croire… Disons plutôt que la nuit et le sommeil n’étaient pas les périodes que tu préférais dans ta journée… En effet, tu savais que les cauchemars et les crises d’angoisse te rattrapaient souvent dans ces moments et tu détestais cela…  Tu avais donc rapidement fini par opter pour la deuxième option : faire un petit tour dans un bar… Boire un peu et pourquoi pas faire de nouvelles rencontres… Tu ne cessais d’enchaîner les relations d’un soir… Sans aucuns sentiments… Tu prenais bien sûr garde de mettre les choses au clair avant de faire quoi que ce soit, tu refusais l’idée que quelqu’un puisse s’attacher à toi et cela, depuis que tu avais vécu le tsunami, depuis que tu avais perdu l’ensemble de ta famille… Avant décembre 2004, tu étais une toute autre personne… Tu étais du genre romantique, fleur bleue, certaine que tu allais rencontrer le prince charmant, tout comme Amanda avec Adam… Certaine que suite à cela, tu allais fonder une grande famille… La catastrophe t’avait fait changer à tout jamais… Oubliés les rêves de petite fille… Tu t’étais rendue compte de la fragilité de la vie, rendue compte que la vie ne tenait qu’à un fil et tu refusais de t’attacher de nouveau à quiconque… Il t’était tout simplement insupportable de penser que tu pouvais encore perdre quelqu’un qui t’était cher… Tu étais certaine que tu n’aurais pu y survivre… De plus, tu refusais également que des gens s’attachent à toi…Tu refusais risquer de leur faire subir la même peine que celle que tu avais ressenti en perdant ton père, ta mère, ton frère et ta sœur… Tu te contentais donc de prendre un peu de plaisir charnel… Rien de plus…

Nostalgie quand tu nous tiens… Voir ce visage aux traits asiatiques faisait remonter tout un tas de souvenirs en toi… De bons souvenirs… Des souvenirs de ces six années entières passées au Vietnam… Tu avais vécu des moments vraiment très forts, intenses en émotions auprès de la population locale… Tu avais apprécié chacun des moments passé dans l’orphelinat, auprès des enfants dont la plupart étaient handicapés… Tu essayais de leur apporter un peu de soleil, un peu de joie et les voir sourire te faisait tout simplement vibrer de bonheur intérieurement comme extérieurement… Ça te faisait du bien… Tu avais vraiment l’impression d’apporter ta pierre à l’édifice et tu t’épanouissais chaque jour un peu plus… Tu avais l’impression de réellement t’accomplir… Même si ce n’était pas facile tous les jours… Même si souvent tu pestais intérieurement contre les sociétés occidentales et matérialistes… Même si voir la pauvreté dans laquelle vivaient certaines personnes te donnait les larmes aux yeux… Cependant, ces mêmes personnes étaient souvent celles qui te donnèrent les plus grandes leçons de vie… Ces personnes qui gardaient le sourire, ces personnes qui restaient dignes et accueillantes, généreuses… Tu en avais reçu des claques… Tu avais vraiment vécu de belles années au Vietnam… Des années qui resteront à jamais gravées dans ton cœur et dans ta mémoire…  Cette brune, tu ne t’attendais pas à la revoir un jour, certainement pas en Afrique du Sud… Comme quoi le monde était petit… Tu ne connaissais rien d’elle… A part son orientation sexuelle… Pourtant, vous ne vous étiez pas quittées en mauvais terme lors de votre première rencontre même si elle s’était clairement pris un « vent » avec toi… Etait-ce une bonne idée de l’aborder ce soir ? Se rappellerait-elle seulement de toi ? T’approchant du comptoir, en la gardant dans ton champ de vision, tu décidais de commencer par commander un verre… Tu avais besoin de réfléchir un petit moment avant de prendre ta décision… C’est une quinzaine de minutes plus tard, alors que ton sang s’était quelque peu emplit d’alcool que tu t’approchais de la table où était encore installée la vietnamienne… Tu ne sais pas ce qui te prit mais tu vins poser tes lèvres sur les siennes, espérant sans doute te faire pardonner du « vent » que tu lui avais fait subir cinq ans auparavant… Et puis l’alcool et la fatigue mélangés n’étaient peut-être pas du meilleur effet sur toi… Te reculant un peu, te demandant avec angoisse comment allait réagir la jeune femme, tu finis par prendre la parole, sur le ton de la rigolade : « Et bien dis-donc… On dirait bien que le monde est petit… »

   

IT'S A SMALL WORLD

Lorsque l’on perd un proche, on passe par plusieurs sentiment : le déni, le refus, la peur, la culpabilité, la dépression... l’acceptation. (one tree hill)

Le bar était peuplé ce soir-là… Toi qui était du genre à aimer avoir ta solitude, tu n’étais pas vraiment servie mais bon, tu avais l’habitude, tu savais te mettre dans ta bulle… Tu n’en gardais cependant pas mois ton sens de l’observation… Tu scrutais chaque personne, chaque visage, c’était dans ton habitude… Tu ne t’attendais cependant pas le moins du monde à croiser le visage de Nalani Keona… Ce nom et ce prénom t’étaient revenus comme un flash lorsque tu avais croisé les cheveux bruns de la jeune femme… Et avec eux des souvenirs de cinq ans auparavant. De ces années que tu avais passées au Vietnam. Les enfants de l’orphelinat te manquaient, bien plus que tu ne n’aurais pu l’imaginé… Tu entendais encore leurs rires, tu voyais encore leurs sourires, ces sourires qui étaient capables de te mettre du baume au cœur pour une journée entière… C’est sans aucun doute auprès d’eux, de ces enfants in désirés, rejetés, pour la plupart handicapés que tu as le plus appris… Tu aurais tellement voulu les amener tous avec toi mais ça t’était bien impossible… Il y eut même une époque où tu nourris le projet d’adopter l’un d’eux mais tu ne te sentais pas prête, pas prête à être mère, pas prête à risquer de faire vivre à quiconque ce que tu avais vécu en perdant brutalement tes parents…

Tu ne savais pas vraiment pourquoi tu avais embrassé Nalani, tu n’avais pas réfléchi… Peut-être fallait-il également que tu arrêtes d’y réfléchir trop, maintenant que c’était fait… Mais tu te sentais terriblement idiote… Te reculant de quelques mètres, tu scrutais la moindre expression de la brune, t’attendant à ce qu’elle te gifle, qu’elle parte ou quelque chose du genre… Ce genre de bourdes te semblaient bien trop familières en ce moment… Déjà que l’autre jour, tu avais embrassé Leïla et que cela avait quelque peu compliqué votre relation que tu aurais volontiers qualifiée d’amicale… Tu n’aimais pas voir que Leïla te fuyait comme la peste depuis ce jour-là… Peut-être bien devais-tu songer à arrêter de fréquenter les bars ? Ou bien peut-être devais-tu plutôt arrêter l’alcool ? Tu faisais bien souvent des choses que tu regrettais ensuite sous l’emprise de l’alcool… Et cela, même si tu restais totalement consciente de tes actes. Tu avais pris l’habitude de l’alcool, depuis le tsunami… Avant cela, tu n’en supportais pas le goût… Mais c’était devenu un peu une consolation, une manière d’oublier un peu… Et puis c’était bien plus facile de se laisser aller avec quelques grammes d’alcool dans le sang, toi qui avais pris l’habitude d’enchaîner les relations charnelles… En réalité, il était tout simplement impensable pour toi de t’attacher un jour à quelqu’un… Ou plutôt que quelqu’un s’attache à toi… Et cela était de même pour les relations amicales… Tu avais toujours cette crainte dans l’esprit, cette crainte liée à cette question existentielle de la finitude de l’être humain… Tu ne voulais que ta perte fasse subir un chagrin trop grand à quiconque… Il était donc peut être plus facile que tu construises certaines barrières, que les gens n’apprennent rien de ton jardin secret et que tu fasses en sorte qu’ils ne s’attachent pas trop à toi… Hors c’était parfois bien plus facile à dire théoriquement qu’à faire dans la pratique… Tu ne parvenais parfois pas à aller contre ta nature profonde, cette nature d’ouverture envers l’autre. Tu n’arrivais pas à te montrer froide, même avec toute la volonté du monde.

Entendant des cris d’hommes, tu tournais le regard vers ceux qui en étaient à l’origine et tu devinais que sans doute Nalani était venue accompagnée… Tu ne pus t’empêcher de rougir quelque peu… Tu avais simplement l’impression de venir de te donner en spectacle, de t’être foutue la honte… Pour quoi allais-tu passer ? Cependant, Nalani ne semble pas trop d’en vouloir et c’est bien le principal pour toi… Replongeant tes yeux dans les siens, tu compris qu’elle te disait que la chaise à ses côtés était libre… Tu ne pus t’empêcher de la questionner : « Tu es sûre que je… ne te dérange pas ? Tu es peut-être venue avec des amis qui aimeraient que tu les rejoignes ? Mais peut-être pourrais-je t’offrir quelque chose à boire avant ? » Laissant passer un petit instant de silence, tu repris quelques secondes plus tard : « Je suis désolée pour la manière dont je t’ai… abordée. Disons qu’il m’arrive d’être impulsive… Et non, tu ne dois pas prendre cela comme une insulte… Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, n’est-ce pas ce qu’on dit ? Disons qu’en cinq ans, j’ai eu le temps de découvrir des choses que je ne me serais jamais doutée pouvoir apprécier… » Tu poursuivis sur un thème bien plus général, quelque peu gênée de parler de ce sujet : « Alors comment vas-tu ? Qu’est ce qui t’as amenée à Johannesburg ? » Tu étais bien décidée à en apprendre un peu plus sur cette mystérieuse Nalani, car pour toi elle était bien « mystérieuse »… En effet, à part son nom, son prénom, et son apparente orientation sexuelle, tu ne connaissais absolument rien d’elle…