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 Les amis et les amants mentent sans cesse ▬ feat Levi

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MessageSujet: Les amis et les amants mentent sans cesse ▬ feat Levi    Les amis et les amants mentent sans cesse ▬ feat Levi  EmptyLun 22 Juin - 17:55

les amis et les amants mentent sans cesse, pris au piège dans la toile du devoir.
“Sa philosophie de la vie c’était qu’elle pouvait mourir à tout moment. Ce qu’il y avait de tragique selon elle c’est qu’elle ne mourrait pas. ”




Les victimes. Voici quelque chose que le sens commun de la population avait tendance à éluder. On écrivait sur des tueurs en séries, des meurtriers passionnels, des hystériques, mais parler de la pauvre bonne femme aimante et droite qui se faisait enlever, torturer et dépecer on s’en fichait pas mal. Les histoires de victimes ça ne faisaient pas vendre, elle l’avait remarqué dès le début, les gars d’ici se fichaient bien de savoir l’identité de la pauvre prostitué qu’on avait dépouillée du peu de dignité qui lui restait. Si Nea se sentait terriblement touchée par le sort des victimes, par leur identité et leur histoire respective, elle ne le montrait que rarement. Les temps étaient déjà assez compliqués pour une femme de son gabarit dans un milieu où la testostérone pouvait vous donner la nausée. Oui. Nea savait où agir et quand l’ouvrir, l’indifférence était sa plus grande force, ou dirait-elle plutôt la feinte de ses sentiments. C’était la loi du plus fort et la crevette qu’elle était pouvait s’estimer chanceuse d’en être là où elle en était.

La cigarette qui se consumait entre ses doigts lui rappelait violemment ce qu’était sa vie ces derniers temps. Elle qui s’était toujours tenue à distance des sentiments un peu trop encombrant venait d’apprendre que l’homme qu’elle regardait avec des yeux pétillants d’admirations n’était pas celui qu’elle croyait connaître. Qu’il n’avait jamais vécu un amour infaillible en compagnie de sa mère qu’après tout c’était une étape logique dans chaque mariage. Le mariage elle y avait cru sans en avoir ressenti le désir, là, depuis quelques jours elle crachait sur ce dernier, sur l’amour, sur tout ce qui pouvait l’entourer. Elle était lassée d’être toujours celle qui ressemblait à la victime et les autres étaient les tueurs. Tout en jetant avec une certaine colère sa cigarette qu’elle écrasa avec lassitude, l’africaine glissa ses ongles peints de noir dans sa toison sauvage qui tenait difficilement dans l’élastique blanc. Elle soupira longuement, secouant son visage tiré aux traits tirés puis, frottant son dos douloureux elle se glissa de nouveau à l’intérieur du commissariat.

Chaque jour dans cet endroit suivait un rythme qu’elle avait elle-même établie. Elle ne pipait pas un mot sans avoir son café noir du matin, elle ne posait pas un seul regard sur ses collègues évitant les petits nouveaux qui la tyrannisaient de questions ridicules. Et elle laissait tomber son corps entretenu par des heures d’entrainements intensifs sur sa chaise à roulette bon marché. Elle laissait tomber son menton dans le creux de ses bras en attendant ses dossiers ou la parole de l’évangile. Habituellement, Levi était celui qui réussissait à la sortir de sa léthargie aux idées sombres, habituellement il se tenait devant elle avec un large sourire qui se cachait sous une barbe sauvage en tenant deux grands café dans le creux de ses mains. Et pendant de longues minutes ils parlaient tous les deux de tout et de rien, de la difficulté d’une affaire, chacun avait sa spécialité. Nea excellait lorsqu’elle était en contact avec les prostituées, elle mettait souvent ce talent sur son statut de femme qui rassurait particulièrement les filles qui s’étaient perdues en chemin. En réalité, elle était tout simplement assez détachée pour ne pas se sentir proche d’elles et assez concernée pour comprendre la débauche de sa ville natale. Levi était un excellent  enquêteur en matière de drogue, il avait toujours eu le bon flaire, le bon comportement, il était bon. A eux deux, ils se complétaient parfaitement. Ils étaient liés depuis l’enfance par une sorte de fil rouge invisible qui formait un continuum assez spécifique et assez rassurant.

Aujourd’hui, par cette chaleur étouffante de juin, il ne restait de ce fil que des morceaux fissurés liés à une nuit où ils avaient partagés un lit et certainement l’un des plus beaux moments aux yeux de Nea depuis le départ de Timothy. Rien n’était simple, elle était son amie d’enfance, celle qui travaillait à ses côtés et il était en quelque sorte son radeau au milieu d’une tempête maritime depuis qu’elle avait appris que son demi-frère vivait près d’ici. Levi était marié et elle n’aurait su dire si elle souhaitait voir ce mariage virer en éclat afin d’être celle qu’il choisirait tout en étant certaine de ne pas être la femme qui pourrait le combler. Une partie d’elle-même se noyait sous la culpabilité, une autre sous le manque des vieilles boutades de flics qu’ils se lançaient sans arrière-pensée. Dans un élan de désespoir elle soupira, enfouissant son visage dans le creux de ses bras un peu plus profondément. L’inspectrice eut quelque peu de mal à sentir le dossier en carton que son supérieur lui jetait sur le haut de son crâne. « Siaka ! On ne roupille pas de beau matin… » Lui lançait-il en l’observait sévèrement, néanmoins la jeune femme pouvait apercevoir au fond de ses pupilles l’air paternel et protecteur qu’il prenait depuis qu’elle était arrivée ici. Repoussant son corps en arrière, elle grommela quelques jurons avant de prendre le dossier dans le creux de ses mains. « Ta prostituée elle a tout déballée hier soir, le nom du dealer, sa localisation, il est mac à ses heures perdues, je crois que ton discours féministe a réussi à la percuter dans le mille. Bon, vas chercher Levi tu feras la descente avec lui. » Jusqu’ici et sans avoir pu nourrir son organisme de caféine elle avait du mal à suivre le mouvement, le débit de parole de son supérieur lui faisait l’effet d’une vieille chanson détestable qu’elle serait forcée d’écouter en boucle. Une punition. Pire encore un châtiment lorsqu’elle comprit qu’elle serait en binôme dès huit heure du matin avec l’homme qui tourmentait son âme. Elle n’eut le temps de réagir que déjà le supérieur venait de disparaitre.

D’un mouvement presque robotisé, elle se leva, s’arrêtant un instant près de la machine à café où elle prit deux grands cafés. Glissant le dossier sous son bras, elle évita la jeune secrétaire toujours avare de ragots, Nea la soupçonnait d’être trop idiote pour comprendre qu’elle n’avait jamais pu l’encaisser dans le paysage. Lorsqu’elle s’était retrouvée devant le bureau de Levi, elle sentait son cœur s’emballer. Il dormait, il avait certainement passé la nuit ici, une sale habitude qu’il avait prise et qui hérissait le poil de son épouse. Nea pris une grande inspiration, poussant la porte du bureau d’une épaule, silencieuse, elle déposa le café sur le bureau le plus silencieusement possible. Farouchement, elle se laissa tomber sur la chaise, observant son collègue avec une certaine tendresse. Il dormait aussi paisiblement que l’aurait fait un nouveau-né après avoir bu son dernier biberon. D’une certaine façon elle trouvait cela terriblement touchant, tout aussi bien qu’elle se trouvait absolument ridicule.  

L’africaine croisa ses bras sous sa poitrine voluptueuse, son pied se posa sur la table et lentement, centimètre après centimètre la semelle de sa chaussure se posa sur la joue du flic qui roucoulait en rêvant certainement d’une île déserter pleine de nymphes. Elle racla sa gorge, faisant un peu plus appuie sur la joue de l’homme. En réalité, tout paraissait normal, d’extérieur si elle n’avait pas à contenir son envie de l’enlacer contre elle. « Putain Levi tu vas te réveiller oui ou merde ? » Grognait-elle en le poussant un peu plus fort, elle détourna son regard sur les vas-et-viens extérieures, sur quelques regards curieux qui l’observaient furtivement. « Ça va princesse je te dérange pas ? Hum ? Le boss veut qu’on aille faire une descente… » Murmurait-elle, l’air contrariée sur son visage qui cachait une profonde gêne, une profonde douleur qu’elle niait de tout son cœur.  Sans poser un regard sur son binôme du jour, elle jeta le dossier sur le bureau et attrapa son café. Elle trempa ses lèvres pulpeuses sur le liquide brûlant et se délecta de ce café qu’elle attendait depuis l’aube. « T’es prêt ou tu veux peut-être que je te brosse les dents ? » Ironisait-elle, l’air toujours aussi contrariée sur son visage rond et enfantin, tout en savourant le liquide noir elle se demandait pourquoi est-ce qu’il lui était aussi insoutenable que de poser son regard sur l’homme qui la connaissait mieux que personne. Pourquoi étaient-ce les soupires de cette nuit d’ivresse qui hantait ses rêves plutôt que leurs nombreux moments de rigolades innocentes. Elle se demandait bien ce qui lui arrivait. Oui. Elle se demandait.



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MessageSujet: Re: Les amis et les amants mentent sans cesse ▬ feat Levi    Les amis et les amants mentent sans cesse ▬ feat Levi  EmptyMer 24 Juin - 16:21

Got a tattoo and the pain's alright, just want a way of keeping you inside.
All I know Is that I'm lost in your fire below. All I know is that I love you so, so much that it hurts.

Je plaquais mes mains sur mon visage fatigué avant de boire une gorgée de mon énième tasse de café. Je fermais les yeux un instant sentant le liquide réchauffer lentement mon corps. Un long soupir traversait mes lèvres alors que je me rendais compte que j'étais à présent seul dans le commissariat. Ce n'était pas étonnant à cette heure, peu de gens restaient toute la nuit sur un dossier comme je le faisais. Lorsque j'étais sur une affaire, je ne lâchais pas tant qu'elle n'était pas résolue. Fouiner, c'était mon point fort, ma passion. Les feuilles qui constituaient le dossier glissaient dans mes mains, mon regard parcourant les lignes encore et encore, comme si quelque chose m'avait échappé dans mes premières lectures. Je jetais le stylo que je tenais entre les doigts avant de m'étirer longuement. Sans le faire exprès, mon regard se posait sur l'écran de mon ordinateur qui affichait qu'il était plus de deux heures du matin. Le métier de flic demande de l'acharnement, une certaine addiction à la caféine et un besoin de sommeil minime. Tout cela en étant, à tout moment, prêt à courser un criminel. Je me levais lentement en prenant soin d'éteindre l'ordinateur et de terminer ma tasse de café. Ma femme n'allait pas aimer que je passe encore une fois la nuit au poste, mais je n'avais pas la force de rentrer. Je me laissais tomber sur le canapé dans un coin de mon bureau et une fois installé sur ce dernier, je ne tardais pas à m'endormir.

Un grognement traversait mes lèvres lorsque je sentais quelque chose s'appuyer contre ma joue. Je me réinstallais correctement croisant les bras contre mon torse. La pression sur ma joue se fit plus forte alors que je fronçais les sourcils ne sachant pas s'il s'agissait d'un rêve ou de la réalité. La fatigue embrouillait mon esprit, puis je compris que je ne rêvais pas lorsqu'une voix que je connaissais mieux que personne parvint à mes oreilles. « Putain Levi tu vas te réveiller oui ou merde ? » J'ouvrais rapidement les yeux en redressant légèrement ma tête. Nos regards se croisaient le temps de quelques secondes. La lumière agressait mes yeux pendant que j’essayais de retrouver mes esprits. D'un geste rapide, je passai une main lasse sur mon visage comme pour m'aider à me réveiller. Je me redressais et m'asseyais au bord du canapé avant de prendre mon visage entre mes mains. « Merci pour le réveil en douceur. Je n'en attendais pas moins venant de toi.. » grognais-je entre mes doigts. Un sourire étirant mes lèvres, je relevai la tête vers elle. Je plongeai à nouveau mon regard dans le sien. Je me perdais dans son regard si vert, si particulier. Mon regard glissait sur les traits fins de son visage et je ne pus m'empêcher de sourire en le faisant. « Ça va princesse je te dérange pas ? Hum ? Le boss veut qu’on aille faire une descente… » Mon sourire disparaissait alors que j'affichais un air faussement offusqué, puis je hochais la tête pour lui faire comprendre que j'avais saisi ce qu'elle disait quant à la descente. « Ta prostituée a parlé alors ? » demandais-je en jetant des coups d’œil furtifs dans le poste de police à travers les vitres qui entouraient mon bureau. Je me levai, non sans difficulté, et ouvrais le premier tiroir de mon bureau. Je m'emparais de mon arme de service et de mes menottes que j'accrochais à ma taille. Un sourire faisait son apparition au coin de mes lèvres lorsque j'apercevais un café posé sur mon bureau. Sans attendre une seconde, j'attrapais le gobelet et en buvais une gorgée. Je regardais à nouveau Nea et la remerciais du regard pour cette petite attention qui était loin de faire partie des habitudes de la métisse. « T’es prêt ou tu veux peut-être que je te brosse les dents ? » Amusé, je levais les yeux au ciel ne prenant pas la peine de répondre à la jeune femme. J'attrapais la veste posée sur le dossier de ma chaise et avant de sortir de mon bureau, je soufflais quelques mots à l'oreille de Nea. « Ne m'appelle plus jamais princesse. »

Je poussais la porte de mon bureau, mon café à la main. D'un geste bref de la tête, je saluais la jeune secrétaire comme à mon habitude. Nea, elle, ne posait même pas son regard sur elle. Je connaissais Nea depuis l'enfance, nous étions né ici tous les deux et nous avions grandi dans le même quartier. Elle avait toujours eu ce caractère de fer, jamais elle ne s'était laissé marcher sur les pieds, surtout pas avec les hommes. Je la respectais pour ça. Les choses n'étaient pas simples pour les femmes dans les parages et encore moins lorsqu'elle a choisi de faire partie de la police, un milieu rempli de testostérones. Elle n'avait besoin de personne, elle se débrouillait seule. Un sentiment étrange m'envahissait lorsque je repensais à la nuit que nous avions passée ensemble. Ce n'était pas une nuit sans signification à mes yeux, bien au contraire, cela faisait des années que je me senti irrémédiablement attiré par elle, comme si nous étions attirés l'un par l'autre sans pouvoir faire quoi que ce soit pour l'empêcher. Nous avions céder, mais à quel prix ? Notre relation ne serait plus jamais la même, même si à cet instant même, nous faisions comme si de rien n'était et que tout semblait être dans l'ordre, rien n'était à sa place dans ma tête. Je ne savais pas quoi penser, quoi faire. Cette nuit m'avait ouvert les yeux pendant quelques temps. Nea m'était apparue comme une délivrance, une bouffée d'air frais au milieu de mon mariage complètement chaotique et désastreux. Mais ce nouveau souffle aura été de courte durée. Lorsque enfin je me laissais aller à accepter mes sentiments pour Nea, au moment où je commençais à accepter l'échec qu'était mon mariage, l'impossible arriva. Malia me déclara être enceinte alors que nous essayions désespérément d'avoir un enfant depuis des années. Je me sentais mal de laisser Nea, ce changement de situation me laissait perplexe, me laissait un goût amer dans la bouche. J'étais heureux qu'on fonde enfin une famille, mais je me demandais si c'était réellement la solution pour reconstruire notre couple. Peut-être que cet enfant allait encore plus nous éloignés l'un de l'autre. Je ne savais pas quoi faire, alors j'attendais que les choses se passent, j'attendais que quelque chose arrive et me guide dans mes décisions. Pour le moment, j'avais choisi Malia comme à chaque fois depuis longtemps, je choisissais de ne pas la laisser tomber malgré tout ce que nous avions traversé. J'avais toujours cet espoir que les choses aillent mieux entre nous, que cela ne soit qu'une mauvaise passe. Mais cette mauvaise passe durait depuis longtemps à présent... Je me tournais vers elle, le regard plein de regrets. « Tu conduis ? » lui demandais-je en lui tendant les clés de la voiture.
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MessageSujet: Re: Les amis et les amants mentent sans cesse ▬ feat Levi    Les amis et les amants mentent sans cesse ▬ feat Levi  EmptyMer 24 Juin - 22:31

les amis et les amants mentent sans cesse, pris au piège dans la toile du devoir.
“Sa philosophie de la vie c’était qu’elle pouvait mourir à tout moment. Ce qu’il y avait de tragique selon elle c’est qu’elle ne mourrait pas. ”



Ils n’en avaient pas reparlé. De cette nuit où ils s’étaient laissés emportés tous les deux, dans la petite chambre que Nea partageait avec son petit chat aux iris semblables aux siennes. Non. Nea n’arrivait pas encore à mettre des mots sur ce qu’elle ressentait, sur ce qu’elle attendait d’elle-même ou de Levi. A dire vrai, l’observant qui dormait, lorsque le grognement dérangé du flic fit battre son cœur d’un battement quasiment douloureux, elle savait qu’une partie d’elle le désirait. Une autre en revanche était comblée de regrets profonds et douloureux. Levi était le seul homme qu’elle considérait comme un égal, qu’elle ne jugeait pas, qui l’intéressait, tout de lui semblait être quelque chose de précieux. Elle avait déjà ressenti cela, avec Timothy qui était partit. Laissant derrière lui, une gamine profondément seule et incapable d’avouer ce qu’elle ressentait de peur de perdre, de dévoiler qu’elle n’était pas aussi insensible qu’elle le laissait entendre. Levi le savait. Jamais elle ne s’était dit qu’il profitait d’elle, jamais. Après tout, il était aussi écorché qu’elle l’était, cette nuit elle l’avait cherché, elle l’avait désiré et elle ne lui en portait pas rigueur, même si dans un coin de sa tête elle savait qu’elle serait la laissée pour compte. Malia était l’officielle, cette femme charmante qui était faite pour la vie de couple, Nea n’avait jamais eu la prétention de faire le poids face à une telle femme. Et pourtant, savoir cela, ne changeait rien au fait que c’était toujours douloureux de voir cette relation glissée dans les abymes, dans des gestes et des paroles qui sonnaient faux sur toute la ligne.

Ses pensées furent chassées par son collègue, la voix encore endolorie par la fatigue, une voix rauque qu’elle appréciait particulièrement. Lui rappelant le matin qui avait suivi cette nuit, la façon dont elle s’était blottie en croyant que tout était possible. « Merci pour le réveil en douceur. Je n'en attendais pas moins venant de toi. » L’africaine souriait en coin, tel l’enfant cynique qu’elle avait été depuis sa naissance, ou depuis la mort de sa sœur, elle pencha son visage sur le côté. Prenant un air faussement innocent jusqu’au bout des ongles, à l’image des princesses un peu niaises qu’elle n’aimait pas. « Allons, allons délicatesse était mon second prénom, dans une autre vie. » Lâchait-elle d’une voix trop fluette, une mince imitation de petite fille innocente et nourrie à coup de télé-réalité. Elle haussa les épaules, détournant son regard de l’homme troublant qu’était Levi, qui lui semblait décidé à lire en elle de son regard foudroyant, elle se sentait défaillir, suffoquer. Tout dans cette scène n’était qu’une farce, une véritable mascarade qui n’était mise en place que pour retarder l’échéance où ils se déchireraient. Elle murmura quelques mots sur la descente qu’ils devaient faire tous les deux. Ce qui ne tardait pas à interpeller le flic rodé qu’était Levi. « Ta prostituée a parlé alors ? » Le regard toujours posé sur les flics qui semblaient aller et venir sans jamais prêter attention à ce qu’il se passait dans ce bureau aux vitres transparentes. Ce détachement qu’elle s’efforçait de maintenir dans cet endroit ne cessait de se fissurer petit-à-petit. La jeune détective haussa les épaules, jouant sur le dessus de son gobelet en carton avec le bout de ses ongles, nerveusement. « Ouep ! Tu sais que je sais brosser les putes dans le sens du poil. Sans mauvais jeu de mots. » Ironisait-elle tout en tripotant le gobelet nerveusement. Pendant une fraction de seconde, elle ressentit le regard de la secrétaire qui semblait la dévisager, se croyait-elle à l’abri derrière son bureau ? Nea se le demandait bien.

Dans un mouvement lent et lourd, elle se redressa observant vaguement le dos de son coéquipier, se remémorant les tatouages qui décoraient sa peau bien plus pâle que la sienne et pourtant bien plus séduisante à ses yeux. Elle chassait ces pensées absurdes d’un geste négatif du visage. Elle se trouvait foutrement idiote, encore une fois, une petite voix lui rappelait dans un murmure diabolique qu’elle n’avait pas le droit. Plissant ses paupières en faisant suffoquer un soupire agacé, elle fut surprise de sentir la chaleur du souffle de Levi qui se cognait comme le ferait une vague contre une falaise. Un haut le cœur s’accompagnait d’une vague de picotements électromagnétiques qui s’écoulaient à l’intérieur de ses veines brûlantes. « Ne m'appelle plus jamais princesse.» Et cette voix fit s’écraser son muscle cardiaque contre le sol, juste sous ses yeux. Ses paupières lourdes et tremblotantes s’étaient closes plusieurs fois. Elle l’observait, silencieuse, un air faussement outré tiré ses traits fins. La flic mordilla le bout de sa lèvre, frôlant l’épaule de cet ami compliqué, de nouveau une secousse l’englobait de part en part. « Je le ferais si je le veux, je risque quoi après tout. » Avait-elle rétorqué en grommelant presque, mâchant ses mots maladroitement, la voix tremblante. Ignorant la jeune secrétaire la métisse suivi le pas de Levi.

Ensemble et côte à côte, ils traversèrent les locaux bruyants du commissariat. A ses côtés, elle se sentait invincible tout en se sentant idiote comme l’une de ces prostitués qui avaient cru au prince charmant et qui s’étaient fait bouffer toute crue par la vie. Du coin de l’œil, il toisant le visage fatigué du policier. Elle se demandait bien ce qui l’empêchait de dormir correctement, pendant un instant elle se demandait même si ses vieux démons avec la drogue étaient revenus le hanter. Cette pensée lui fit peur, bien plus peur que tout. L’africaine remarquait qu’il semblait plongé dans une profonde réflexion et pour Nea qui le connaissait depuis sa plus tendre enfance, cela ne présageait rien de bon. Il s’arrêta, face à sa voiture, elle suivait le pas, le toisant en levant le regard. Sa silhouette et immense semblait vouloir dévorer l’africaine. « Tu conduis ? » Sous les yeux verts de la jeune africaine trônaient les clés de sa voiture. Elle les attrapa lâchant un simple « Ok, je voudrais pas que tu nous enfonce dans un arbre.  » Elle essayait de tenir le cap. De ne rien laisser transparaitre, de ne pas l’embêter avec des questions qui la feraient chier elle-même si on les lui posait.

Alors, sa réponse s’était suivie d’un sourire pincé, détournant l’homme, elle plongea son corps à l’intérieur de la voiture. Son arme rentrait à l’intérieur de ses reins, elle gigota un instant avant de mettre le contact et de prendre la route. La climatisation asséchait ses pupilles, la radio braillait un tissu de connerie comme d’habitude. Nea se lança à une vitesse correcte, elle n’aimait pas particulièrement conduire ici, les gens étaient trop imprévisible et elle bien trop impulsive. La dernière fois qu’un homme l’avait insulté, elle lui avait ouvert l’arcade et avait été mise à pied pendant quelques jours. La mise à pied était pour la jeune détective une sorte de punition ultime. Cette pensée l’a fit sourire sincèrement. Elle tira un paquet de cigarette déjà bien entamé de sa poche et tira l’une d’elle qu’elle coinça entre ses dents. « T’en veux ? » Demandait-elle tout en toisant la route, à l’intérieure de sa main droite trônait le paquet de cigarette rouge et blanc qu’elle tendait ouvert en direction de son amant. L’air se compactait à l’intérieur de sa poitrine, lorsqu’elle freina face à un feu rouge, allumant par la même occasion sa cigarette. Son visage se tourna en direction de celui de Levi. Les mots, les phrases, les monologues se livraient duels à l’intérieur de sa tête. « Levi ? » Murmurait-elle, déposant le briquet sur sa cuisse puis reposant sa main sur le levier de vitesse. Elle détourna son regard sur la route. L’éviter, lui évitait à elle-même de paniquer, de perdre le contrôle. « Tu vas pas bien ? Je veux dire je te connais assez pour savoir qu’un truc te tracasse…si c’est ce qui s’est passé tu ne me dois rien, si c’est autre chose dis-moi parce que je ne suis pas le genre de personne à attendre sagement. Je veux dire, j’ai pas envie de te retrouver dans un état pathétique comme à l’époque…  » Par l’époque, elle voulait dire celle où le flic avait eu des soucis avec les substances illicites, cette époque où elle l’avait aidé du mieux qu’elle le pouvait en le couvrant vis-à-vis de ses supérieurs. Parce que Nea savait mieux que personne que Levi ne pourrait jamais survivre sans son travail. Elle avait pris ce risque pour lui. Et uniquement pour lui. « Qu’est-ce qu’il y a ?  » Demandait-elle tout en reprenant la route, le regard rivé devant elle, ils n’étaient plus très loin de la planque du jeune dealer.

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MessageSujet: Re: Les amis et les amants mentent sans cesse ▬ feat Levi    Les amis et les amants mentent sans cesse ▬ feat Levi  EmptyVen 26 Juin - 17:40

Got a tattoo and the pain's alright, just want a way of keeping you inside.
All I know Is that I'm lost in your fire below. All I know is that I love you so, so much that it hurts.

Lorsque mon regard plongeait dans le sien d'un vert que je pourrais admirer pendant des heures sans m'en lasser, ma respiration s'accélérer et je sentais même mon cœur louper un battement. Je me souvenais alors de la nuit que nous avions partagé comme si c'était l'ordre inévitable des choses, que cela devait arriver après toutes ces années à lutter contre cette attirance physique qui nous liée l'un à l'autre. Je sentais encore son souffle s'écraser contre ma peau tatouée, ses mains glissaient sur mon dos. L'air était chaud presque étouffant dans la petite chambre où nous étions. Je me rappelais avoir lutter contre le sommeil pour profiter encore quelques secondes de cet instant. Des frissons traversaient mon échine lorsque je repensais à la sensation de son corps contre le mien, de ses lèvres dans mon cou. Je repassais une main lasse sur mon visage en tentant de chasser toutes ces pensées qui s’avéraient être aussi agréables que douloureuses. Nous n'avions jamais évoqué ce moment et tout ce qui se passait entre nous depuis sonnait faux, nous faisions comme si de rien n'était. Si nous en parlions, des explications devraient avoir lieu et je ne voulais pas lui dire que si j'agissais comme le plus sombre des connards comme si rien ne s'était passé, c'était parce que Malia était enceinte. Je ne voulais pas lui faire mal en lui disant que j'avais décidé de rester avec celle qui sera la mère de mon enfant. Ce que je craignais le plus dans tout ça, c'était qu'elle pense que je l'avais utilisé, et qu'au final, je la laissais pour rester avec Malia. Je grattais nerveusement ma nuque tout en baissant les yeux. Savoir que Malia portait mon enfant me remplissait de joie, mais ce que cela impliquait concernant Nea me laissait un goût amer en bouche. Je n'aimais pas le rôle que la situation me faisait endosser.

Lentement, je me réveillai remerciant au passage Nea pour sa délicatesse. « Allons, allons délicatesse était mon second prénom, dans une autre vie. » Je secouais la tête en affichant un léger sourire. Aux premiers abords, elle pouvait paraître froide et distante, mais elle pouvait également se montrer douce et compréhensive. « Bien sûr. » soufflais-je alors qu'elle détournait son regard. Cette scène, cette discussions sonnait tellement fax à mes oreilles. On faisait comme si de rien n'était, comme s'il ne s'était jamais rien passé entre nous. Elle me tirait de mes pensées lorsqu'elle me disait que le patron voulait qu'on aille faire une descente. Je hochais la tête positivement ne notant pas sur le moment qu'elle m'avait appelé princesse. Je fronçais légèrement les sourcils en me levant. Je lui demandais alors si sa prostituée avait parlé. Si nous avions une descente à faire, cette dernière avait du donner des informations supplémentaires.  « Ouep ! Tu sais que je sais brosser les putes dans le sens du poil. Sans mauvais jeu de mots. » Je riais franchement avant de me diriger vers mon bureau. Nea était celle qui interrogeait les prostituées en général, elle était une comédienne hors norme qui savait se mettre à leur place, leur dire qu'elle les comprenait et qu'elle pouvait les aider. L'interrogatoire impliquait de jouer un rôle, de se mettre dans la peau de la victime pour trouver ses points faibles, pour pouvoir la faire craquer. J'avais tendance à ressentir de la pitié pour certaines personnes qu'on interrogeait, alors que Nea garder les pieds sur terre et la tête froide. Je jouais souvent le rôle du gentil flic comme on dit. Sans attendre plus longtemps, je me tournai pour m'emparer du gobelet de café que Nea avait posé sur mon bureau. Puis lentement, je me dirigeais vers elle sans la lâcher du regard. Je lui soufflais à l'oreille de ne plus jamais m'appeler princesse tout en prenant le temps de humer son parfum. Ma respiration se coupa lorsque sa main effleura mon épaule. J'eus envie de retenir sa main, mais je n'en fis rien. « Je le ferais si je le veux, je risque quoi après tout. » Je haussais les sourcils ne portant plus la moindre attention à la secrétaire. Elle semblait déstabilisée du moins le temps de quelques secondes. Une sensation étrange m'envahissait alors que je me disais que peu de choses mettait la métisse dans cet état. « Je pourrais te surprendre. » Je me giflais intérieurement pour lui avoir répondu ça. On jouait avec des sous-entendus comme des adolescents le feraient.

Nous traversions le poste de police, cela me rappelait lorsque nous étions enfants et que nous marchions dans les rues de Johannesburg. Nous avions quelques années de différence, neuf au total, j'avais toujours considéré Nea comme ma petite sœur jusqu'à ce qu'elle devienne cette jeune femme au regard hypnotisant et que mes sentiments pour elle ne changent. A cause de cette différence d'âge, je m'étais longtemps interdit de ressentir quoi que ce soit pour elle, excepté de l'amitié. Puis nous avions grandit et la différence d'âge avait échappé à mon esprit. Peu importe qu'elle soit plus jeune que moi, j'étais prêt à tout pour qu'elle me regarde, pour être au près d'elle. Elle avait toujours été plus mature que son âge, j'en oubliais parfois qu'elle était si jeune. Je tentais de faire fuir toutes ces pensées qui se bousculaient dans ma tête et proposais à Nea de conduire. Elle fit une blague sur ma façon de conduire, du moins c'est ce que je croyais, je m'étais empressé de monter dans la voiture. Je pensais trop, il fallait que ça cesse. La descente me changerait les idées, occuperait mon esprit pour un moment. Je parviendrais peut-être à sortir les deux femmes de mon subconscient en me concentrant sur notre mission. Je m'installais correctement dans le siège avant d'attacher ma ceinture. Je m'accoudais à la portière, le regard posé sur les paysages qui défilaient de l'autre côté de la vitre. Ces maisons, ces gens, je les regardais sans vraiment les voir. « T’en veux ? » Je sursautai presque en entendant sa voix. Je haussais les épaules en attrapant une des cigarettes qu'elle me proposait. Je la plaçais entre mes lèvres alors que mon regard se posait sur le feu rouge. Puis tournant la tête, j'observai la métisse allumer sa cigarette. Puis, sans m'en rendre compte, perdu dans mes pensées, je gardai mon regard posé sur elle. « Levi ? » Sa voix me sortit à nouveau de mes pensées. Je détournai alors le regard pensant qu'elle l'avait senti posé sur elle avec insistance. « Hum ? » fis-je innocemment en suivant du regard son briquet qu'elle posa sur sa cuisse. Alors qu'elle redémarrait, j'attrapais le briquet en question du bout des doigts en prenant soin de ne pas la regarder. La tension qui régnait dans la boîte métallique était palpable, j'avais l'impression d'étouffer. D'un geste rapide, j'allumai ma cigarette avant de lancer le briquet sur le tableau de bord. Je prenais une grande inspiration avant de reporter mon regard sur la route en face de nous.

« Tu vas pas bien ? Je veux dire je te connais assez pour savoir qu’un truc te tracasse…si c’est ce qui s’est passé tu ne me dois rien, si c’est autre chose dis-moi parce que je ne suis pas le genre de personne à attendre sagement. Je veux dire, j’ai pas envie de te retrouver dans un état pathétique comme à l’époque… » Mes sourcils se fronçaient alors que je me tournais lentement vers elle. C'était la première fois qu'elle évoquait la nuit qu'ils avaient partagée. Nea me connaissait mieux que personne, parfois même je pensais qu'elle me connaissait et me comprenait mieux que ma propre femme. Je déglutissais avec difficulté en détournant les yeux. Je ne supportais pas qu'on parle de la période difficile que j'ai traversé avec la drogue. Pendant, j'avais été sous couverture dans un réseau de trafiquants de drogues important de Soweto. Je me débrouillais tellement bien, on m'avait utilisé pendant un an pour démanteler plusieurs réseaux. Se faire passer pour un camé pendant douze mois sans devenir dépendant de cette merde s'était avéré difficile. Je m'étais laisser aller. De plus, ces événements suivaient la grossesse nerveuse de Malia, il n'en fallait pas beaucoup pour que je tombe dans ce cercle vicieux. Nea m'avait épaulé pendant cette période, me sauvant les miches à plusieurs reprises face à nos supérieurs. Il m'était arrivé de voler des sachets lors de perquisitions, j'avais touché le fond. C'était pour cette raison que je n'aimais pas que l'on en parle. Cela me rappelait que j'avais été faible, que j'avais choisi la solution de facilité. Le fait qu'elle utilise l'adjectif « pathétique » pour décrire l'état dans lequel j'étais à l'époque rendait ma poitrine douloureuse. « Je suis clean, Nea. » répondis-je sur un ton sec. Les tentations avaient été multiples, à plusieurs reprises j'avais failli replonger, mais j'avais résisté. Cela me blessait qu'elle pense que j'avais recommencer à me droguer. J'avais pris soin de pas parler de ce qui s'était passé entre nous, faisant comme si elle n'avait pas évoqué la fameuse nuit. Je m'accoudais à nouveau sur la portière et posais mon regard au loin. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Un soupir traversait mes lèvres alors que je fermais les yeux. Je ne répondais pas tout de suite laissant un silence s'installait, seul le bruit du moteur de la voiture résonnait dans la cage métallique mélangé avec la radio. Je me redressais me tenant bien droit dans mon siège. Les mots restaient bloqués au fond de ma gorge. Je réfléchissais à une autre alternative, mais la vérité s'imposa à moi. Je devais lui avouer, même si cela voulait dire la faire souffrir. « Malia est enceinte. » déclarais-je comme à bout de souffle en croisant les bras sur mon torse.
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MessageSujet: Re: Les amis et les amants mentent sans cesse ▬ feat Levi    Les amis et les amants mentent sans cesse ▬ feat Levi  EmptyMer 15 Juil - 23:04

les amis et les amants mentent sans cesse, pris au piège dans la toile du devoir.
“Sa philosophie de la vie c’était qu’elle pouvait mourir à tout moment. Ce qu’il y avait de tragique selon elle c’est qu’elle ne mourrait pas. ”


Nea avait toujours vécu dans un monde brutal. Elle avait encaissé la perte de sa jeune sœur à un âge où son seul et unique souci aurait dû être la réponse à la question que toute petite fille se poserait : « La princesse choisirait-elle le prince ou le jeune briguant ? ». Hélas, elle avait vite compris que son chemin ne serait pas fait de ces questions, qu’elle devrait vivre avec l’idée que ses propres parents avaient choisis sa vie plutôt que celle de la jeune et fragile, parfaite et féminine, Eve. Elle avait ensuite observé de loin les vas-et-viens incessant de son père, les coups de couteaux qui se logeaient à travers sa peau. La balle qui cognait actuellement contre son cœur et qui avait laissé son père pour presque mort. Sa vie n’avait été qu’un étrange fleuve sauvage et indomptable et jusqu’ici elle s’y était fait. Pour une seule et unique raison : Levi. Levi était ce grand garçon qui la surplombait toujours de haut et qui était sa constante, d’une façon ou d’une autre il était toujours présent malgré les coups difficiles, malgré son mariage, malgré la distance qui s’était installée entre eux après l’inscription incrédule de Nea dans la grande faculté de droit de Johannesburg. Dans une idéologie utopique Nea croyait qu’il serait toujours là, présent, à la soutenir en silence, à la faire rire d’une manière ou d’une autre. Et qu’elle-même serait capable d’encaisser le changement, après tout elle avait su garder la tête froide pendant la longue descente aux enfers de son coéquipier. Elle avait pris des risques, ne regrettait rien, car elle se disait souvent qu’il aurait fait pareille pour elle. Naïvement, elle croyait cette relation indestructible, tout comme elle avait cru naïvement que Timothy ne partirait pas. Aveuglée par des sentiments qu’elle ne souhaitait pas ressentir elle se sentait de nouveau prise au piège. Exactement la même sensation désagréable qu’elle avait ressentie lorsque Timothy était parti, laissant derrière lui, un gout amer, une rancune inavouée, tout un tas de sentiments qui avaient mis du temps à s’effacer.

Elle essayait de se voiler la face, d’imaginer une issue de secoure qui finirait par arrondir les angles entre eux. Et cette porte de sortie ne pouvait pas être le silence ou le comportement qu’elle abordait ces derniers temps lorsqu’elle se retrouvait face à lui. Elle mâchouillait cette cigarette presque frénétiquement, les bouffées de nicotines semblaient être trop furtives pour avoir la prétentieux de noyer ses neurones sous l’effet de cette drogue douce et légale. L’habitacle semblait se rétrécir au fil des secondes, entourant sa peau d’une sensation désagréable, certainement semblable à celle d’une prison de fer. Levi brisa le silence sous une phrase qui en disant long de sous-entendus agacés et agaçants. « Je suis clean, Nea. » Clean. L’africaine se répétait ce mot doux en boucle, elle n’osait pas imaginer la douleur qu’une rechute pourrait lui infliger en tant qu’amie et surtout en tant que femme. D’un clignement de paupières et d’un hochement de tête, elle acquiesça sans un mot de plus, entrouvrant la fenêtre de la voiture afin de relâcher la cendre noire de son tube cancérigène à l’extérieur. Ce n’était pas terminé, ce n’était pas tout, même si la métisse et maîtresse semblait s’être trompée sur son diagnostic, elle n’était pas dupe. Levi allait mal et il fuyait quelque chose bien plus qu’elle ne le fuyait.

« Désolée, je m’inquiète c’est tout. » Murmurait-elle, finement, tout en bifurquant sur la droite, au milieu des ruelles où la mort régnait en maître. Le regard de la policière se posait sur des enfants qui jonglaient avec des boites de métaux, des femmes partiellement vêtues ou partiellement nues. Des « macs » un peu trop prévoyant envers leurs pouliches, des sachets de drogues qui passaient de mains en mains avec une certaine beauté gestuelle. Elle soupira presque silencieusement, l’image de la vie ici était ce qu’était ce pays, loin de tout, proche de tout en même temps. Un véritable paradoxe qui finirait par l’engloutir comme il l’avait fait avec son père. Et son équipier envisageait de lui foudroyer le cœur à coup de vérité aussi tranchante qu’une arme blanche. « Malia est enceinte. » Les mots firent échos à l’intérieur de son crâne, la cigarette vola et termina sa course contre le bitume. Nea pila sur le frein, une secousse parcourait son corps de part et d’autre, le stop qui se trouvait sous ses yeux lui avait échappé. Et la douce mélodie du moteur ronronnant tel un tigre ne suffisait pas à apaiser le cœur de l’africaine. Dire qu’elle ne se doutait pas de tout cela aurait été mensonge. « Félicitation Levi, toi qui voulais un gosse je suis partiellement heureuse pour toi. » Partiellement, car elle savait que Malia n’était pas une femme faite pour lui, bien qu’elle-même ne se considérait pas comme une femme faite pour Levi. Après tout personne n’était assez bien pour cet homme aux yeux de la policière.

Machinalement ses ongles cognèrent contre le volant, elle reprenait sa route comme si de rien n’était, n’osant pas une seule seconde lui avouer qu’en réalité elle avait mal. Le regard posait sur le paysage, elle souffla du bout des lèvres : « Ce n’est pas comme si on s’était promis quelque chose. Je te connais assez pour savoir que tu dois t’en vouloir, mais ce n’est pas la peine, je n’ai pas besoin de pitié, ni d’être ménagée comme une petite chose fragile, je ne suis pas le genre de femme bafouée qui va te supplier de m’aimer moi et rien que moi. » Les paupières de l’inspectrice s’étaient closes à nouveau, tandis qu’elle glissa sa main dans sa longue toison ténébreuse. « Je savais très bien que t’aimais Malia quand on a couché ensemble, t’as pas à t’en faire je suis pas la maîtresse qui risque de débarquer chez toi en lui crachant au visage, après tout, je l’aimais bien quand j’étais gamine et puis j’ai pas été tout à fait honnête avec toi ce soir-là. » Au feu, la conductrice se stoppa sur la droite, en bas d’une ruelle en pante qui menait à la maison qu’ils devraient fouiller à deux. Elle détacha sa ceinture, calant son dos douloureux contre son dossier. « J’ai un demi-frère, un médecin, mon père a trompé ma mère y’a de ça un moment, ça m’a toute retournée je me suis toujours dit que je n’étais pas femme à croire aux mariages, mais au fond celui de mes parents qui tenait après la mort de Eve, ça me donnait espoir qu’un jour peut-être ça m’arriverait. Ridicule hein ? Et puis j’ai appris ça, j’étais en colère contre mon père et là je réalise que finalement c’était bien hypocrite vu que je fais la même chose que lui avec toi. » Nea secoua son visage, elle attrapa son arme de service qu’elle glissa entre ses mains, plongeant ses pupilles dans celles du policier avec une délicate détresse, cherchant l’approbation d’une relation purement professionnel tout en sachant que ce soir, dès la première heure, elle finirait par se saouler seule dans un bar.
crackle bones
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