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 guess mine is not the first heart broken + joos

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Felicity Sparrow
Felicity Sparrow
LA VEUVE EPLOREE
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MessageSujet: guess mine is not the first heart broken + joos   guess mine is not the first heart broken + joos EmptyDim 12 Juil - 17:38




guess mine is not the first heart broken

My eyes are not the first to cry, I'm not the first to know there's just no getting over you. You know I'm just a fool who's willing to sit around and wait for you. But, can't you see there's nothing else for me to do?


Elle se retint de soupirer alors qu'elle sentit une dizaine de regard se poser sur elle. Pourquoi continuait-elle de se rendre à ses réunions ? Pourquoi avait-elle accepté d'y aller tout court ? Felicity n'avait jamais souhaité parler de la mort de Matthew, pas même à sa famille... Alors avec des parfaits inconnus, ça lui semblait inconcevable. Finalement, elle se contenta de secouer la tête et observa les gens tourner leurs regards vers son voisin. Joos. C'est lui qui l'avait traîné ici, dans un premier temps, juste après qu'elle ait dit qu'elle était depuis peu veuve. Et elle avait suivi, sans rien dire. Peut-être pensait-elle que ces rencontres pourraient lui être bénéfiques ? Qu'elle apprendrait du malheur et du vécu des autres à se remettre de sa perte ? Elle se trouvait terriblement stupide et inutile. Elle avait l'impression de perdre son temps à être assisse sur cette chaise et à ne rien dire, toutes les semaines. Mais ils ne comprendraient pas. Personne ne pourrait comprendre ce qu'elle avait vécu avec Matthew, comment elle avait accompagné jusque dans la mort. Ils la penseraient sûrement folle d'avoir accepté de l'aider à mourir, ou juste folle de se sentir coupable. Ils n'avaient pas connu Matthew. Ils ne la connaissaient même pas elle ! Et elle pensa qu'ils ne la connaîtraient jamais, car elle décida de ne plus venir à ce groupe de soutient.

Elle se demandait parfois si elle ne continuait pas de venir juste pour Joos. Elle ne savait pas grand chose de lui, juste qu'il était le fils du patron de Giving for Africa et que sa petite-amie avait été retrouvée morte. Elle avait ouïe dire qu'il était l'un des suspects de la mort de la jeune femme. Et Felicity, parfois trop curieuse, espérait en apprendre plus sur lui et sur sa perte. Elle ne le pensait pas coupable. En fait, il avait été si gentil avec elle, si attentionné à vouloir l'aider en la poussant à venir avec lui aux réunions, qu'elle ne pouvait imaginer Joos Van Pieters tuer quelqu'un. Il était également très discret, plus qu'elle ne l'était devenue depuis quelques mois.

Elle s'interrogea : le mutisme de Joos était-il également la cause d'un sentiment trop fort, plus que le deuil ? Etait-ce comme elle à cause d'une culpabilité, de remords ? Elle avait compris que les gens réagissaient différement à la mort, que les stades de deuil sont parfois plus longs pour certains que d'autres. Elle n'était plus dans le déni : elle savait qu'il était mort, sinon elle ne continuerai pas de se sentir infiniment vide de vie dès qu'elle pensait à lui. On lui avait parlé de toutes les étapes du deuil, et Felicity se demandait parfois si elle dépasserait celui de la tristesse. Car il lui semblait impossible d’accepter un jour d'avoir perdu celui qu'elle considérait comme l'homme de sa vie. Et pourtant, depuis qu'elle était arrivée ici, elle avait l'impression de vraiment pouvoir avancer. Elle pouvait recommencer à zéro, rencontrer de nouvelles personnes et peut-être, enfin, oublier un peu son chagrin et sa culpabilité. Même si elle sentait toujours sa présence, elle pensait pouvoir continuer sa vie d'une manière ou d'une autre. Et elle pensa à une personne en particulier, et elle se pinça la paume de la main juste pour interdire à son esprit de visualiser celui qui ressemblait à Matthew mais avait un caractère tout en point différent. Il la rendait juste tellement curieuse, et le pincement devint un peu plus fort. Elle décida qu'il fallait mieux écouter la femme à sa gauche qui venait tout juste de perdre sa mère.

Comme toutes les fois où elle était venue, elle était l'une des premières à quitter la salle. Elle n'avait pas envie de café, ni des gâteaux rassis, ni même récupérer des brochures sur “Comment vivre après la mort d'un proche”, et encore moins discuter avec les gens sur comment tout ça pouvait être bénéfique. Elle savait qu'ils voudraient lui poser des questions, l'encourager à parler hors du cercle de confiance. Mais cette fois, Felicity attendit près de la porte. Puis lorsqu'elle vit Joos passer, elle enfila sa veste et trottina pour le rejoindre. Elle ne dit rien, pas parce qu'elle n'avait rien à dire comme lors des réunions, étonnement elle avait l'impression qu'avec lui elle pourrait discuter. La jeune anglaise pressentait que leurs silences les rapprocher et qu'ils pouvaient se comprendre l'un et l'autre avec un certain respect pour leurs deuils respectifs. Elle savait exactement ce qu'elle voulait lui dire : elle ne voyait pas l'intérêt de ces rendez-vous hebdomadaires, elle ne se sentait pas en confiance et elle savait qu'en parler ne l'aiderait pas à avancer. Elle ne voulait pas trahir son mari, ni son dernier souhait : la mort. Et elle ne souhaitait pas partager les souvenirs heureux qu'ils avaient eu ensemble.

Ils sortirent du bâtiment, légèrement vieux et au milieu de nul part. Ils marchèrent un peu peu, et elle ignorait toujours comment lui dire. C'était stupide, car elle ne lui devait rien, si ce n'était que de la reconnaissance d'avoir voulu l'aider à affronter son chagrin. Felicity posa une main autour de son poignet droit et frotta son tatouage, celui qu'elle avait fait en hommage à son mari. « Joos, » dit-elle finalement, comme pour attirer son attention, incertaine qu'il ait vraiment eu conscience de sa présence. Elle le trouvait tellement discret, qu'il était parfois difficile de savoir s'il n'avait pas tout simplement la tête ailleurs. « Pourquoi est-ce que tu viens à ces réunions ? » demanda-t-elle tout simplement. Elle ne le laissa pas répondre et enchaîna directement, d'un ton sérieux : « Parce que je ne sais moi-même pas pourquoi je viens, je n'ai pas envie d'en parler, pas avec eux. Je n'ai pas envie de partager ma vie avec mon mari, ni que des inconnus essaient de me le faire oublier avec ma peine. » Ses doigts continuaient de frotter sa peau marquée par l'encre, elle avait déjà abandonné beaucoup pour se reconstruire, mais elle n'était pas prête à l'abandonner lui.

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Joos Van Pieters
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LE PETIT SINGE
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MessageSujet: Re: guess mine is not the first heart broken + joos   guess mine is not the first heart broken + joos EmptyJeu 20 Aoû - 22:33

On entend une femme renifler puis se moucher après avoir évoqué son mari. Il est décédé il y a à peine six mois et elle ne semble pas s'en relever. Elle ne sait plus que faire de ses deux enfants à tel point que c'est leur tante qui s'occupe d'eux la plupart du temps. Elle envisage d'entrer dans un centre de repos. Elle s'auto-diagnostique une dépression nerveuse et elle a peur de craquer, de finir par mettre fin à ses jours si elle ne fait pas quelque chose. Une vague d'émotion se répand un peu partout dans la petite salle où se trouve le groupe. La grande majorité des personnes présentes semblent être au bord des larmes. Sauf moi. Parfois, il m'arrive d'être immensément jaloux de ces personnes du groupe du soutien qui souffrent, qui pleurent et qui vivent leur deuil de manière si intense que ça les rend profondément vulnérable. Moi, je ne ressens rien. Je ne suis qu'une coquille vide depuis que c'est arrivé. Depuis que Anna est partie. Je crois qu'un bout de moi s'est envolé avec elle. Je crois que je suis un peu parti moi aussi. Je n'ai pratiquement jamais réussi à pleurer. Je n'ai jamais vraiment eu le coeur serré si fort que j'aurais craint qu'il n'explose. Je n'ai jamais souffert au bout de me tordre de douleur, comme si je venais d'être frappé par un coup si violent que ça m'en aurait coupé la respiration. Je suis vide. Juste vide. Et je pense que ce trou béant dans ma poitrine n'est que le résultat de l'immense plaie qui m'a été assénée lorsque j'ai appris la nouvelle. C'était un peu comme si je m'étais pris un immeuble sur la tête, que j'avais perdu connaissance et que je m'étais réveillé dans la peau d'un autre, à suivre le court de ma vie d'un point de vue extérieur, sans pouvoir réellement y participer. Oui, c'est une évidence, une partie de moi était parti avec Anna, enterrée six pieds sous terre.

« Merci à tous d'être venus ! Il y a quelques gâteaux sur la table là bas si vous souhaitez rester encore un peu. À la prochaine fois ! » Eric le médiateur du groupe de soutien nous adresse à tous l'un de ces sourires dont il a le secret. C'est un bon gars, quelqu'un qui souhaite réellement aider les autres. De temps en temps, il nous rappelle son histoire : il avait perdu sa fille dans un accident de voiture. C'était lui qui conduisait. Pendant des années, il n'avait pas été capable de se le pardonner, ni de faire le deuil. Il cherchait sans cesse à se punir en s'éloignant de toutes les personnes et les choses qui comptaient pour lui dans sa vie. Il est devenu alcoolique, il n'avait plus de boulot. Il n'a cessé sa descente aux enfers que lorsqu'il a rencontré un homme qui a changé sa vie, quelqu'un qui a changé sa vie et qui l'a rendu meilleur. Cet homme est parti, lui aussi, il y a dix ans et ça l'a motivé à faire un geste à son tour, en son hommage. Il a donc ouvert ce centre où existent différent groupe de soutien. Il est également parrain aux alcooliques anonymes. C'est un homme bien, vraiment.

Comme d'habitude, je ne prends pas le temps de rester plus longtemps. Aujourd'hui plus que jamais je n'ai pas envie de bavarder avec les autres. De toute façon, je n'ai pour ainsi dire jamais échanger un seul mot avec l'un d'entre eux. Et c'est mieux comme ça. Finalement, je me demande à chaque fois ce que je fais là, pourquoi je continue à venir. C'est probablement pour ce seul petit espoir qu'il me reste.
Je fais quelques pas dehors puis j'entends quelqu'un qui semble courir derrière moi. « Joos, » dit une voix que je ne reconnais pas. Je tourne la tête et je me retrouve face à Felicity Sparrow, une jeune institutrice bénévole au centre qui a perdu son mari. C'est moi qui lui ai conseillé de venir à ses réunions, mais à ce moment précis, j'ai du mal à me souvenir pourquoi étant donné que je ne sais pas moi même quelles ont été mes motivations premières. « Pourquoi est-ce que tu viens à ces réunions ? » Je hausse les sourcils, surpris par cette question plutôt indiscrète. Après tout, on ne se connait que très peu. Mais après réflexion, je me dis qu'elle est plutôt pertinente. C'est moi qui lui ai indiqué ce groupe alors qu'en réalité j'y suis sans y être. Je n'y participe même pas vraiment. « Parce que je ne sais moi-même pas pourquoi je viens, je n'ai pas envie d'en parler, pas avec eux. Je n'ai pas envie de partager ma vie avec mon mari, ni que des inconnus essaient de me le faire oublier avec ma peine. » J'ignore pourquoi elle me confie tout ça. Pourquoi maintenant ? Pourquoi moi ? Cela dit, je me rend compte que je ne suis pas seul dans cet histoire, que je ne suis pas la seule personne qui vient sans raison véritable, avec un but imprécis et qui repart avec plus de questions que de réponses. « C'est... C'est compliqué. » Je réponds froidement. Puis, je me rends compte que ce n'est pas forcément très sympathique de ma part de me montrer si froid. Felicity semble remplie de bonne intention et moi, j'ai tout simplement oublié comment me comporter avec quelqu'un. « Pardon... Je ne sais pas très bien pourquoi je viens, ni pourquoi je t'ai conseillé de venir d'ailleurs. » Je marque une petite pause, perdu dans mes pensées. « En fait, je crois que je garde espoir que ça puisse m'aider un jour, que je parvienne enfin à briser cette coquille vide que j'ai à l'intérieur, que je puisse enfin vivre mon deuil. » Les mots ont filé tout naturellement hors de ma bouche. Je peine à croire, une fois qu'ils sont sortis, que j'ai fait de telles révélations à une parfaite inconnue. « Mais là, je commence à croire que ça n'arrivera jamais. »
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Felicity Sparrow
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MessageSujet: Re: guess mine is not the first heart broken + joos   guess mine is not the first heart broken + joos EmptySam 12 Sep - 17:15




guess mine is not the first heart broken

My eyes are not the first to cry, I'm not the first to know there's just no getting over you. You know I'm just a fool who's willing to sit around and wait for you. But, can't you see there's nothing else for me to do?


Felicity était désormais sûre que ce genre de réunion n'était pas fait pour elle. Elle n'avait jamais été le type de fille qui se confie, sauf avec certaines personnes. Il y avait d'abord eu ses parents, puis son petit frère. Et doucement, par l'écriture, elle s'était mise à parler de tout ce qu'il lui passait par la tête et de toutes ses peines à un correspondant. Aujourd'hui, elle n'était même pas sûre de pouvoir se souvenir de son nom, mais elle savait qu'il venait de ce pays qui l'accueillait désormais. Avait-elle gardé ses lettres ? Elle n'en était même pas sûre. Ce garçon avait sûrement dû l'oublier elle aussi. Elle eut un sourire nostalgique, rien qu'en y pensant. Et puis son dernier confident avait pris l'apparence d'un ami, d'un petit-ami qui était ensuite devenu un fiancé, et puis finalement son mari. Et depuis qu'il était parti, il avait été difficile à Felicity de se confier. Sa famille avait bien tenté de la faire parler de sa peine, pensant que c'était ce qu'il y avait de mieux pour elle. Mais elle ne leur avait jamais parlé de ce qu'elle ressentait ; elle était incapable de mettre des mots sur ce qu'elle vivait depuis sa mort. C'était comme si son cœur avait été écrasé, l'air lui manquait... Et bien plus encore. Et là, d'entendre des gens parler ouvertement de leur deuil, Felicity ne se sentait pas à sa place. Et il y avait également Joos, lui aussi ne disait rien. Une similitude entre eux qui l'avait poussée à, étonnement, vouloir discuter avec lui.

Elle le rattrapa dehors, alors qu'il semblait visiblement pressé de rentrer. Elle l'avait interrompu dans ses pas, l'obligeant à lui faire face. Le jeune homme semblait décontenancé par ses questions, ce qui la fit rougir. Il lui sembla stupide d'être gênée face à lui. Il était plus jeune, c'était certain, mais il y avait quand même une certaine maturité dans son regard. Une maturité qu'il avait peut-être acquis lors de la mort de la personne qu'il avait perdu ; lui avait-il déjà expliqué de qu'il s'agissait ? Elle n'en était même plus sûre. Elle l'écouta et le laissa lui répondre. Felicity se sentit encore plus mal, lorsque lors de ses premiers mots, il lui fit comprendre qu'elle le dérangeait. Elle était même prête à partir de son côté. Après la première réunion à laquelle elle avait assisté, elle avait trouvé un petit pub non loin de là. L'ambiance lui avait rappelé celle de ce genre de lieu si typiques de son pays natal. Elle aurait très bien pu y aller, une manière de se réconforter et d’oublier les discours larmoyants de ces inconnus. Et même si elle ne parlait pas, elle enviait un peu leur aisance à dire ce qu'ils avaient sur le cœur. Pour Felicity, c'était surtout ce sentiment de culpabilité qui l'en empêchait. Elle fut surprise lorsqu'un « pardon » se fit entendre à côté d'elle, elle reporta son regard sur son visage. Il était charmant, mais il tait indéniable qu'il avait l'air triste, loin. Elle lui sourit gentiment, comme pour lui assurer sans un mot que tout ça n'était pas grave. Elle était presque sûre qu'elle aurait pu avoir la même réaction que lui. Felicity l'écouta donc expliquer brièvement la raison qui le poussait à venir à ces réunions. Si son cœur n'était pas déjà en miettes, elle sentait qu'il aurait pu se briser un peu plus sous les paroles de Joos. C'était étrange, mais elle avait l'impression qu'ils étaient les mêmes un peu. Pourtant ils ne s'étaient jamais vraiment plus parlé que ça, seules les morts d'un proche les rapprochaient. « Je suis désolée. Je n'aurais pas dû te demander ça... » dit-elle, navrée. « Seulement, j'ai l'impression que nous sommes les seuls, ou presque, à venir pour écouter les autres sans jamais rien dire. » Ce n'était pas qu'une impression, de ce qu'elle avait vu et entendu jusque là : ils étaient les uniques membres du cercle à n'avoir rien dit. Elle soupira, et regarda au loin. Il y eut un léger silence et pendant un instant, elle se demanda même s'il était toujours à côté d'elle.

Elle tourna le visage légèrement et il était là, alors elle lui dit : « Je suis désolée pour toi, Joos. » Ce genre de phrase que beaucoup disent par pitié, elle en avait parfois horreur. Mais là, elle ne sut quoi dire d'autre et c'était sincère. Personne ne méritait de vivre ça, le deuil. Et c'était pourtant inévitable. « Peut-être ne sont-ils tout simplement pas les gens à qui tu penses pouvoir te confier... » Ce n'était pas forcément pour lui, mais comme une remarque personnelle. Elle savait maintenant qu'il lui serait impossible un jour de se confier à ces personnes. « Je dis ça, parce que j'ai cette impression pour moi-même. J'imaginais aussi que ça pourrait m'aider, à me construire une nouvelle vie, sans lui, mais non... » expliqua-t-elle. Que d'illusions. Elle ne savait plus ce qu'elle devait faire, quand elle essayait d'avancer et de faire son deuil, il y avait cette retenue chez elle – et cette culpabilité – qui l'en empêchait. Peut-être devait-elle juste laisser la vie continuer, faire son bout de chemin avec ce poids sur ses épaules et attendre de trouver quelqu'un pour l'aider à s'en délester ? Peut-être que cette personne était déjà là, mais sans qu'elle en soit consciente ?

Cette idée était saugrenue : il était trop tôt encore pour penser à un autre homme. Elle chassa cette pensée de son esprit et décida de proposer quelque chose à cet homme au cœur brisé : « Tu veux aller boire un café ? Un meilleur que le leur. Ou un verre, j'ai découvert un pub par là-bas. » Elle accompagna sa phrase d'un léger mouvement de tête, indiquant une rue.

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Joos Van Pieters
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MessageSujet: Re: guess mine is not the first heart broken + joos   guess mine is not the first heart broken + joos EmptyMer 7 Oct - 21:23

En sortant de la réunion, je ne pense pas être suivi, je ne pense pas que quiconque vienne après moi, m'appelle, m'interpelle, brise mon silence. Non, en fait, je m'enfonce dans cette journée refroidie par le vent. Je remonte le zip de mon blouson et j'accélère le pas, jusqu'à ce que j'entende mon prénom. Mon prénom qui parait si doux prononcé par la voix fluette de Felicity Sparrow. Bien évidemment je marque un mouvement d'arrêt et j'écoute ce qu'elle a à me dire. Sa question m'étonne et me laisse quelques instants surpris. Bien sûr, sa question est légitime : je suis celui qui lui a recommandé de rejoindre le groupe et finalement je me montre très peu impliqué. Je suis même invisible, transparent. Je me dis parfois que si j'étais absent, les habitués ne remarqueraient même pas mon absence, tout comme ils ne doivent probablement pas remarquer ma présence. Et puis, moi même je ne sais pas très bien pourquoi je continue de venir. Et sur ce point-là, Felicity et moi semblons bien être sur la même longueur d'onde. « Je suis désolée. Je n'aurais pas dû te demander ça... » Elle a l'air gênée, mal à l'aise. Je sens qu'elle ne voulait en aucun cas m'importuner et qu'elle doit probablement avoir l'impression de l'avoir fait. « Seulement, j'ai l'impression que nous sommes les seuls, ou presque, à venir pour écouter les autres sans jamais rien dire. » Je fais un petit mouvement de la tête pour lui montrer que je suis d'accord avec elle. « Non, non, il n'y a pas de problème. Le fait que tu me poses la question, ça me pousse à enfin me la poser à moi même.  Et puis, tu as raison, j'ai le même sentiment. » Je prends quelques secondes pour réfléchir, pour vraiment me demander cette fois pour quelles raisons je prends de mon temps chaque semaine. Pourquoi je quitte le centre, la réserve, mon travail, simplement pour aller écouter un groupe de personne pleurer sur la perte de leur être cher. Je réfléchis à l'intérêt de tout ça, au potentiel bien que ça pourrait me faire et que je ne sens pourtant pas. Puis, je finis par dire à Felicity ce qui me passe par la tête. En fait, je l'explique autant à elle qu'à moi même. « Je suis désolée pour toi, Joos. » Je fais un signe de tête en guise de remerciement. Je sais que contrairement à la plupart des gens, ses mots sont sincères. Elle sait ce que je traverse, elle sait ce que je ressens, elle sait que c'est dur. « Peut-être ne sont-ils tout simplement pas les gens à qui tu penses pouvoir te confier... » Y a-t-il seulement des personnes sur cette planète à qui je me sentirais de pouvoir me confier ? Ça, je n'en suis pas vraiment sûr. Pour ça il faudrait encore que je parvienne à accorder ma confiance à quelqu'un. Et ça, malheureusement, ça m'est bien difficile. « Je dis ça, parce que j'ai cette impression pour moi-même. J'imaginais aussi que ça pourrait m'aider, à me construire une nouvelle vie, sans lui, mais non... »

Naturellement, je me remets à marcher et je sens que Felicity m'emboite le pas. Nous restons à nouveau quelques secondes dans le silence. C'est finalement elle qui le brise. « Tu veux aller boire un café ? Un meilleur que le leur. Ou un verre, j'ai découvert un pub par là-bas. » Je suis surpris par sa proposition. En réalité, je préfèrerais retourner à la réserve et m'enfermer à nouveau dans le travail pour oublier toute la tristesse manifestée par ces gens, toute cette tristesse qui ne me rappelle que trop bien la mienne. Mais je n'ai pas le coeur de refuser. En fait, je me dis que qu'un cadre plus intimiste pourrait peut-être même nous faire du bien à tous les deux. Même si ce n'est pas pour discuter de notre deuil, mais au moins pour faire transition jusqu'à ce que l'on reprenne chacun le cours de notre journée. « Volontiers ! Je te suis du coup. »
Il ne nous faut pas longtemps pour arriver au pub promis. Il est effectivement pas loin du tout. On y voit encore des affiches de la coupe du monde de rugby annonçant que le pub retransmettait les derniers matchs du tournoi. Ces affiches se perdent d'ailleurs au milieu de tout un tas de prospectus qui se chevauchent les uns les autres ce qui donne une allure assez spéciale à la façade de l'édifice. Nous pénétrons à l'intérieur du pub et passons chacun notre tour notre commande. « Au fait, je suis désolée de t'avoir conseillé de venir aux réunions. Je me disais que si ça ne fonctionnait pas pour moi, ça pouvait peut-être marcher pour quelqu'un d'autre... »
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