Please, stay here for me... - FT. Alejandro.

Siobhan venait de terminer sa première journée en tant que bénévole. Une journée qu'elle avait trouvé merveilleuse, elle ne s'était pas rendue compte que le bénévolat lui avait tant manqué, que ce sentiment d'être utile avait quelque chose de gratifiant pour l'âme, plus que l'argent. Et c'est vrai que son âme n'avait pas les plus beaux projets, sa présence ici n'était pas aussi belle que l'engagement de ce centre, elle le savait. Alejandro le savait tout autant et il n'était pas ravi d'être là mais, pour elle il le faisait. Elle ne le remercierait jamais assez d'être le meilleur ami dont une fille puisse rêver. Parfois, elle se disait qu'elle pourrait faire sa vie entière en se contentant de son amitié, elle n'avait pas besoin de tomber amoureuse et de s'encombrer d'un mariage comme beaucoup de filles le voulait. Elle avait un meilleur ami qui avait les mêmes rêves qu'elle et qui la suivait même quand sa raison lui criait de fuir. Elle n'avait jamais eut le moindre sentiment amoureux pour lui et inversement, sans doute parce qu'ils s'étaient connu le cul dans le sable, en couche-culotte, qu'ils avaient vu les joies de l'adolescence sur l'un et sur l'autre avec les cheveux gras et les boutons. L'amitié survit à tout ceci pas l'amour et définitivement, cette amitié passait avant tout aux yeux de Siobhan, il était son repère. Elle tenait à lui au point d'abandonner cette chasse aux sorcières s'il venait à lui poser un ultimatum mais, elle savait aussi qu'il l'aimait trop pour lui faire cela. Il n'utiliserait cela qu'en dernier recours, s'il sentait qu'elle allait trop loin. Pour l'heure, leur départ n'était pas prévu.

Elle poussa la porte de leur petit logement où Alejandro y était déjà, installé sur le canapé avec un air visiblement boudeur. Elle s'installa à côté de lui avec un beau sourire, posant sa tête sur l'épaule du jeune homme. « Laisse-moi deviner, ta première journée n'était pas terrible ? ». Elle connaissait déjà la réponse mais, sa main venait caresser le bras de son meilleur ami comme pour l'apaiser, faire passer sa mauvaise journée. Elle se doutait que la cause de cette mauvaise journée n'était d'autre que le fait qu'il voulait partir avant de voir sa meilleure amie se perdre dans une quête un peu trop folle. Mais, Siobhan était déterminée, elle voulait rester, elle voulait savoir la vérité. Sa première journée c'était très bien passé et elle n'était pas réellement passé à l'action mais, ça n'allait pas tarder. Elle ne savait pas ce qu'elle allait trouvé et même si ça lui faisait peur, elle ignorait comment elle pourrait continué sans savoir. Au fond, Siobhan n'allait pas bien et elle s'attachait à un maigre espoir alors même que cela ne ferait absolument pas revenir sa sœur. Alejandro était sans doute le seul capable de voir ou de ressentir toute cette détresse.

L'Afrique du Sud n'était pas l'endroit qui faisait le plus rêver Alejandro. Sur le papier, ce pays de la nation arc-en-ciel était magnifique. Ce mélange culturel, cette beauté des paysages auraient du être attractif aux yeux d'Alejandro; c'était tout ce qu'il aimait. Mais ce n'était pas le cas. Hormis ces savanes, ces animaux splendides, cette façon de vivre sans 4G, l'Afrique du Sud était aussi le pays où Anna avait vécut ses derniers mois, et c'était le lieu-même où elle avait respiré pour la toute dernière fois. Assassinée. Si Siobhan n'avait pas tant insisté, si Siobhan n'avait pas fait ses petits yeux-là peut-être n'auraient-ils pas posé leurs bagages ici. Ils auraient choisi la Nouvelle Zelande, ou la Nouvelle Caledonie. Ils se la couleraient douce. Peut-être même auraient-ils filé, vers Vanuatu, pour aller aider, là où le cyclone avait dévasté la république. Ils feraient de l'humanitaire, digne de ce nom.
Mais à la place de tout ça, ils étaient là, dans ce pays qui avait connu un drame dont la plupart des habitants se fichaient, vu le taux de criminalité ici, mais pas eux.
Alejandro savait que c'était une mauvaise idée de venir ici. Mais il était incapable de résister à Sio. Alors même que sa conscience lui avouait que c'était purement de l'inconscience, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle avait le droit de savoir la vérité. Lui-même aurait aimé connaître la raison pour laquelle ses parents et sa soeur ne sont jamais revenus. Il tape de temps en temps leurs noms, sur le net (c'est d'ailleurs l'une des seules choses qu'il regarde sur la toile), espérant voir un jour, un article relayant l'histoire, et surtout expliquant. Il n'y avait jamais rien. Il tombait toujours de haut après avoir fait ça. Il pouvait donc comprendre que Sio espérait, elle aussi, savoir. Il ne pouvait pas être le barrage à la vérité. Alors, ils étaient venus.

Installé sur le canapé de leur tout nouveau logement, Alejandro pensait. Il repassait dans sa mémoire, tout ces bons moments passés, ici et là, à des milliers de kilomètres de l'Afrique. Il se revoyait, avec Sio, sur le dos de cet éléphant en Indonésie. Il se revoyait, avec Sio et son regard perdu, sur les plages de Tahiti. Il se revoyait avec Sio, à rire au Mexique dans une fête de tonnerre. Il se revoyait, toujours avec Sio, dans leur caravane, sillonnant les routes d'Australie, et chantant à tue-tête. Ca, c'était le bonheur. Il avait l'impression qu'en arrivant ici, ils allaient tout perdre. Alors, monsieur Reina faisait sa tête des mauvais jours. La dénommée Siobhan ne tarda pas à rentrer. Elle vint aussitôt vers lui, et lui adressa un magnifique sourire, avant de s'installer à ses côtés, et de poser sa tête sur son épaule.« Laisse-moi deviner, ta première journée n'était pas terrible ? ». Il passa machinalement son bras autour de ses épaules, et souffla un coup. Elle était terrible, Sio. Il essayait de la convaincre que ce pays était nul, et elle trouvait toujours le bon mot, ou le bon geste pour l'apaiser. Cette main caressant son bras avait cet effet. Il dut faire un effort incroyable pour se reconcentrer pour exagérer sa journée, horrible, de bénévolat. « Elle était horrible, oui. ». Il l'observa une seconde, et continua alors sur sa lancée. « Les gens ne sont pas cools ici. Le médecin est un stressé. L'infirmier est aussi aimable qu'une porte de prison. Et les patients ne savent même pas t'accorder un simple sourire. » Il exagérait évidemment. Le médecin était stressé, oui. Parce qu'il venait de découvrir que l'un de ses patients était porteur d'une hépatite et que ça l'inquiétait. L'infirmier n'avait pas été aimable, oui. Parce qu'il n'avait pas pu lui accorder autres choses que quelques mots de boulot, tellement il était occupé. Les patients qu'il avait vu étaient tous bien souffrant; le sourire n'était pas leur priorité. Alors, oui, Alejandro savait tout ça, mais il en rajoutait. Juste pour faire culpabiliser Sio..
D'un ton enjoué, il rajouta, en soufflant pour la deuxième fois. « C'est vraiment accueillant l'Afrique du Sud. »

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Alejandro passa son bras autour des épaules de Siobhan avant de souffler, il était boudeur, elle le savait bien. Elle connaissait son meilleur et ses attitudes, elle se doutait même qu'il allait exagérer tout ses malheurs, parce qu'il était comme ça -et elle aussi, sans doute cela venait-il de leurs origines... ou pas- « Elle était horrible, oui. ». Elle eut un sourire amusé et un regard curieux, l'incitant à continuer, ce qu'il fit. « Les gens ne sont pas cools ici. Le médecin est un stressé. L'infirmier est aussi aimable qu'une porte de prison. Et les patients ne savent même pas t'accorder un simple sourire. ». Siobhan l'écoutait tout en relativisant ses dires, c'était leur première journée, elle ne pouvait pas être parfaite, tout le monde ne pouvait pas être au top. Elle savait aussi que le problème restait que son meilleur ami ne voulait pas être là et qu'il jugeait que c'était une bien mauvaise idée. Il avait raison, elle le savait mais elle ne voulait pas l'entendre. Alors il rajouta d'un ton faussement enjoué dans un long soupir un « C'est vraiment accueillant l'Afrique du Sud. » sans doute destiné à la faire culpabiliser.

Alors elle déposa un baiser sur sa joue et regarda le jeune homme avec un sourire amusé et bienveillant. « C'est la première journée et puis si tu veux, tu peux venir t'occuper des petites bêtes avec moi, elles sont accueillantes. ». Siobhan eut un léger rire, c'était vrai au moins elle n'avait aucun problème du genre avec les animaux. « Et puis tu sais, j'ai vu pas mal de très belles bénévoles... ». Alejandro et Siobhan étaient tous les deux bien loin d'être adeptes des relations sérieuses, à vrai dire, ni l'un ni l'autre n'avait vraiment pris la peine d'être en couple. Ils se contentaient de quelques conquêtes et c'est vrai qu'ici, Alejandro n'avait qu'à usé de son pouvoir de séduction, au moins les femmes seraient peut-être plus « accueillantes »... enfin ça c'était à lui de voir. « Allez boude pas, c'est qu'une journée ! Et puis je t'ai connu un peu plus aventurier que ça... Y'a des bières au frigo si tu veux on s'en boit une ? » Oui, elle le brossait dans le sens du poil mais une petite bière après le travail ça ne pouvait pas faire de mal. D'ailleurs elle n'attendait pas vraiment sa réponse pour se lever, s'extirper doucement de ses bras pour aller décapsuler deux bières. Alejandro était toujours aussi aventurier et investi, elle le savait, seulement la différence était qu'il ne tenait pas à être là -ni à ce que Sio y soit non plus-. Elle retourna vers lui et lui tendit la bouteille de bière avant de s'installer à nouveau au creux de ses bras.

Il avait exagéré évidemment. Mais il n'avait pas envie d'être ici. Il voulait être partout, sauf là. Il savait d'avance que tout ça allait mal finir, que Sio allait pleurer toutes les larmes de son corps, et qu'elle allait lui demander de partir, comme ça, du jour au lendemain. Il espérait que ce moment arrive le plus rapidement possible. Il espérait juste qu'elle ne serait pas brisée, qu'il ne devrait pas un jour la ramasser à la petite cuillère. Pire, il avait peur d'autre chose; que celui qui s'en était pris à Anna s'en prenne à Siobhan. Tant que le lien avec Anna n'était pas clairement établi, elle ne courait aucun danger. Mais après? Il ne supportait pas une seule seconde de la perdre. Sio était tout pour lui. C'était sa meilleure amie, mais c'était aussi une soeur. Il n'avait plus qu'elle dans ce monde, et il était hors de question qu'il la perde. D'une façon ou d'une autre.
Alors, oui, il avait de quoi faire son râleur, et avait de belles raisons d'exagérer. Et comme à son habitude, elle trouva les mots, et les gestes. C'était horrible de se connaître autant; elle savait quelle attitude adopter pour le calmer. Elle l'embrassa et essaya de le convaincre. « C'est la première journée et puis si tu veux, tu peux venir t'occuper des petites bêtes avec moi, elles sont accueillantes. ». Il ne put s'empêcher de rire à son tour. « Je suis sûr que même les babouins savent faire des grimaces.. » D'ailleurs, il ne se priva pas de faire encore la moue, histoire d'être vraiment convaincant dans son rôle de boudeur.

N'empêche que Sio n'en avait pas terminée. « Et puis tu sais, j'ai vu pas mal de très belles bénévoles... ». Paf. Elle visait encore dans le mille. C'en était presque agaçant, mais elle trouvait toujours les bonnes raisons pour le faire changer d'avis. Néanmoins, il continua de faire sa petite moue, en essayant du mieux qu'il pouvait de chasser ce léger sourire qu'il avait envie de faire. « Allez boude pas, c'est qu'une journée ! Et puis je t'ai connu un peu plus aventurier que ça... Y'a des bières au frigo si tu veux on s'en boit une ? » Bonne raison N°1 : les filles. Et maintenant, raison N°2 : la bière. Si il ne l'avait pas connu alors qu'il portait encore des couches, Alejandro se demanderait d'où cette fille pouvait autant le connaître. Elle se leva alors, et il l'observa, filer chercher ses bières, et revenir après les avoir décapsuler. Elle lui en tendit une -qu'il prit-, et vint se reloger dans ses bras.
« Tu sais, Sio, c'est pas avec une bière dans le sang que je vais changer d'avis sur ce pays. » Il but une gorgée, et se retourna vers sa meilleure amie. Il devait le reconnaître; là, dans les bras l'un de l'autre, ils étaient biens. « Des filles canons, il y en a partout ailleurs. Des gens plus sympas, il y en a partout ailleurs. Des babouins qui ne font pas la grimace, il y en a aussi ailleurs. Franchement, ici, Sio, on n'aura que des ennuis. Je les vois déjà venir... »

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Siobhan essayait et elle arrivait tout de même à faire rire son meilleur ami, aussi boudeur soit-il. « Je suis sûr que même les babouins savent faire des grimaces.. ». Elle afficha un sourire amusé, elle ne le changerait pas et elle savait qu'il disait cela pour enfoncer le clou mais, elle n'était pas plus inquiète que ça. Alejandro n'allait pas lui demander de partir dans l'instant, pas tant qu'elle ne s'était pas réellement attirée d'ennui. T quand bien même, la jeune femme faisait au mieux pour trouver les arguments afin de le faire rester ici, avec elle. Elle lui parlait des filles -jolies- et elle allait jusqu'à lui proposer une petite bière sur le canapé qu'elle allait lui chercher. Et elle retrouva ses bras, ceux dans lesquels elle se sentait bien et protégée de tous les malheurs du monde.

« Tu sais, Sio, c'est pas avec une bière dans le sang que je vais changer d'avis sur ce pays. ». Oh oui, elle le savait bien mais ça pouvait aider à faire passer sa journée, à se détendre. Elle but un peu de sa bière avant de reposer les yeux sur son meilleur ami. « Je sais bien mais, une bière dans le sang ne peut pas te faire de mal pour te détendre. ». La jeune femme lui offrit un beau sourire, comme d'habitude, elle savait que rien ne ferait changer d'avis Alejandro à moins qu'il la sache en sécurité, qu'il sache qu'elle n'allait pas finir brisée... une chose qu'elle ne pouvait pas lui promettre. C'était évident que peu importe si elle découvrait la vérité ou non, la petite brune finirait anéantie. « Des filles canons, il y en a partout ailleurs. Des gens plus sympas, il y en a partout ailleurs. Des babouins qui ne font pas la grimace, il y en a aussi ailleurs. Franchement, ici, Sio, on n'aura que des ennuis. Je les vois déjà venir... ». La jeune femme savait qu'il avait raison et c'était sans doute le pire, parce qu'elle acceptait très simplement la situation. Elle avait beau savoir ce qu'elle risquait, cette vérité n'avait pas de prix à ses yeux, Anna était une partie d'elle. Elle n'avait jamais imaginé un monde dans lequel Anna ne vivait pas et pourtant ça arrivait mais, elle ne pouvait pas accepter de ne pas savoir pourquoi, de ne pas comprendre. « Tu connaissais Anna, tu sais à quel point elle était gentille, j'ai besoin de savoir qui lui a fait du mal et pourquoi... ». Elle ne cachait pas ses intentions et son besoin irrépressible, Alejandro la connaissait trop bien pour qu'elle se joue de ses intentions. « J'ai besoin de savoir et j'ai besoin que tu restes avec moi Alej'... ». Parce qu'il était son repère et son seul soutient, il était comme un frère et elle ne pouvait pas le perdre lui aussi. « Et puis, je compte sur toi pour me tirer d'ici de force si les choses se passent mal mais pour le moment ce n'est pas le cas... personne ne sait que je suis sa sœur... à croire que personne ne la connaissait vraiment. ». Siobhan et Anna étaient jumelles... elles ne se ressemblaient pas physiquement mais elles avaient les mêmes attitudes, les mêmes manières, le même rire. Et puis, Siobhan savait qu'Anna parlait toujours d'elle à son entourage comme elle le faisait mais, personne n'avait encore eut de soupçons.

Qu'importe ce que Siobhan pourrait lui dire; Alejandro était têtu. Sa meilleure amie n'arriverait surement pas à le faire changer d'avis. Il pensait que venir ici était une belle connerie. Malgré toutes ces protestations, il n'avait pas réussit à la convaincre d'aller ailleurs. Alors, il l'avait suivi, de mauvais coeur. L'avenir ici l'effrayait. Ce n'était pas le pays qui lui faisait peur. Les gens ici, bien qu'il disait qu'ils étaient détestables, étaient surement très agréables. Cette mixité rendait déjà à ses yeux, ce pays très chouette. Mais ici, ils ne se feraient que des ennemis. Du moins Sio. Et les ennemis de Sio sont ses ennemis aussi. Il voyait déjà arriver le malheur sur eux. Il imaginait déjà mille scénarios possibles; de leur fuite en pleine nature à leurs morts, ici. Assassinés, comme Anna.
En cauchemardant sur ça, il n'avait évidemment aucune envie de laisser leurs corps trainer dans ce pays.

Sioban ne semblait pas consciente du danger. Dans ses bras, la demoiselle faisait tout pour le faire changer d'avis, partageant même une bière dans l'espoir de l'adoucir un peu. « Je sais bien mais, une bière dans le sang ne peut pas te faire de mal pour te détendre. ». Encore une fois, elle avait raison. Il secoua la tête, et essaya de lui montrer qu'en Afrique du Sud, ils risquaient très gros. Aucun de ses propos ne semblèrent atteindre sa meilleure amie. Elle restait toujours là, dans ses bras, à boire sa petite bière de temps en temps, et à lui répondre. « Tu connaissais Anna, tu sais à quel point elle était gentille, j'ai besoin de savoir qui lui a fait du mal et pourquoi... ». Alejandro regarda devant lui, dans le vide. Oui, il connaissait Anna. Il n'était pas aussi amie avec elle qu'avec Sio, mais il l'avait vu grandir lui aussi. Il était là à chacun de ses anniversaires (évidemment). Il était là quand un drame arrivait chez les Villanueva. Il était là quand Anna essayait de sauver la vie de sa soeur en les couvrant. Anna était une personne incroyable. D'une gentillesse, et d'une sympathie hors norme. Elle ne méritait pas de mourir.
Alors, oui, il comprenait Sio. Mais il trouvait quand même que c'était du délire. « J'ai besoin de savoir et j'ai besoin que tu restes avec moi Alej'... ». Il tourna la tête vers elle, après avoir bu une gorgée. Ce besoin de comprendre, il le comprenait justement. Il avait voulu comprendre pendant près de cinq ans la disparition de ses proches; jusqu'à maintenant, il ne savait toujours pas. Personne ne pouvait l'aider. Pour Anna, c'était différent. Elle était morte sur cette terre, et non pas entre ciel et mer. Ils pouvaient découvrir.
« Et puis, je compte sur toi pour me tirer d'ici de force si les choses se passent mal mais pour le moment ce n'est pas le cas... personne ne sait que je suis sa sœur... à croire que personne ne la connaissait vraiment. » Alejandro laissa échapper un petit sourire. Les GFAiens n'étaient pas doués pour ça. Aux yeux d'Alej, c'était impossible quand on voyait Anna, et quand on voyait Sio, de ne pas faire le lien avec eux. « J'avoue que là-dessus, ils sont aveugles.. » Portant sa bière à sa bouche, il se remémora quelques souvenirs des deux soeurs. Elles riaient pareils. Elles ralaient de la même manière. « Crois-moi, je peux comprendre Sio ton envie de savoir et de comprendre ce qui est arrivé à Anna. Si il n'y avait aucun risque, je ne ferai pas ma mauvaise tête. Mais là, Sio, c'est dangereux. Qu'est-ce qui se passera quand on découvrira que tu es sa soeur? Qu'est-ce qui se passera quand les gens comprendront que tu es ici pour une fausse mission humanitaire? » Il posa son regard interrogateur vers elle. Deux secondes plus tard, il rajouta, toujours avec son air un peu boudeur. « Si je reste, c'est pour sauver ta peau Siobhan. Alors, promets-moi de me dire tout ce que tu comptes entreprendre! » Tout. Sans aucune exception

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Malgré tout, malgré le fait qu'il désapprouvait absolument cette idée, Siobhan le savait, Alejandro la comprenait comme personne d'autre ne le pouvait. Elle savait que si pour savoir, pour comprendre ce qui était arrivé à sa famille il avait dû se mettre en danger et mentir sur qui il l'était, il l'aurait fait. Alors, elle ne doutait pas une seule seconde qu'il ne blâmait pas ses intentions, il avait simplement pour elle, pour eux. Un fait que la jolie brune pouvait tout autant comprendre même si elle avait décidé que la vérité était bien plus importante. Malgré tout, elle tenait à ce qu'il soit là et à ce qu'il la raisonne si les choses allaient trop loin, s'il fallait la ramenait à la raison parce qu'il était le seul à la connaître de cette façon, à la connaître par cœur. Cela dit, elle devait admettre qu'elle avait craint que son mensonge soit vite à découvert mais personne n'avait soupçonné son lien avec Anna, comme si elle n'avait jamais existé, comme si elle était déjà oubliée. « J'avoue que là-dessus, ils sont aveugles.. ». Siobhan afficha un large sourire avant de boire un peu de sa bière, son meilleur ami savait trouver les mots qui convenaient. Quelque part, même si elles ne ressemblaient pas physiquement, l'espagnole était toujours vexée quand personne ne voyait de ressemblance ou quand, comme là, personne ne faisait le lien. Anna était une partie d'elle, une partie qui manquait aujourd'hui et elle aimait se rappeler qu'elles avaient quelque chose en commun, quelque chose qu'on ne pouvait pas leur enlever et qui faisait que même si elles étaient différentes, elles étaient à la fois les mêmes. « C'est sans doute une bonne chose mais, ça me vexe... ». Il le savait sans doute avant même qu'elle le dise.

Elle ferma les yeux quelques secondes, profitant des bras protecteurs et rassurants d'Alejandro, de son frangin. « Crois-moi, je peux comprendre Sio ton envie de savoir et de comprendre ce qui est arrivé à Anna. Si il n'y avait aucun risque, je ne ferai pas ma mauvaise tête. Mais là, Sio, c'est dangereux. Qu'est-ce qui se passera quand on découvrira que tu es sa sœur? Qu'est-ce qui se passera quand les gens comprendront que tu es ici pour une fausse mission humanitaire? ». Siobhan garda ses yeux fermés encore une seconde, avant que le regard interrogateur d'Alejandro se fasse trop pesant et qu'elle l'affronte, elle aurait pu tenter un sourire rassurant mais elle-même ne l'était pas. Et c'est sans doute pour cela que son air boudeur se fut un peu plus prononcé et que sa bouche s'ouvrit à nouveau, n'attendant pas la réponse de la demoiselle. « Si je reste, c'est pour sauver ta peau Siobhan. Alors, promets-moi de me dire tout ce que tu comptes entreprendre! ». Elle savait bien qu'il ne voulait pas une parole en l'air, il voulait qu'elle s'engage auprès de lui, il voulait en quelque sorte qu'elle l'entraîne un peu plus là-dedans. Au fond, elle savait bien que son meilleur ami n'allait pas rester en dehors de cela, pas même si elle le voulait. « Promis Alejandro, je te dirais tout, absolument tout. ». Elle lui tendit son petit doigt pour conclure un pacte, comme ils le faisaient depuis qu'ils étaient gosses quand ils se promettaient quelque chose d'important -suffisamment important pour que des doigts croisés ne brise pas une promesse-. « Quand la vérité éclatera, ils vont tous me détester... je ne m'attends même pas à ce que quelqu'un me comprenne. ». Elle souffla avant de boire un peu de sa bière, Siobhan n'était pas une personne mal intentionnée ou méchante, elle ne tenait pas à se faire des ennemis mais cette fois, tout était différent et peu importe qui elle était au fond d'elle, elle était prête à se mettre se coté. « Je vais profiter du temps où la vérité n'est connue que de nous deux pour approcher Joos et Noah... ». Joos, pour le connaître, confirmer ce qu'elle pensait depuis le début : il n'avait rien fait. Noah... c'était un peu le cas inverse, elle ne pouvait pas s'empêcher de penser que d'une manière ou d'une autre, il était impliqué.

Anna et Siobhan se ressemblaient. Quand on les voyait, on savait d'avance qu'elles étaient soeurs. Bien que différentes physiquement, elles avaient des gestes, des mimiques, des regards et même des expressions identiques. Les GFAiens étaient aveugles. Alejandro ne comprenait pas pourquoi ils n'avaient pas compris, au bout d'une journée, que Sio était la soeur d'Anna. Dans un sens, ça l'arrangeait. Il n'était pas prêt à filer d'un coup, en vitesse, en courant, en oubliant toutes leurs affaires -et ce, bien qu'il en avait une très très grande envie-. De l'autre côté, il se doutait que Sio était anéanti. « C'est sans doute une bonne chose mais, ça me vexe... ». Il lui accorda un minuscule, mais perceptible sourire. « Plutôt que de construire des écoles, soigner des gens, on devrait commencer par leur offrir des lunettes.. » Il s'approcha d'elle, et l'embrassa. En réalité, il ne voulait pas. Il ne désirait pas que les gens sachent. Dès qu'ils sauront, les ennuis commenceront.

Sa meilleure amie dans les bras, Alejandro reprit la parole. Il s'inquiétait, et faisait profiter Sio de ses pensées. Et surtout, il voulait qu'elle lui promette quelques chose; qu'elle lui raconte tout. Ces plans surtout. « Promis Alejandro, je te dirais tout, absolument tout. ». Là, elle tendit son petit doigt. Avec un petit sourire, Alej' lui tendit à son tour le petit doigt, et le croisa avec celui de Sio. Avec ce pacte-là, elle n'avait plus le choix; elle devait tout lui dire. Si jamais elle rompait le pacte, quelque chose de terrible allait lui arriver -en vrai, aucun des deux n'avait jamais rompu un pacte comme celui-là-. « Quand la vérité éclatera, ils vont tous me détester... je ne m'attends même pas à ce que quelqu'un me comprenne. ». Ils burent un peu de leurs bières. « Et si tout le monde te déteste, on file, ok? Je ne veux prendre aucun risque, sio.. Je ne veux pas perdre encore quelqu'un. » En disant ces derniers mots, il posa son regard dans le sien. Elle comprendrait surement, et elle ne pourrait que dire ok. Encore une fois, il voulait conclure ce pacte. Il lui tendit son petit doigt.

En tout cas, elle avait déjà des idées en tête. « Je vais profiter du temps où la vérité n'est connue que de nous deux pour approcher Joos et Noah... ». Joos et Noah. Deux noms qu'il connaissait avant même de mettre un pied ici. Il secoua la tête, et serra un peu plus son amie dans ses bras. « Ok. » lâcha-t-il malgré lui. Il but une gorgée de bière. « Vas-y, faisons le point. Je suis prêt à t'entendre, maintenant que tu es soumise à notre pacte. » A dire vrai, Alejandro avait légèrement occulté tout ce que Sio lui avait raconté jusqu'à maintenant. Pas parce qu'il ne voulait pas l'aider. Au contraire, il voulait l'aider. Mais simplement parce qu'il était effrayé, complètement paniqué à l'idée de la perdre.

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Depuis que Siobhan avait appris la mort d'Anna, elle, s'était de l'intérieur qu'elle se mourait. Son cœur semblait s'assombrir un peu plus chaque jour et son absence laissait un vide immense en elle, le fait qu'elles soient séparés depuis des années n'avait jamais rien changé. Elles étaient liées, elle se disaient tout, elles étaient inséparables malgré le fait qu'il y ait une planète pour séparer leurs pas. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'être anéantie qu'on ne fasse pas le lien même si c'était mieux pour elle, son cœur n'en était que plus douloureux. « Plutôt que de construire des écoles, soigner des gens, on devrait commencer par leur offrir des lunettes.. ». Siobhan eut un léger rire, Alejandro n'était pas son meilleur ami pour rien, il savait que son cœur se serrait et il tentait de lui offrir une bouffée d'oxygène, un léger rire, une petite pause dans son chagrin.

Siobhan ne savait pas trop ce qu'elle ferait si jamais elle découvrait la vérité. Certains soirs, elle s'imaginait sans mal abattre de sang froid la personne ayant fait cela, d'autres soirs, elle se disait qu'elle en serait incapable, ce qu'elle désirait c'était la vérité rien de plus. Cela dit, elle craignait que cette dernière pensée ne soit là que pour se rassurer, une fois sa soif de vérité assouvie, nul doute qu'un besoin de vengeance coulerait dans ses veines. Alors, en promettant à Alejandro de lui dire absolument tout ce qu'elle prévoyait, elle prenait le risque de l'emmener vraiment loin. Serait-elle capable de le mettre en danger ? Peut-être qu'au fond, cette promesse, ce pacte qu'elle ne pourrait jamais rompre était son garde fou, son moyen à elle de garder les idées claires. Alejandro ne la laisserait sans doute pas détruire sa vie en tirant à bout portant sur une personne, aussi monstrueuse soit-elle. « Et si tout le monde te déteste, on file, ok? Je ne veux prendre aucun risque, sio.. Je ne veux pas perdre encore quelqu'un. ». Elle hésitait à conclure ce pacte parce que c'était prendre le risque de partir bien plus tôt que prévu et elle était bien trop accrocher à cet espoir de vérité pour cela. « A condition que je n'ai aucune piste sérieuse... ». Elle lui tendait son petit doigt, espérant qu'il accepte les conditions. Siobhan ne voulait pas prendre le risque d'échouer, la peur ne pourrait pas la mener sur ce chemin.

La belle espagnole avait déjà une stratégie, ou du moins deux objectifs du nom de Joos et Noah. Elle savait que ce n'était pas très sain de se rapprocher d'eux sans montrer patte blanche mais, elle était trop déterminée pour écouter cette petite voix qui lui disait qu'elle faisait erreur. « Ok. ». Alejandro acquiesçait un peu parce qu'il n'avait pas tellement d'autres choix. « Vas-y, faisons le point. Je suis prêt à t'entendre, maintenant que tu es soumise à notre pacte. ». Elle ne put s'empêcher de glousser avant de boire un peu de bière, pour un peu si ce n'était pas si sérieux, elle aurait pu croire qu'ils jouaient au super espion. Cette idée la berça quelques secondes dans les parfums de leur enfance. Combien de fois avaient-ils espionnés les voisins sans scrupule ? Combien de fois Anna avait-elle prétendue qu'ils étaient avec elle et que non, ce n'était pas eux qui regardait pas les fenêtres avant de piquer un truc, en guise de signature. « Anna s'est disputé avec Joos le soir de sa mort, parce qu'elle a reçu des messages d'un autre homme... des messages assez explicites. Sauf qu'elle n'a pas été voir ailleurs, Joos ne l'a pas cru évidemment. Elle est partie en larme, elle m'a appelé et après plus rien... ». Plus rien, après elle était morte, après, c'était le trou noir, après elle ne savait pas ce qui s'était passé. « Mais je ne crois pas que ce soit Joos... une intime conviction. Avec tout ce qu'Anna m'a dit de lui, je ne le vois pas capable de tuer, je crois qu'il irait plutôt pleurer sur l'épaule d'un de ses babouins, tu vois ? Par contre Noah... j'ai plus de doute. C'est cliché l'ex petit ami jaloux... mais, je le sens pas. Je crois qu'il aimait toujours Anna et que ça faisait trop longtemps qu'il contenait sa colère... bien sûr tout ça n'est que fabulation pour le moment... ». Pour le moment, parce qu'elle allait fouiller, elle était prête à soulever les pires secrets. bière avant de s'installer à nouveau au creux de ses bras.

Siobhan était pénible. Cela faisait maintenant vingt-cinq ans qu'il la connaissait, et cela faisait vingt-cinq ans qu'il le disait. Siobhan était, est et restera toujours pénible. Il fallait toujours qu'elle change toutes les règles. Déjà petite, elle changeait les lois de leurs jeux. C'était limite quand elle voyait qu'elle perdait, qu'elle disait alors « celui qui perd gagne! ». Et là, Sio' essayait encore de s'en sortir. « A condition que je n'ai aucune piste sérieuse... ». Elle espérait. Mais Alejandro n'avait pas envie de prendre le moindre risque. Si ça chauffait, si les gens se rendaient compte qu'ils n'étaient pas ici par pur bénévolat, l'espagnol ne voulait pas qu'ils restent. Anna avait été tué. Elle n'était pas morte noyée, ensevelie sous un glissement de terrain, ou morte par maladie. On l'avait tué. Quelqu'un avait décidé de sa mort; quelqu'un lui avait ôté la vie, et cette personne-là était encore en liberté, quelque part. Le jeune homme ne voulait pas que Sio agrandisse la liste des personnes tuées en Afrique du Sud. Jamais.
Alors, il observa une seconde le petit doigt tendu de Sio, placée à quelques centimètres du sien. Ses yeux se reposèrent sur la demoiselle, et ajouta. « Cette condition n'est pas acceptée. » Il attrapa alors le petit doigt de Sio, et l'entoura du sien. Voilà, le pacte était signé au moins, et tant pis pour sa condition ! « De toute façon, je ne te laisserai pas le choix. »
Il but un bout de sa bière. Il ne voulait pas prendre de risque. Et comme il ne voulait pas, il ne le fera pas. Alejandro marchait à l'envie. Si quelque chose l'ennuyait, il ne le faisait pas : c'était une des raisons pour laquelle la vaisselle n'était pas souvent faite. La seule chose qu'il n'avait pas envie de faire et qu'il avait du malheureusement réalisé, c'était venir ici, en Afrique du Sud. Mais c'était pour la bonne cause : il n'avait plus envie de voir les larmes de sa meilleure amie couler sur ces joues.

Il lui demanda alors ce qu'elle savait, histoire de se remémorer un peu toute cette histoire, et surtout, histoire que Sio partage. Il avait peur qu'elle l'oublie, et qu'elle ne garde ces idées, ces opinions pour elle. Là, elle serait en danger. Et il ne voulait évidement pas ça. En entendant glousser Sio, alej' ne put s'empêcher de rire. Ils étaient James Bond et sa James Bond girl. « Anna s'est disputé avec Joos le soir de sa mort, parce qu'elle a reçu des messages d'un autre homme... des messages assez explicites. Sauf qu'elle n'a pas été voir ailleurs, Joos ne l'a pas cru évidemment. Elle est partie en larme, elle m'a appelé et après plus rien... ». A ce moment-là, Alej caressa le bras de sa meilleure amie.« Mais je ne crois pas que ce soit Joos... une intime conviction. Avec tout ce qu'Anna m'a dit de lui, je ne le vois pas capable de tuer, je crois qu'il irait plutôt pleurer sur l'épaule d'un de ses babouins, tu vois ? Par contre Noah... j'ai plus de doute. C'est cliché l'ex petit ami jaloux... mais, je le sens pas. Je crois qu'il aimait toujours Anna et que ça faisait trop longtemps qu'il contenait sa colère... bien sûr tout ça n'est que fabulation pour le moment... ».
Les amours d'Anna sont un peu les amours de « Amour, Gloire et Beauté », sauf que ça se passait dans la pauvreté et la savane. Il soupira un coup, et serra un peu plus sa meilleure amie dans ses bras. « Tu imagines plutôt le crime passionnel du coup.. Mais tu crois que si il l'aimait, il serait capable de faire ça? » Le regard dans le vide, Alejandro imaginait la scène. Il s'imaginait Noah avec Anna. Il l'imaginait s'approcher d'elle, et.. Il s'interrompit. « Comment on peut faire ça quand on aime quelqu'un? C'est un truc que j'ai toujours eu du mal à comprendre. » Ces paroles, dites à voix haute, étaient plus pour lui que pour Sio. Ses yeux se posèrent sur elle. « Tu comptes faire quoi? »

Please, stay here for me... - FT. Alejandro.

Siobhan essayait comme elle pouvait de poser ses conditions, elle ne voulait pas prendre le risque de devoir quitter l'Afrique du Sud trop vite, de passer à côté de la vérité. « Cette condition n'est pas acceptée. ». Elle eut à peine le temps de faire un regard de chien battu que déjà, il attrapait son petit doigt pour scellé le pacte. « De toute façon, je ne te laisserai pas le choix. ». La jeune femme fit une moue boudeuse, elle n’aimait pas perdre mais surtout elle avait peur de devoir rompre cette promesse, ce qui très honnêtement ne lui plaisait pas. Mais comme c'était Alejandro et qu'elle l'aimait depuis vingt-cinq ans, un sourire fit bien vite son retour, éloignant tout signe de mécontentement, elle lui pardonnait parce qu'elle savait ce qu'il ressentait.

Alejandro la serra un peu plus dans ses bras alors qu'elle venait de lui dire ce qu'elle savait et ce qu'elle imaginait surtout, parce que malheureusement pour toutes les théories qu'elle avançait, elle n'avait aucune preuve. Cela dit, elle allait en trouver, elle allait fouiller, elle n'allait pas en démordre, elle avait bien trop besoin de ça pour abandonner maintenant qu'elle était là. « Tu imagines plutôt le crime passionnel du coup.. Mais tu crois que si il l'aimait, il serait capable de faire ça? ». Un crime passionnel, ça sonnait presque comme quelque chose de trop doux à ses oreilles mais malheureusement c'était l'idée, celle qui s'était ancrée en elle depuis un moment déjà. « Comment on peut faire ça quand on aime quelqu'un? C'est un truc que j'ai toujours eu du mal à comprendre. ». La belle espagnole haussa les épaules d'un air blasé, même si elle était militante des droits de l'homme et notamment du droit à la vie, si elle croyait qu'il y avait du bon dans l'humanité, elle savait trop bien qu'il n'y avait pas que ça et la cruauté humaine ne l'étonnait même plus. C'était comme si au fond d'elle, elle avait parfaitement conscience qu'en répondant à des pulsions, tout à chacun pouvait gommer toute limite, sans exception. « Tu sais, la colère, la jalousie, ça peut pousser à faire des choses horribles. Peut-être qu'Anna l'a poussé à bout ? Peut-être qu'elle lui a balancé les pires horreurs qui soient ? Ce n'est pas le genre d'Anna mais elle était si mal ce soir là que... elle aurait pu faire n'importe quoi. ». En tout cas, Siobhan l'avait ressenti ainsi quand elle l'avait eu en larmes en téléphone et toute la nuit, elle n'avait pas été tranquille, elle craignait que sa sœur fasse une bêtise. Elle ne savait pas si sa sœur avait fait une bêtise mais ce qui était certain c'est qu'elle n'avait pas passé la nuit.

« Tu comptes faire quoi? ». La question de son meilleur ami la tira de ses pensées sordides. Ce qu'elle comptait faire?A vrai dire elle n'avait pas de plan définit en tête mais une idée de où elle voulait chercher. « Je vais tenter de fouiller dans le bureau de Noah. Je ne sais pas ce que j'imagine trouver, je le saurais quand je le verrai... c'est ce que disent tous les flics des séries bidons. ». Elle eut un léger rire, il fallait bien détendre l'atmosphère même si elle était très sérieuse sur ses intentions.

Un crime passionnel était une chose inconcevable aux yeux de l'espagnol. Comment, par amour, pouvait-on arriver à tuer quelqu'un? Comment l'amour pouvait rendre aveugle à tel point qu'on en oublie la beauté de la vie humaine? Comment l'amour pouvait faire perdre la raison d'une personne? Lorsqu'il fit part de son incompréhension à sa meilleure amie, il la vit hausser les épaules. Elle non plus ne devait pas comprendre. « Tu sais, la colère, la jalousie, ça peut pousser à faire des choses horribles. Peut-être qu'Anna l'a poussé à bout ? Peut-être qu'elle lui a balancé les pires horreurs qui soient ? Ce n'est pas le genre d'Anna mais elle était si mal ce soir là que... elle aurait pu faire n'importe quoi. ». Il essayait de comprendre. Il pouvait imaginer Joos -du moins, il imaginait un bonhomme vu qu'il ne connaissait pas encore réellement ce fameux Joos- jaloux. Il imaginait Anna lui dire des choses vexantes, énervantes avec la fougue des espagnols. Serait-ce à cause de ça qu'on lui aurait ôté la vie? Juste pour un sentiment malheureux qu'il n'aurait pas réussit à calmer?

Alejandro secoua la tête. Non, décidément, c'était une chose impossible à comprendre. « Quand quelqu'un t'énerve, quand quelqu'un te balance des choses horribles, tu ne le tues pas pour ça. Tu te barres. Tu le laisses, et c'est tout. T'imagines si je réagissais comme ça ? Tu ne serais plus de ce monde depuis un moment ! » fit-il alors, avec un petit sourire pour dédramatiser légèrement le drame de la vie de Sio. Ils ne s'engueulaient pas souvent avec Sio. Souvent, c'était pour des broutilles ; la vaisselle qu'Alej ne voulait pas mettre dans l'évier, le ménage qu'il ne voulait pas faire. Parfois, c'était plus violent. La dernière en date était justement l'engueulade qu'ils avaient eu avant de venir ici. Alejandro avait accepté, puis était revenu sur sa décision. Il avait refusé de venir en Afrique du Sud, préférant aller ailleurs pour préserver Sio. Ils s'étaient engueulés comme deux personnes butées, et têtues au possible, et ne s'étaient reparlés qu'une journée plus tard (ce fut l'une des journées les plus longues de sa vie).

Enfin, l'espagnol demanda ce qu'elle comptait faire. La réponse de sa meilleure amie l'amuse, alors même qu'il but une gorgée de sa bière. « Je vais tenter de fouiller dans le bureau de Noah. Je ne sais pas ce que j'imagine trouver, je le saurais quand je le verrai... c'est ce que disent tous les flics des séries bidons. ». Elle se mit à rire doucement, lui aussi. Amusé par la réflexion, il reposa son regard sur elle, et ajouta alors. « très bien capitaine. » Il faisait comme si il parlait à un de ses collègues, gendarme. Néanmoins, bien qu'il s'amusait, il stressait. Il trouvait celà très dangereux, alors il ajouta.« Par contre capitaine, cette mission est un peu trop dangereuse pour vous toute seule. Pour une patrouille, on est toujours deux, non? Alors, je t'accompagnerai. » Et parce qu'Alejandro était têtu, Sio n'aurait pas le choix. C'était soit avec lui, soit il l'en empêcherait. On ne sait jamais. Ce Noah pouvait être un fou. Il pouvait être le meurtrier d'Anna. Il pouvait très bien devenir celui de Sio.