♣ Parles nous un peu de toi ? Maxyne, c’est la fille un peu étrange qui joue au foot pieds nues dans la poussière avec ces enfants qui n’ont pas eu de chance dans la vie. C’est cette fille qui leur enseigne les chansons des Beatles en chantant le plus faux possible pour leur arracher des rires. Elle est celle que les autres bénévoles regardent avec un mélange d’amusement et d’agacement. Pour la majorité, elle n’est que cette gamine qui se croit femme, celle qui ne comprend pas la misère qui l’entoure. Comment le pourrait-elle, elle la petite fille de riche qui a grandi avec une cuillère d’argent dans la bouche? Bien que consciente de ce que l’on raconte dans son dos, la brunette est loin de vouloir changer la chose, elle préfère de loin cette réputation que ce que l’on pourrait raconter si on venait à savoir qu’elle n’est rien d’autre que la fille d’un meurtrier. Parce que qui sait ce que pourrait faire le rejeton d’un tueur en série? Une étiquette qu’elle a portée si longtemps qu’elle est soulagée de ne pas avoir à la porter ici. Néanmoins, Max est beaucoup plus complexe que ce que peuvent croire ses collègues de travail. Complexe et simple à la fois. Pour elle, tout est blanc ou noir, tout est chaud ou froid. Il n’y a pas de demi-mesure, pas de teinte de gris. En dehors des foules et de l’innocence des enfants, son monde semble se résume à la noirceur de son enfance, aux dommages causés par une vie de mensonges et de jugements. Dans l’intimité, Maxyne est quelqu’un de silencieux, qui n’aime pas parler de sa vie privée, donc les conversations se résument à la pluie et au beau temps, au travail, aux trucs si banals qu’elle peut paraître ennuyeuse. Par association, elle n’est pas de ces gens qui ont des tas d’amis, qui aiment les foules. Il ne serait pas difficile de la qualifier de solitaire. Mais en même temps, ne serait-il pas facile de la qualifier de plein d’adjectifs? Sensible, émotive, déterminée, entêtée, voire même butée par moment. Tout cela pourrait être utilisé pour décrire la jeune femme. Elle n’aime pas rester dans l’ignorance, regarder les autres la pointer du doigt pour ses erreurs. Parce que des erreurs, elle en fait des tas. J’imagine, que c’est quelque chose de totalement normal chez quelqu’un d’aussi imprévisible qu’elle, d’aussi spontanée et irréfléchie. La brunette a cette manie détestable d’agir sans réfléchir aux conséquences de ses actes, se fiant beaucoup plus à ses émotions qu’à sa raison. Ce qui lui cause souvent plus de soucis qu’autre chose. Elle se souvient encore de l’époque où ces psychologues engagés par sa mère disaient que cette caractéristique  pourrait éventuellement la conduire à un comportement semblable à celui de son paternel, qu’elle devait apprendre à réfléchir avant d’agir. Bonne nouvelle pour elle, la vue du sang la rend malade, donc pas de meurtre pour elle, vraiment. Max est également quelqu’un avec le cœur sur la main, qui est incapable de regarder les autres souffrir sans agir, bien qu’elle n’ait pas toujours la patience pour gérer les soucis des autres. Ce qui est un peu ironique pour une assistante sociale. Parlant d’ironie, il s’agit là du moyen de défense par excellence de la belle. Si elle commence à être un peu piquante envers vous, c’est que vous êtes trop près de ses émotions, de ce qu’elle préfère cacher sous la carapace de fille trop gentille, trop énergique. Car avec Maxyne, ce n’est que ça, une façade pour cacher à quel point elle est endommagé en réalité, parce qu’elle n’arrive toujours pas à accepter à quel point elle peut être fragile et vulnérable, incapable de gérer les émotions toujours trop prenante qui s’emparent d’elle sans prévenir.

♣ Pourquoi avoir posé tes valises en Afrique du Sud ? C’était un coup de tête, quelque chose d’irréfléchi. Une destination pointée au hasard sur carte. C’était un jeu, quelque chose qu’elle aurait fait avec des copines si elle en avait eu. Ce n’était qu’une décision qu’elle a prise comme ça un beau matin, comme elle l’aurait fait pour n’importe quoi. Elle avait eu besoin de s’évader, de s’éloigner de ce pays qui l’avait vu souffrir, qui l’avait fait souffrir. Elle avait besoin de s’éloigner de ces gens qui la regardaient avec cet air de dégoût dans les yeux, un air de dégoût qu’elle méritait, d’une certaine façon. Après tout, son père avait terrorisé un État en entier pendant des années. Elle a simplement fait ses valises, s’était pointée à l’aéroport et avait pris le premier vol disponible. Cela n’a rien de romantique ou de charmant, ce n’est pas une histoire d’amour qui fait en sorte qu’elle est là, juste le hasard, rien d’autre.  

♣ Pourquoi avoir choisi Giving For Africa pour faire ton bénévolat ? Contrairement à grand nombre de gens, Maxyne a été frappé par la souffrance qu’elle voyait dans les rues de Johannesburg. Elle voyait ces touristes trop émerveillé, trop transporter par leur voyage et leur planning pour réaliser à quel point les choses n’étaient pas aussi merveilleuses qu’ils le croyaient. Ce ne fut pas son cas. Peut-être parce qu’elle n’avait rien de ces gens qui se baladent d’un pays à l’autre dans le but de voir du paysage et de passer du bon temps. La réalité était qu’elle ne savait pas trop quoi faire, maintenant qu’elle était là. Elle fut donc la  gamine avec son sac à dos qui pointa le bout de son nez, demandant s’ils avaient besoin de son expertise. On ne fait pas plus simple que cela, en réalité.

♣ Quelles ont été tes premières impressions en arrivant sur place ? Dépaysée. C’est sans doute le premier mot, la première sensation qui lui est venu à l’esprit lorsqu’elle a mis les pieds au centre de Giving for Africa. C’était sans doute la sensation qui l’avait envahi quand elle est descendue de l’avion et qu’elle a regardé autour d’elle. Et si elle est honnête avec elle, elle devait s’avouer qu’elle était… apaiser. Que ce sentiment d’être étrangère, de ne plus avoir aucun repère, c’était comme si tous les sentiments négatifs qui avaient empoisonnés sa vie jusque-là n’avait plus aucune importance, qu’ils n’existaient plus. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait légère. Et cette sensation, elle s’y accroche de toutes ses forces. Elle réalise qu’ici, elle peut être plus que la fille d’un sociopathe, que malgré son enfance désastreuse, elle est quand même plus chanceuse que ces enfants avec qui elle sympathise tous les jours.

♣ Comptes-tu prolonger ton séjour parmi nous ? Peut-être que oui, peut-être que non. Avec elle, rien n’est jamais certain, rien n’est jamais prévu d’avance. Tout n’est qu’une succession de décision prit à la va-vite, sans réflexion faites à l’avance. Pour le moment, cependant, Max n’a pas vraiment l’intention de bouger, de retourner aux États-Unis ou de faire de tours de l’Europe. Donc oui, pour le moment, elle songe à s’éterniser un peu, mais dieu sait jusqu’à quand.