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 Réconcilions-nous !

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Lucy Saroyan
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L'ANCIENNE EFFRONTEE
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MessageSujet: Réconcilions-nous !    Réconcilions-nous !  EmptySam 4 Avr - 10:04



“ ♦ Réconcilions-nous ! ♦ „

( Lucy & Noah )

« Salut beau gosse » Je me tenais dans l'embrasure de la porte du bureau de Noah. J'avais pris mon courage à demain et décidé de briser la glace. Une main sur la poignée, l'autre sur ma hanche, j'arborais mon plus beau sourire d'ex star de la jet set londonienne. L'espace de trente secondes, je voulais que Noah vois celle que j'étais avant notre dispute, avant Samuel. Noah ne savait rien de la naissance de mon fils, pour lui comme pour le reste du monde, Samuel était mon frère. Produit tardif d'un mariage qui ne fonctionnait plus dans le but d'une réconciliation. Sur ce dernier point, je devais bien admettre que ça avait plutôt fonctionné. Samuel n'était pas leur fils (plutôt leur petit fils) mais il avait vraiment servi à rapprocher mes parents. A moins que ce ne soit l'inquiétude qu'ils avaient pour moi à l'époque, en tout cas, ça avait marché vu que dix ans plus tard mes parents étaient toujours mariés et ne se disputaient plus (ou pas plus que n'importe quel couple). Quand j'étais plus jeune et que je sortais en boite presque tous les soirs, ils n'arrêtaient pas de se crier dessus, mettant sur le compte de l'autre mon manque d'éducation et ma frivolité. Ceci jusqu'à ce que cette dernière atteigne son point de non retour et que je tombe enceinte en ne sachant même pas de qui. Au moins pouvait-on rayer de la liste Noah ! Il avait quatre ans de moins que moi, je n'avais donc jamais couché avec lui même s'il était arrivé que je flirtouille un peu juste parce que c'était drôle. On était bons amis à l'époque, c'était un jeu comme un autre. Je le voyais un peu comme un petit frère mais aussi parfois comme un ami, cela dépendait probablement de mon degré d'alcool dans le sang. Et puis, Samuel était né et on s'était fâché, ensuite j'étais restée prostrée sur moi-même et quand le monde extérieur avait recommencé à prendre forme à mes yeux, Noah avait grandi et il n'était plus là. Cela faisait donc dix ans que nous étions fâchés.

J'entrai dans la pièce sans y être invitée et je m'asseyais sur le bureau, repoussant mes cheveux derrière mon épaule. J'avais repris mon visage d'aujourd'hui, c'est à dire moins souriant et bien plus sérieux. Même quand je croisais les jambes, il n'y avait pas l'ombre d'une tentative de séduction dans mon regard. De toute façon, je n'étais pas là pour ça. Si je l'avais appelé « beau gosse » en arrivant, c'était parce que c'était comme ça que je l'appelais quand il était ado' et que moi j'étais une jeune adulte (encore qu'à bien y penser, je n'avais commencé à me comporter comme tel qu'après la naissance de Samuel). Je choisis de garder le silence quelques secondes, puis finalement, je me lançais : « Vu que nous travaillons et que nous vivons dans le même coin depuis plus d'un mois… je me suis dit que ça pourrait être sympa d'enterrer la hache de guerre, non ? » Je tentais un vague sourire. C'est qu'avec dix ans de passé, ce n'était pas facile de renouer les liens, mais le fait était que Noah était la seule personne que je connaissais « d'avant » dans tous les sens du terme. Et puis, j'étais venue ici pour me reconstruire, alors pourquoi ne pas commencer par reconstruire une amitié ? Surtout que dernièrement, en dehors du boulot, j'avais déjà survécu à une agression (j'en portais encore les traces sur mon bras et mon cou) et honnêtement, ne pas avoir d'ami à qui en parler sur le coup, ça avait manqué. Cela m'avait fait un choc de me rendre compte que quand je regardais mon répertoire, il n'y avait personne à qui j'avais envie de parler. Parce que aucune de mes connaissances de GFA ne pouvaient comprendre pourquoi j'étais sortie le soir. Je l'avais fait parce que j'étais plutôt une créature nocturne que diurne en dépit des apparences. Et ça, c'était bien le genre de choses qu'ici en Afrique du Sud, il n'y avait que Noah pour le savoir. Sauf que nous étions en froid depuis son adolescence… il fallait donc y remédier. Après tout, cette fois, nous étions tous les deux adultes, non ?

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Noah L. Mansfield
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LE PETIT CON
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MessageSujet: Re: Réconcilions-nous !    Réconcilions-nous !  EmptyDim 5 Avr - 0:24





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Il y avait des moments particuliers où Noah aimait encore plus tout ce qu'il pouvait faire pour le centre.  Où il se sentait réellement utile.  Cette journée en faisait partie. Le matin même il avait participé aux finitions de l'une des maisons en reconstruction à Soweto et il avait pu lire la joie sur le visage de la famille destinée à y vivre. Il savait qu'en matière de travaux, il n'était pas le plus doué ni même le plus présent mais il était heureux d'y avoir contribué. C'était pour ce genre de petit plaisir emplissant son coeur, qu'il comprenait pourquoi il était resté. Pourquoi depuis toutes ces années, il continuait de se lever chaque matin malgré les difficultés. Pourquoi il n'avait jamais baissé les bras même dans l'adversité. En retournant au centre, il en profita pour arrêter sa jeep quelques minutes au bord d'un sentier pour observer le paysage. Pour se nourrir de cette beauté s'étendant à perte de vue. Les yeux perdus dans l'horizon, il inspira à pleins poumons, humant l'air sec de la région avant de se remettre en route. Il n'était pas loin de Giving for Africa et il ne mit que peu de temps avant d'y arriver. Après avoir garé sa voiture, il marcha vers l'administration en direction de son bureau. Il n'était pas pressé de s'asseoir sur cette chaise mais il y était forcé.

Pénétrant dans la pièce, il laissa échapper un bâillement, il décida alors de se préparer du café. La journée risquait d'être bien longue encore. Les yeux rivés sur l'ordinateur à consulter ses mails, il fut interrompu par une voix féminine. Une voix féminine dont il se souvenait. Il n'y avait qu'une personne capable de le surnommer de la sorte avec un accent fortement britannique. Avec les années et à force de rencontrer des personnes de tous les pays, le sien avait fini par se dissiper mais pas celui de la femme qui venait de se faire entendre. Un léger sourire naquît sur les lèvres de Noah et il releva la tête pour être certain de ne pas s'être trompé. Il avait raison. Lucy. Il ne se souvenait pas de la dernière fois où ils s'étaient retrouvés dans la même pièce tous les deux. C'était des années auparavant dans la capitale anglaise. Tout d'un coup cela lui parût bien plus lointain. « Salut beauté », répondit-il avec un sourire en coin qui pour une fois n'avait rien de charmeur. Il l'observa du regard avec un air amusé sur le visage. Il avait la sensation de redevenir cet adolescent qui souvent fixait la jolie blonde avec envie et désir. Il était forcé de l'avouer, à une époque, elle avait représenté une sorte de fantasme innocent. Du haut de ses seize ans, cette attirance s'était vite dissipée mais elle avait existé même si cela n'avait pas duré.  Il se souvenait parfaitement de ces quelques fois où pour s'amuser, elle avait légèrement flirté avec lui, il ne s'était jamais retenu pour répondre à son jeu. Il avait même apprécié. Pourtant, l'un comme l'autre, ils savaient qu'entre eux il n'y aurait rien de tout ça. Il n'y avait eu que de l'amitié entre eux. Une amitié entre deux personnes se ressemblant sur bien des points malgré les quelques années les séparant. Deux personnes qui avec les années avaient changé. Lui en tout cas il avait changé. Il n'était plus le même qu'auparavant, le temps avait fait disparaître son arrogance adolescente et ses instincts de rébellion.  

Lorsqu'il vit Lucy s'asseoir sur le bureau, il ne put retenir un petit rire amusé. Il avait l'impression qu'elle était toujours la même mais il était certain du contraire puisqu'elle se trouvait ici en Afrique du Sud. Elle avait quitté son confort habituel pour quelque chose de moins luxueux et cela ne ressemblait pas à la blonde exubérante avec laquelle il avait passé de nombreuses soirées.  Lorsqu'elle prit la parole, son visage se ferma légèrement, ses traits se tendirent. Depuis le début, il savait qu'elle était à Giving for Africa, plusieurs fois il l'avait croisé au loin et à chaque fois il avait tenté d'aller la voir simplement pour lui parler. Simplement pour oublier toutes ces années d'absence et revenir en arrière, mais jamais il n'avait osé. De peur de ne pas savoir quoi lui dire. De peur qu'elle ne lui pardonne pas ses idioties passées. Il avait manqué de courage alors il était simplement resté en retrait, attendant qu'un évènement comme celui d'aujourd'hui finisse par se produire. Espérant sûrement que pour trouver les mots, elle serait meilleure que lui. Dix années qu'ils n'avaient pas échangé la moindre parole, dix années qu'une dispute sans importance avait mis fin à leur amitié. Noah n'en était pas vraiment fier, sachant pertinemment qu'il en était le principal responsable. C'était son comportement qui avait provoqué tout ça, il en était l'unique coupable. Pourtant il était heureux de la voir ici dans son bureau. Même si le sourire sur les lèvres de Lucy avait disparu, elle apportait de la bonne humeur dans la pièce. Il la regarda, faisant semblant de réfléchir avant de lui répondre. « Tu penses que je t'en veux toujours d'avoir remis à sa place le petit con que j'étais ? C'est du passé tout ça tu sais. J'ai fini par mûrir avec les années », dit-il sincèrement. Il ne lui en avait jamais voulu, il était l'unique coupable de cette dispute. C'était étrange et un peu rassurant pour lui de retrouver une personne le connaissant de cette époque proscrite. Tout était si différent à présent. Mais cela n'avait pas d'importance pour le moment. Doucement, il déplaça son siège juste en face de Lucy pour faciliter la conversation.  Le silence s'installa quelques secondes, les deux anciens amis paraissant perdus dans leurs pensées ou n'osant guère parler. «Tu fais quoi en Afrique du Sud? Pas que ça ne me fasse pas plaisir mais ça me surprend. », finit-il cependant par demander avec une certaine curiosité. Evidemment, il avait regardé dans son dossier mais il n'avait pas trouvé les réponses dont il avait besoin. Il voulait simplement comprendre ce qui avait pu l'amener ici car jamais il ne l'aurait imaginé vivre dans un pareil pays. Commencer par les questions banales était une façon comme une autre de rattraper le temps perdu.



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Lucy Saroyan
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MessageSujet: Re: Réconcilions-nous !    Réconcilions-nous !  EmptyLun 6 Avr - 18:39


Je me souvenais, pour ma part, parfaitement de la dernière fois où je m'étais retrouvée dans la même pièce que Noah. Comme tant d'autres à l'époque, il avait essayé de savoir ce qui m'arrivait. Nous étions dans la cuisine de mes parents. Je l'avais laissé entrer, grave erreur. Il avait commencé à me parler, à dire qu'on ne me voyait plus, que depuis mon retour de Suisse j'avais changé. Il voulait savoir pourquoi. Moi je n'avais pas envie de répondre. Je tenais une tasse de thé entre mes mains et je le regardais d'un air vide me dire des mots qui étaient complètement creux et vides de sens parce que je ne pouvais pas lui dire ce qui se passait. Et même si j'avais pu, je ne l'aurais pas fait, parce qu'à l'époque, parler était trop difficile. Je me souvenais même comment j'étais habillée, un bas de jogging, un débardeur à bretelle et un châle sur les épaules, mes cheveux n'étaient pas coiffés et je les avais attaché avec une grosse barrette pour tenter de cacher la misère, en vain. J'avais la tête d'une fille qui n'était pas sortie depuis des semaines, c'était le cas. Et je me remettais encore de l'accouchement. Il n'avait pas été spécialement dur physiquement, j'avais retrouvé ma ligne facilement (il faut dire que je mangeais à peine), mais psychologiquement, j'étais anéantie. Et Noah insistait du haut de ses seize ans. Il voulait savoir. Il voulait comprendre. A la fin, j'ai relevé la tête vers lui, je l'ai foudroyé du regard et je lui ai dit qu'il était bien trop prétentieux de prétendre pouvoir comprendre ce que j'avais. La colère montant et lui me répondant du tac au tac au lieu de se taire, j'avais fini par lui hurler dessus. Je lui avais jeté ma tasse (mais en ne le visant pas lui, elle avait donc atterri à moitié vide contre le mur) et je lui avais crié que je ne voulais plus le voir.

Efficace puisqu'il avait fallu dix ans pour que nous reprenions un semblant de conversation. Au passage, je n'ai jamais plu envoyé de tasse à la figure de personne, réflexion faite après coup, c'était une réaction disproportionnée et si j'avais mal visé, j'aurai pu le blesser. J'ai souvent regretté mes actes et mes paroles depuis, mais le temps que je rouvre les yeux sur le monde et que je m'aperçoive de la gravité de notre dispute, Noah n'était plus à Londres. C'était peut-être difficile à croire quand on me voyait dix ans après, mais il m'avait fallu presque quatre ans pour sortir de mon mutisme et recommencer à vivre normalement. Durant toute cette période, la seule chose que j'avais faite de constructif était d'étudier et de passer mes partiels. J'ai même écrit mon mémoire à cette époque, et puis je suivais une thérapie. Mais ça a été un très long processus pour ne plus souffrir à chaque fois que je voyais Samuel. Et puis un jour, je ne sais plus vraiment quand, j'ai eu le déclic. Il était là, devant moi, il allait bien, il avait tout ce qui lui fallait dans la vie. Il n'avait pas besoin de moi, en tout cas pas de celle que j'étais, alors j'ai essayé de devenir meilleur. J'y travaille encore car à Londres, si j'ai fini par sortir de mon trou, je n'ai jamais réussi à trouver un bon équilibre mental. J'étais tout le temps au bord du précipice à essayer de ne pas tomber. Heureusement, depuis que j'étais sur un autre continent, je commençais à pouvoir pointer du doigt ce qui provoquait ce malaise. Partir avait été la meilleure décision que j'ai jamais prise, même si elle m'éloignait de mon fils de manière encore plus radicale.

J'avais souri quand il m'avait dit « beauté ». Non que j'ai besoin qu'on flatte mon ego, c'était seulement que ça me rappelait de bons souvenirs. Même si Noah appartenait à un passé que j'essayais d'effacer, il me rappelait les bons aspects de ma vie de l'époque. Tout était tellement plus simple et plus drôle… et du fait que nous ayons toujours été simplement amis, je ne me sentais pas obligé de l'oublier, parce que avec lui je n'avais jamais fait de bêtise. Il n'était pas un des (trop) nombreux pères potentiels de mon fils. J'avais fait la liste une fois, même en restreignant fortement les dates j'avais au moins cinq pères possibles. Cela ne me rendait pas fière du tout, au contraire, ça faisait naître en moi un sentiment de honte.

« Je suis contente de l'apprendre… Mais j'ai toujours regretté notre dispute. Je n'aurais pas du te crier dessus ce jour-là… je suis désolée, je n'étais pas moi-même à l'époque. » Et ce n'était pas un secret, même s'il ignorait pourquoi, il avait bien dû s'en rendre compte, et même maintenant, avec du recul, il devait bien voir que ce jour-là, ça avait dérapé parce que je n'étais pas prête à la discussion. Je n'ajoutais pas que j'avais mis longtemps à me remettre de cette période. Quand il avait quitté Londres, j'étais encore enfermée dans ma chambre ou dans la bibliothèque universitaire. Ça coulait donc de source. Il me demanda alors pourquoi j'étais là, non pas dans son bureau car ça, il avait bien compris, mais plus généralement à Giving for Africa.

« J'étouffais. » Avouais-je doucement en lui tendant les mains pour qu'ils les prennent comme lorsque nous étions jeunes et que nous nous faisions des confidences. « J'ai vraiment essayé de m'adapter à la vie que mes parents avaient construit pour moi, mais je n'y suis pas parvenue. Alors je suis partie le plus loin possible. Et dans mes possibles, il n'y avait quasiment que Giving of Africa. » Parce que mes parents n'avaient pas très bien pris mon projet et qu'ils étaient parfaitement capable de me mettre des bâtons dans les roues en dépit du fait que je sois majeure depuis longtemps. Le fait que Frans dirige GFA et qu'il soit l'ami de ses parents était ma bouée de secours. Je l'avais attrapée et j'étais partie. « Mais je fais une bonne bénévole, tu es bien placé pour le savoir. » Je lui souris gentiment. J'étais contente qu'il accepte de me parler, c'était réconfortant… surtout après mes aventures des dernières semaines.

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Noah L. Mansfield
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MessageSujet: Re: Réconcilions-nous !    Réconcilions-nous !  EmptyJeu 9 Avr - 19:39





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Noah n'avait jamais été le plus doué pour les relations sociales. Dans son enfance, il était le petit garçon incapable de se mêler à un groupe, cherchant sa place dans ce monde bien trop grand pour lui. Puis avec les années, il avait fini par se forger cette carapace laissant apparaître de l'arrogance, peut-être même une sorte de suffisance. A partir de ces quinze ans, les disputes étaient devenues plus fréquentes entre les autres personnes et lui-même. Celle avec Lucy avait été l'une d'entre elles. Peut-être même la plus douloureuse. Il se souvenait de la relation que les deux anglais avaient pu entretenir. Cette amitié sincère entre deux personnes se ressemblant. Entre eux, il y avait cette complicité et ce lien étrange qui les rapprochait. Alors quand elle avait fini par changer, par ne plus être la même, par devenir une autre jeune femme, c'était son coeur qui s'était ébréché. Son incompréhension s'était extériorisée de la façon la moins délicate possible, il avait ainsi montré le côté le plus sombre de lui-même. Jamais il n'avait cherché à comprendre, préférant hausser le ton et  être désagréable. Le coup fatal avait été porté lorsqu'elle avait fini par lui ordonner de partir et de ne plus jamais revenir. Il avait mérité tout ce qui s'était produit.  « Ca arrive à tout le monde ce genre de choses tu sais. Et puis on peut dire que ce n'était pas ma meilleure époque. Je n'étais pas l'adolescent le plus compréhensif de l'univers et j'étais loin d'être compréhensif à cette époque. J'étais même plutôt du genre à m'entêter tout le temps donc bon j'avais des torts aussi dans cette histoire. » souffla-t-il sincèrement comme pour rassurer la blonde. C'était ce qu'il avait toujours pensé. Même si la raison de l'évolution de son ancienne amie était restée une interrogation en suspens, un mystère qu'il n'était pas parvenu à résoudre avec le temps. Il n'avait jamais su mais il y avait repensé plusieurs fois. Cherchant des réponses dans les tréfonds de son esprit.

Lorsque Lucy lui tendit les mains il se contenta de les prendre pour les serrer avec douceur dans les siennes. Ce rituel, qu'ils avaient lorsqu'ils étaient plus jeunes, avait un coup de nostalgie. Peut-être même de mélancolie et vint serrer sa poitrine. « Je comprends, j'ai fini par étouffer aussi en Angleterre et au final ça fait.. six ans que je suis venu ici.  », déclara-t-il simplement en tentant de masquer l'émotion dans sa voix. Inévitablement, un flot de pensées le traversa et ce fut ses parents qui se dessinèrent dans son esprit. A chaque fois qu'il était amené à évoquer l'Angleterre ou à parler de son départ de cette terre, qui l'avait abrité presque vingt-ans, c'était vers eux que ses songes venaient à se tourner. Ils étaient la première image à apparaître. Celle en mesure de le faire souffrir et de lui offrir des tourments nombreux et puissants. A chaque fois, il tentait de les chasser en se focalisant sur un aspect plus lumineux de son existence mais rien ne venait. Les souvenirs de sa mère et de son père étaient tout simplement trop violents pour être oubliés. Trop imprégnés dans son âme pour être effacés comme de la craie blanche sur un tableau noir.  Il espéra alors que Lucy n'avait pas pu constater que ses traits s'étaient tendus. Que la lueur dans ses yeux s'était éteinte pour céder sa place à un vide immense, faisant écho à la douleur silencieuse de son coeur. Leur dispute remontait à quelques années avant la mort de Peter et d'Andreas, il n'avait donc jamais su si elle avait été mise au courant. Peut-être avait-elle la chance de se trouver encore dans le flou, dans cet univers où le voile de l'insouciance était encore présent pour éviter le chaos et la destruction. Il aurait souhaité pouvoir en dire autant pour sa propre personne. Malheureusement, il était celui qui avait reçu l'appel mettant fin à tous ses espoirs. L'appel faisant exploser tout son univers sans lui laisser aucune chance de se reconstruire. Il avait été le dommage collatéral subissant la cruauté de l'humanité. Après les torrents de sanglots, c'était le désespoir qui s'était invité dans chaque parcelle de son être. Un sentiment si fort que plusieurs fois il avait cru ne pas être en mesure de survivre. Heureusement le centre géré par son oncle était apparu comme une issue de secours. Il avait été son ancre à laquelle il s'était accroché pour ne pas se laisser porter par l'obscurité. Avec le temps, Giving for Africa était devenu bien plus que cela à ses yeux. Bien plus important qu'il n'avait pu l'être par le passé. C'était une partie de lui-même, sans laquelle il était incapable de vivre. Sans laquelle il ne pouvait plus respirer à pleins poumons. A présent, chaque cellule de son corps ne battait plus que pour les heures passées à songer aux autres et non à penser à ses propres malheurs. Alors il comprenait le choix fait par Lucy, c'était la même direction qu'il avait pris. Son visage s'illumina de nouveau. « Tu as eu raison de partir, Giving for Africa fait une bonne bouée de sauvetage quand on a besoin. Les choses sont différentes ici, ce n'est plus du tout ce qu'on a pu connaître mais ça fait vraiment du bien. Ca apporte cette petite chose dont on peut avoir besoin je crois. » s'exclama-t-il en lui souriant légèrement. Dans son cas, c'était grâce au bénévolat qu'il n'avait pas coulé dans les ténèbres attirants, presque envoûtants. Il espérait simplement que dans le cas de son ancienne amie les problèmes étaient moins sordides. Moins définitifs et que quelques mois en Afrique du Sud seraient suffisants pour les résoudre. Pourtant, il n'osa guère lui demander, de peur de se montrer trop indiscret. De dépasser la limite du raisonnable. Changer le fil de la conversation par de l'humour semblait apparaître comme une meilleure solution. Bien plus agréable. « Je suis bien placé pour le savoir car tu faisais du bénévolat avec moi peut-être ? » demanda-t-il avec un grand sourire en coin. Evidemment, il l'embêtait comme il pouvait le faire par le passé, la taquinant pour la faire rire légèrement. Subitement ses yeux s'arrêtèrent sur le cou de la jeune femme, plus particulièrement sur une zone particulière plus colorée que le reste de son épiderme. Ce n'était pas normal. Ses iris ne purent se détacher de ces traces dont il ne comprenait pas la provenance.  « Tu t'es fait quoi à la nuque ?  »  l'interrogea-t-il en désignant du doigt la parcelle de peau où il avait pu remarquer les marques. De loin, elles paraissaient ressembler à des bleus mais inquiet il avait besoin d'en savoir plus. Il avait besoin qu'elle lui apporte la réponse pour que la voix dans son esprit cesse de le maltraiter.



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Lucy Saroyan
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MessageSujet: Re: Réconcilions-nous !    Réconcilions-nous !  EmptyLun 13 Avr - 10:16


Je ne savais pas si ça arrivait à tout le monde. A moi, ça n'était arrivé qu'une fois, avec lui, et je le regrettais depuis dix ans maintenant. Ce jour là, j'avais perdu un ami, un soutien possible. Peut-être que si j'avais pu lui dire la vérité… mais non. Mon coeur se serra, même maintenant, je ne pouvais toujours pas lui raconter ce qui s'était passé. Je ne pouvais pas lui parler de Samuel. Pourtant j'avais tellement envie de le dire à quelqu'un. Pas à un psychologue, ça je l'avais fait, mais à quelqu'un qui m'avait connu à l'époque et qui pouvait comprendre mon mal être actuel. J'avais été la honte de mes parents, ça, je pouvais vivre avec, mais j'avais aussi été une tâche de suie dans leur monde blanc et uniforme à mes yeux aussi. Parce qu'ils m'avaient quand même élevé et qu'ils m'avaient aidé à leur manière… mais qu'à 20 ans j'étais incapable de vivre sans eux. J'étais encore une petite fille capricieuse, incapable de vivre seule. J'avais dix ans de plus maintenant. Avais-je changé ? Mes parents avaient toujours un poids important dans mon existence, mais pour la première fois j'avais pris une décision raisonnable me concernant en partant de Londres. « Je me souviens… en fait… je me souviens de tous les détails de ce jour-là. Mais j'ai mis trop de temps à sortir de ma torpeur… et après… tu n'étais plus là. » Tout simplement. Une relation amicale stable s'était réduite à rien en l'espace d'une dispute. Puis, après, recoller les morceaux était devenu bien trop compliqué, surtout que j'avais appris ce qu'il était arrivé aux parents de mon ami et que je ne savais pas quoi en dire. Oh ! En théorie, je pouvais aider les gens à gérer le deuil, mais c'était bien plus simple avec des inconnus qu'avec des proches, surtout des proches avec qui vous êtes fâchés. J'avais voulu envoyer une carte, mes parents l'avaient déjà fait, alors je m'étais dégonflée. Encore une fois. Une seconde fois. Et de nouveau plusieurs années s'étaient écoulées jusqu'à ce que nous nous retrouvions enfin.

« Oui… Je sais... » Soufflai-je alors qu'il mentionnait le temps depuis lequel il était là. « J'ai eu de tes nouvelles… par d'autres. » Je faisais cet aveu de la manière la plus neutre possible. Il y avait des choses que je ne pouvais pas lui dire et je comprendrai qu'il en soit de même de son côté. Surtout que nous étions encore au stade de la réconciliation. Je me contentai donc de lui serrer brièvement les mains et de les frotter avec mon pouce doucement. Maintenant qu'on s'était retrouvé, on pourrait peut-être s'aider. Peut-être que je pourrai lui dire la vérité… mais pas aujourd'hui, ça c'était certain. Je n'étais pas prête, et puis, je ne savais pas encore si je pouvais totalement lui faire confiance. C'est ça de se perdre de vu pendant dix ans, on n'a plus vraiment de repère.

« Exactement, je me sens mieux depuis que je suis ici, même si je suis encore un peu surveillée par mes parents à distance… mais bon, je fais avec, ça part d'une bonne intention. » Même si je ne prenais pas forcément très bien le fait qu'ils se mêlent de ma vie alors que j'avais changé de continent pour prendre l'air, je comprenais leur inquiétude. J'avais été tellement mal pendant plusieurs années qu'on ne pouvait pas vraiment dire que je sois totalement fiable, surtout que ça n'était pas si vieux finalement, ces dix dernières années étaient passées en un éclair. Quand je voyais mon fils maintenant, je me disais que j'avais vraiment loupé plein de choses, surtout lors de ses quatre premières années. C'était normal qu'on ne me fasse pas confiance, je n'avais rien fait pour la mériter, mais c'était aussi pour ça que j'étais partie. Pour trouver une Lucy dont je pourrais être fière. Et dans le bénévolat, je trouvais que je me débrouillais pas mal, même si j'avais quelques frictions avec les patients envoyés de force par l'armée, mais c'était un autre sujet.

« Oui, d'ailleurs, on est super doués pour éviter les gens car on n'a quand même réussi à ne pas se voir pendant plusieurs semaines alors que tu gères les bénévoles. » Mon rire s'égrène dans la salle sans aigreur, le ridicule de la situation prenant le pas sur mon mal être. Mais ce dernier remonte à la surface lorsque Noah pointe du doigt les marques sur ma nuque. Par réflexe, je mets la main qu'il a lâché pour faire ce geste à l'endroit qu'il désigne et je baisse les yeux. Je suis encore honteuse de mon manque de vigilance. « On m'a attaqué lors d'une sortie en ville. Un soldat qui travaille souvent dans le coin m'a repéré et m'a sauvé, mais l'autre était une vraie brute alors j'en ai gardé quelques traces. » Je hausse les épaules, tâchant au maximum de dédramatiser cette situation. « La prochaine fois que je veux sortir, je demanderai à être accompagnée. » Et je ris de nouveau mais cette fois, c'est un peu forcé, je le sais bien.

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MessageSujet: Re: Réconcilions-nous !    Réconcilions-nous !  EmptyMar 14 Avr - 22:39





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La culpabilité n'avait jamais été une émotion très développée chez Noah lorsqu'il était plus jeune. Avec son insouciance légendaire, il avait pris la mauvaise habitude de ne jamais se soucier des autres. De venir même à les oublier tant que son bonheur était préservé. C'était ainsi qu'il fonctionnait, nullement gêné à l'idée de blesser des âmes pures par quelques paroles désagréables ou par des gestes méprisables. Il était ainsi et parfois même avec ses amis, il venait à oublier les règles de la bienséance. C'était ce qu'il avait fait avec Lucy. Il avait franchi des limites supposées être infranchissables, occultant les sentiments de la jeune femme pour se focaliser sur ses propres tourments. Sur son propre mal être sans songer à celui de son amie. C'était son comportement qui avait entraîné leur dispute. Une dispute qui avait mis fin à une réelle amitié. En apparence, il était difficile de les imaginer tenant l'un à l'autre, avec leur apparence reflétant plus la superficialité que la sincérité. Pourtant cela avait été le cas. Dans leur imperfection constante, ils s'appréciaient plus qu'il était possible de le concevoir.   « Tu devrais pas continuer à t'en vouloir autant tu sais. J'aurais aussi pu faire un effort et venir te voir pour comprendre, mais mon égo d'adolescent était trop grand apparemment. C'était autant de ma faute que de la tienne. Peut-être même plus de la mienne, car j'ai jamais cherché à te comprendre et je me suis comporté comme le pire des idiots.  »  avoua-t-il simplement, en laissant apparaître une légère moue sur ses lèvres. Maintenant qu'il avait mûri et qu'il avait changé, il n'était pas fier de l'ancien Noah. De ce Noah qu'il cherchait par tous les moyens à faire disparaître de son âme mais aussi de sa mémoire. Il n'était pas rare qu'il laisse réapparaître des bribes de son ancienne personnalité, mais le plus souvent il veillait à canaliser ses pulsions. A les éloigner le plus possible de lui-même.

La phrase prononcée par Lucy suffit à attirer son attention. La gêne de la jeune femme était visible sur son visage, elle savait des choses mais elle ne désirait pas en parler, de peur peut-être de venir blesser le coeur peiné de son ancien ami. De peur peut-être de trop en dire et de ne pas savoir s'arrêter. Mais il avait besoin de savoir. Il ne se souvenait plus vraiment de toutes les personnes qui avaient appris pour la mort de ses parents et de toutes celles sachant pour son installation en Afrique du Sud. Il n'avait jamais pris le temps d'envoyer des lettres ou de passer des coups de téléphone pour obtenir des nouvelles, son chagrin avait été trop grand pour qu'il parvienne à penser à autre chose. « Par qui ? »  demanda-t-il doucement, presque faiblement comme s'il était effrayé à l'idée d'entendre la réponse. Il ne savait guère de quoi il devait avoir peur. Peut-être d'entendre un nom familier qui suffirait à réveiller des peines endormies. Un nom suffisant pour lui rappeler ses parents. Le deuil n'avait pas été une étape facile pour le jeune homme qui avait vu son univers s'écrouler autour de lui. Il avait été le dommage collatéral, touché en plein coeur mais pourtant encore en vie. Au tout début, il avait commencé par fuir cette souffrance l'inondant, puis il avait fini par la combattre. Par lutter pour survivre. Avec le temps, elle était devenue moins étouffante, elle sommeillait toujours en lui mais parler de son père et de sa mère était devenu moins difficile. « Mais tu sais on peut en parler, faut pas avoir peur. Ce n'est un secret pour personne ici que mes parents sont morts. Ce n'est pas mon sujet... favori mais on peut quand même en parler, je préfère ça aux bruits de couloir ou aux gens qui parlent doucement quand je passe en pensant que je ne les entends pas »  déclara-t-il sincèrement en la fixant. Avec elle, il acceptait d'en discuter, pas apeuré à l'idée de se montrer vulnérable. Ce n'était pas le cas. Durant plusieurs mois, il avait eu la sensation désagréable d'être observé à chaque fois qu'il passait quelque part dans le centre. De devenir un spectacle de foire pour toutes les personnes se trouvant à cet endroit. Souvent, il avait même pu entendre des bribes de conversation, quelques mots suffisants pour comprendre le sujet de la conversation. Longtemps l'assassinat de ses parents et de sa tante avaient été sur toutes les lèvres. Puis le temps avait fait son travail et petit à petit les voix avaient fini par devenir des chuchotements presque inaudibles.

Heureusement la discussion finit par se détourner vers un sujet plus joyeux et moins étouffant. Le britannique n'avait jamais oublié les Saroyan et cette façon qu'ils avaient de surprotéger leur enfant. Quand il était adolescent, il avait pris l'habitude d'en rire avec Lucy, qui ne s'était jamais gênée pour marquer son exaspération. « Tes parents pensent encore que tu as dix huit ans ? Si tu veux je peux les appeler pour les rassurer. Je le fais avec les bénévoles les plus jeunes » s'exclama-t-il comme pour se moquer doucement de son amie. C'était sa façon à lui de lui montrer que malgré leur dispute, ils pouvaient tous les deux reprendre leur amitié à l'endroit même où ils l'avaient laissé. Nul besoin pour eux de tout recommencer au début, il était l'heure pour eux de rattraper le temps perdu en effaçant une vieille rancoeur dissipée avec les années. C'était ce qu'il avait désiré faire depuis qu'il savait son ancienne amie au centre. Mais le courage avait toujours fini par lui manquer, alors il n'y était jamais parvenu. Préférant rester en retrait de peur de mal se comporter. « Justement je gère les bénévoles et ça me demande beaucoup de temps. Surtout que je ne fais pas que ça, j'aime bien faire d'autres choses à côté. J'aide quand je le peux pour les chantiers et autre donc je suis rarement dans mon bureau. Puis je dois avouer que j'avais un peu peur de venir te voir. Je savais pas quoi te dire en venant te parler. »   lança-t-il dans un souffle, n'osant que très peu dire à voix haute à quel point il pouvait être bête parfois. Il laissa échapper un soupir presque exaspéré par lui-même.

Rapidement un air anxieux apparut sur les traits de son visage lorsque ses yeux vinrent se poser sur le cou de Lucy. Il savait que les traces présentes sur sa nuque n'étaient pas normales. Il avait besoin d'obtenir des réponses et de comprendre ce qui avait pu se produire, espérant seulement qu'il ne s'agissait pas de quelque chose de grave. « T'es sérieuse ? » l'interrogea-t-il surpris mais surtout inquiet par la déclaration qu'elle venait de faire. Il n'aimait pas ce qu'il venait d'entendre. Son muscle cardiaque rata un battement. Quand bien même cela faisait des années qu'il n'avait plus été amené à parler avec Lucy, il continuait de tenir à elle. Durant tout ce temps, elle était restée quelque part dans son esprit et les années n'y avaient rien changé. Il ne s'était jamais totalement détaché d'elle, il ne souhaitait surtout pas qu'elle vienne à être blessée. « Tu dois être prudente ici Lucy, on est plus à Londres, les gens sont différents, il n'y a pas du tout la même ambiance dans les rues. Johannesburg est une ville vraiment dangereuse, il faut que tu sois très prudente. La prochaine fois si tu veux tu pourras m'appeler, ça évitera qu'un autre accident arrive. Vaut mieux prévenir que guérir une fois qu'il fait nuit. »   dit-il en la regardant avec un léger sourire. L'Afrique du Sud était loin d'être un pays connu pour sa sécurité mais plus pour la criminalité. Noah se souvenait parfaitement des premières fois où il avait arpenté les rues mal éclairées de la grande ville, il avait toujours veillé à se dépêcher et à choisir les arcades les moins dangereuses. Pourtant une fois sa prudence n'avait pas suffi et il n'avait jamais oublié le bruit des coups sur son corps. De la douleur brisant tout son être. De cette peur tordant chacun de ses organes. Au fond de son âme, il avait toujours su qu'il avait eu de la chance. Une chance inouïe mais que celle-ci n'était pas destinée à se reproduire. Alors à présent, il n'était pas seulement prudent, il était devenu pire que cela pour ne pas risquer sa vie. Maintenant, il était même le premier à déconseiller aux nouveaux bénévoles de sortir le soir, préférant éviter des accidents pouvant coûter la vie. Une vie précieuse. « Tu as mis quelque chose au moins dessus pour les bleus ? » demanda-t-il en observant les traces qui venaient colorer la peau pâle de la jeune femme. L'anglais avait toujours eu ce côté protecteur avec les personnes de son entourage mais depuis la mort de ses parents et le départ de sa soeur, c'était bien pire. Il mettait un point d'honneur à protéger tous les êtres humains se trouvant autour de lui. Il ne voulait plus voir ni violence, ni injustice alors il faisait son possible pour les éviter. Simplement imaginer ses amis en proie à des démons ou à des tourments suffisait à causer une pointe dans sa poitrine. Il préférait les savoir en sécurité et c'était le cas pour Lucy. Il ne souhaitait pas qu'elle prenne des risques inconscients dans un pays comme l'Afrique du Sud. Elle était cette figure de son passé, une figure qu'auparavant il aurait pu fuir mais qu'il cherchait à présent à garder près de lui.  Inconsciemment elle venait lui rappeler tout ce qu'il avait pu perdre mais aussi tout ce qu'il avait eu la chance d'avoir durant vingt ans. Tout ce qu'il avait pu connaître et qu'il ne souhaitait pas voir disparaître de sa mémoire. Jamais.  



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Lucy Saroyan
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MessageSujet: Re: Réconcilions-nous !    Réconcilions-nous !  EmptyVen 24 Avr - 12:51


Machinalement, je me massais la tempe. Un petit geste que je faisais quand on me parlait de Samuel en général. Là, ce n'était pas le cas, mais bon, avouons que c'était tout comme parce que c'était la naissance de mon fils et la dépression qui avait suivi qui avait provoqué ma dispute avec Noah. J'avais changé et il était trop jeune alors pour le comprendre, surtout que je ne pouvais rien lui dire sur les circonstances qui avaient provoqué tout ça. « Même si tu avais fait un pas vers moi, il m'a fallu beaucoup de temps pour redevenir à peu près sociable, et même là… je ne crois pas que j'aurais pu t'expliquer ce qui m'étais arrivé. Même maintenant… je ne peux pas te le dire. Pas tout de suite en tout cas, mais il y a une chose que je peux te dire, si je suis venue à toi, c'est que je pense que si un jour je dois le dire à quelqu'un, ce sera à toi. » J'en avais la certitude, s'il y avait quelqu'un qui pouvait comprendre que celle que j'étais alors avait fait une bêtise plus grosse qu'elle qui avait tout ruiné, c'était Noah. Nous étions si jeunes (surtout lui), et si sûrs de nous ! Et j'ai été la première à trébucher. Telle que j'étais maintenant, en Afrique du Sud, à essayer de me reconstruire, je n'arrivais toujours pas à décider si je regrettais d'avoir donner naissance à Samuel. C'était horrible n'est-ce pas ? Parce que j'aimais mon fils. Mais je n'avais jamais pu être sa mère, alors est-ce que je pouvais le considérer comme tel ? C'était parce que j'avais encore trop d'hésitation que je ne pouvais en parler. Et aussi parce que je venais juste de retrouver Noah, une confidence de cette envergure aurait donc été un peu prématurée, mais je le pensais désormais capable de comprendre quelque chose d'aussi évident.

Finalement, le sujet glissa de mes problèmes aux siens, et ils n'étaient pas moindre (bien que très différents). « Mes parents. » Répondis-je simplement. Qui eux l'avaient sûrement appris par Frans vu que pour ce que j'en savais ils étaient en liens étroits d'affaires. J'avais compris récemment que j'étais surveillée même ici. À la décharge de mes parents, j'avais été une source de soucis toute ma jeunesse, et quand je m'étais calmée, c'était pour devenir amorphe et associable. Ils ne craignaient sûrement pas que je redevienne comme autrefois, ils devaient plutôt avoir peur du retour de la dépression qui m'avait rongé pendant quatre ans.

« On en parle si tu en as envie, et on n'en parle pas si tu n'en as pas envie. Il y a un moment pour tout. » J'en savais quelque chose, eh, je suis psy' quand même ! Même si l'armée me cassait sérieusement les pieds parce qu'ils m'envoyaient des patients qui pensaient que j'étais une blonde superficielle et fille à papa, alors que je n'étais plus QUE blonde. Et en fait, je ne l'étais pas en permanence, il m'arrivait de me teindre les cheveux en fonction de mon humeur. J'avais été rousse, châtain, brune, ces quinze dernières années j'étais passée par toutes les colorations possibles au niveau capillaire même si je revenais toujours au blond.

« T'inquiète, ton oncle est chargé de la surveillance. Et Joos aussi, de manière plus officieuse. Tu sais que Frans m'a arrangé un rendez-vous avec Joos dans l'espoir qu'on fricote ensemble ? Non mais franchement, à quoi pensent-ils tous ? Si je voulais un mec, ça se saurait. Mais mes parents n'arrivent pas à se faire à l'idée que je veuille rester célibataire, au moins jusqu'à ce que je trouve le bon. » Et peut-être que je le trouverai dans le coin. Ici j'avais beau encore me traîner une certaine image à cause de mes manies, je portais moins le poids de mon nom de famille. Alors, peut-être que je finirais par trouver la perle rare, mais bon, je n'étais pas venue ici pour ça et comme je n'avais jamais été très douée pour entretenir une relation amoureuse stable, je m'en passais assez facilement. Il y avait des gens doués en amour et ceux qui ne l'étaient pas, je faisais partie de la seconde catégorie et c'était sans regret. Les hommes c'était sympa le temps d'une soirée. Jusqu'ici, je n'en avais jamais rencontré aucun avec lequel j'ai eu envie que ça dure. En partie parce qu'ils étaient tous des snobs issus du même milieu que moi, certes, et puis je devais aussi chasser ceux attirés par mon héritage… Néanmoins, à la fac, j'avais probablement manqué de belles rencontres. J'étais plus ou moins décidée à laisser sa chance au prochain mec qui tenterait de me séduire, mais soyons bien clairs, je ne ferai pas le premier pas, avec personne. Mais laissons ça de côté, pour le moment je ne pensais qu'à un seul homme, et c'était mon ami Noah.

« Je t'avoue que j'ai pas mal hésité à venir aussi. Mais c'est tellement ridicule de rester fâcher dix ans pour des bêtises ! » Alors j'avais fait le premier pas, et je ne le regrettais pas. Le désavantage d'avoir des amis par contre, c'est que contrairement aux collègues, ils s'inquiétaient un peu plus quand on leur annonçait qu'on s'était fait agresser dans la rue. « J'ai remarqué. » Répondis-je aux avertissements de Noah. « Et je pense plutôt que je vais éviter de sortir. De toute manière, c'était seulement par ennui que j'étais dehors. » Et je l'avais payé cher mon ennui ! « Oui, ne t'en fais pas, j'ai fait tout ce qu'il fallait. N'oublie pas que je suis docteur. » Ok, pas en médecine, mais je blaguais pour cette partie là. Pour l'autre, j'étais sérieuse, j'avais été voir un médecin au dispensaire et je m'étais soignée correctement. Ce n'était pas bien grave par ailleurs, quelques ecchymoses et une griffures au cou. Vu ce à quoi j'avais échappé, ce n'était pas trop cher payé.

« Enfin, tout ça pour dire, ne t'en fais pas, je vais bien. » Je voulais sincèrement le rassurer. Surtout que cette mésaventure m'avait servie de leçon, ça n'était pas près de se reproduire !

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Noah L. Mansfield
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MessageSujet: Re: Réconcilions-nous !    Réconcilions-nous !  EmptyDim 26 Avr - 12:35





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Le temps était connu pour avoir des vertus réparatrices. Réparer les coeurs brisés. Réparer d'anciennes amitiés éclatées. C'était la seule chose que Noah désirait pour Lucy et lui. Retrouver ce qui avait pu les unir par le passé. Cette complicité qui avait été présente entre eux mais qui finalement avait disparu. Malgré ce qu'elle pouvait lui dire, il continuait de ressentir une forme de culpabilité. Surtout maintenant qu'elle lui avouait qu'il y avait bien eu quelque chose. Quelque chose qui l'avait touché si profondément, qu'elle s'était sentie incapable d'en parler. Aujourd'hui encore, les mots paraissaient incapables à prononcer. Il ne lui en voulait pas, il avait connu la même chose. Bien différent du jeune, qu'il était auparavant, il était décidé à se montrer patient. A attendre le temps nécessaire pour qu'elle réussisse à lui parler. La regardant avec douceur, il lui lança un sourire réconfortant. De ceux capable d'éloigner les orages, même les plus puissants. « Je comprends dans ce cas. Si un jour tu as besoin, je serai là pour t'écouter. Je ne te forcerai pas à m'en parler mais si tu as besoin, tu sauras où me trouver. Je ne suis pas le petit con d'auparavant, je ne chercherai pas à te pousser à bout pour que tu me parles cette fois. » dit-il spontanément en mentionnant ses erreurs passées. Avec le temps, il avait appris à se moquer de lui-même. A se tourner vers l'autodérision. Il n'aimait pas se prendre trop au sérieux. Plusieurs fois, en ressassant sa dispute avec Lucy, il avait désiré revenir en arrière, retourner dans le passé pour se montrer différent. Mais c'était impossible. Le passé était destiné à rester le passé et à ne guère pouvoir être modifié. La suite de la conversation venait le prouver.  Son sourire disparut et ses yeux se perdirent dans le vide.   « Il n'y a pas grand chose à en dire tu sais. Ils se sont fait tuer il y a six ans, je suis forcé de l'accepter maintenant. On ne m'a pas vraiment laissé le choix de toute façon. C'est pas tous les jours facile de vivre avec ça, mais avec le temps j'ai fini par m'y habituer. Autant qu'on peut s'habituer au fait de perdre ses parents je crois... Personne ne pourra les faire revenir de toute façon donc c'est comme ça et pas autrement malheureusement... » avoua-t-il faiblement. Sa voix se voulait presque impassible alors que dans son esprit un ouragan venait de s'abattre. Il mentait par omission. Oui des années étaient passées et il avait fini par s'habituer à vivre sans ses parents mais la peine était toujours présente au fond de lui-même. Le trou béant dans son âme n'avait pas disparu avec le temps. Il avait simplement appris à vivre avec. Dissimulant son chagrin derrière de beaux sourires, cachant sa tristesse derrière des éclats de rire. Les tempêtes demeuraient dans son esprit, violentes, terrifiantes et à chaque fois c'était des parcelles de son muscle cardiaque qui s'envolaient. Il avait essayé de les oublier mais il n'y était jamais parvenu. Les souvenirs étaient condamnés à le faire souffrir, inlassablement, comme une aiguille s'enfonçant constamment dans sa chair. Ils étaient ces immeubles que même les tremblements de terre et les cyclones n'étaient pas en mesure de détruire. C'était sûrement le pire pour Noah. Rien ne pouvait effacer sa mémoire et lui permettre d'oublier. De tout recommencer sans songer à ses parents. Oui, il avait fini par s'habituer à cette douleur régnant en reine sacrée sur son être. C'était la seule solution que son instinct de survie lui avait dicté. Celle le maintenant en vie depuis tous ces mois. Soixante douze mois durant lesquels tout avait changé. Son existence. Son univers. Lui-même. Son visage se figea, presque paralysé par les images qui se dressaient dans son esprit. L'évocation de son cousin suffit à le raidir un peu plus. Lui aussi faisait partie des sujets à éviter. Des discussions qu'il ne désirait pas avoir. La mort d'Anna n'avait fait qu'amplifier ce sentiment de trahison, qu'il avait pu ressentir lorsqu'il les avait vu en train de s'embrasser. Il aurait voulu essayer de le pardonner, mais cette hypothèse n'était pas envisageable. C'était son coeur qui s'était retrouvé piétiné. Son muscle cardiaque qui s'était serré au point d'imploser. Dans cette histoire, il avait été la victime. Le dommage collatéral occulté de l'équation des sentiments. Ses émotions, ni Anna, ni Joos n'y avaient songé avant de s'embarquer dans cette valse amoureuse. Il n'y avait eu qu'eux. Simplement eux deux. Il ne pouvait pas faire semblant de ne pas le détester. C'était purement de la haine qu'il ressentait à son égard à présent. Elles étaient passées les années où ils étaient proches et inséparables. Il n'y avait plus rien de tout ça. Seulement de l'amertume et de la rancoeur. Il haussa les sourcils, perplexe. « Avec Joos ? Super dis donc... » souffla-t-il sans tenter de masquer ses pensées négatives. Cela faisait bien longtemps qu'il avait cessé de jouer la comédie lorsqu'il s'agissait de Joos. « Je préfère te le dire avant que Joos ne te le dise, ou avant que tu entendes les ragots, on est pas en bons termes lui et moi. Si tu lui parles de moi, il risque de faire la même tête que la mienne. » lança-t-il avec un léger rire jaune. Il préférait être honnête et ne pas se cacher derrière des faux-semblants inutiles. La relation entre les deux cousins avait longtemps fait partie des conversations préférées des bénévoles du centre. Ils avaient fini par devenir les deux frères ennemis, chacun restant campé sur ses positions sans faire un pas vers l'autre. La relation fraternelle, qu'ils avaient entretenu, n'était plus qu'un doux mirage. Pourtant, ils étaient forcés de cohabiter et de travailler main dans la main ensemble. Le destin aimait se jouer d'eux.

Il eut un sourire en coin en entendant la phrase de Lucy. Qu'il pouvait comprendre la jeune femme et son envie de rester seule. C'était ce qu'il préférait aussi. Ses conquêtes éphémères ne devenant jamais des partenaires régulières. La solitude sentimentale était son quotidien. Il aurait aimé pouvoir en expliquer les raisons mais il n'y parvenait pas. Avouer sa peur de s'attacher était une preuve de faiblesse. Une faiblesse qu'il n'était pas prêt de dévoiler aux yeux du monde. C'était sa peur d'être blessé qui le guidait et qui l'empêchait de s'ouvrir aux autres. Il ne voulait plus ressentir de pareils tourments, alors les unions charnelles étaient la clé à ses problèmes. « Laisse les avec leurs histoires. Tu as bien raison de rester seule pour le moment.  » déclara-t-il en parlant à la fois pour son amie mais aussi pour lui. C'était la seule règle qu'il s'efforçait de suivre. La seule limite, qu'il s'interdisait de dépasser. Son coeur devait rester en sécurité, à l'abri loin des sources de souffrance. C'était mieux ainsi. En contemplant les traces sur le cou de l'anglaise, il réalisa aussi à quel point les corps devaient être protégés de la violence régnant dans les rues sombres de Johannesburg. Le danger était partout, à chaque intersection, menaçant prêt à surgir au moindre faux pas. « Tu n'as pas besoin d'éviter de sortir, tu dois juste faire attention. Je peux faire ton garde du corps si tu veux, même si je ne suis pas sûr d'être l'homme le plus effrayant du centre  » s'exclama-t-il en riant légèrement. Il se mit à imaginer la scène et son rire devint plus sonore encore. Il n'avait rien de terrifiant, son seul avantage était son statut, qui lui permettait de fréquenter des endroits sécurisés, sans risque d'agression. Il était connu pour être devenu un fêtard, naviguant de bar en bar, comme il le faisait en Angleterre avec Lucy. Il se souvenait parfaitement de toutes les soirées, qu'ils avaient pu passer ensemble.  De ces boissons qu'ils avaient partagé. De tous ces éclats de rire. Il avait aimé tous ces instants entre eux. Il voulait les retrouver et recommencer là où tout s'était arrêté. C'était pour cette raison, qu'elle devait prendre soin d'elle. Qu'elle ne devait pas prendre cette agression à la légère. « Ce sont souvent les cordonniers les plus mal chaussés alors ce ne serait pas étonnant que les docteurs soient les plus mal soignés tu sais.  » lança-t-il sincèrement. Il haussa les sourcils, comme pour confirmer ses dires. Il avait beau être plus jeune que la jeune femme, il pouvait se montrer protecteur. Pour ses amis, il était prêt à tout donner. Mais surtout à ne jamais les abandonner.



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Lucy Saroyan
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MessageSujet: Re: Réconcilions-nous !    Réconcilions-nous !  EmptyLun 4 Mai - 12:16


Brisée et en colère, c'est ce que j'avais été les quatre années qui avaient suivi la naissance de Samuel. Mais soyons honnête, c'était sûrement mieux que bête et superficielle, deux adjectifs qui me correspondaient parfaitement autrefois. Au point que j'en étais complexée. J'étais capable d'être tellement mieux ! Noah le savait. N'étant pas un potentiel petit ami (trop jeune), je m'étais montrée plus facilement à lui sous un jour meilleur. Ce qui ne l'empêchait pas de m'avoir vu dans ses situations au mieux coquasses. Et puis les hommes, ah ! Les hommes ! Que n'aurais-je fait pour avoir le plus beau de la soirée ? Me souvenir de cette période était avilissant. Néanmoins, j'étais clairement décidée à faire face. Me réconcilier avec Noah était une première étape pour beaucoup de choses. J'aimais mon ami pour ce qu'il avait été et pour ce qu'il était devenu, j'escomptais qu'il en soit de même de son côté (et c'était bien parti!). Finalement, reparler à Noah, c'était aussi comme faire un pas vers celle que j'étais. Je savais qu'un jour, il faudrait que j'arrive à l'enlacer pour que nous ne fassions plus qu'une. J'avais échoué à vivre en dépit de mon passé. Je me devais de vivre avec. Sauf que je n'étais pas prête… Maintenant Noah pouvait le comprendre.

« C'est très bien comme ça. » Répondis-je simplement. Pas la peine d'en faire des caisses, hein ? On se comprenait. De même que son travail de deuil m'était familier. Non pas que j'ai vécu semblable tragédie, mes problèmes était d'un ordre complètement différent, mais j'avais travaillé avec des personnes qui avaient vécu ce genre de choses. Les thérapies avaient parfois fonctionné, parfois non. Je le vivais toujours comme un échec. Pour me rassurer, je me disais que c'était en partie parce qu'on ne pouvait pas aider les autres quand on n'était pas soi-même à l'aise. Une des (très) nombreuses raisons de mon départ de Londres.

« Il y a des choses qu'on ne peut pas changer, c'est important de l'accepter et de vivre avec. Mais tu m'as l'air d'avoir la bonne philosophie, peut-être parce que ça fait déjà six ans… le temps passe trop vite, mais contrairement aux idées reçues, il est loin de tout emporter. » Car sinon, nous souffririons moins lui et moi. A tout prendre, le chagrin nous avait fait mûrir. Honnêtement, nous en avions bien besoin. Je n'irais pas jusqu'à dire que nous avions mérité nos chagrins, cela aurait trop injuste, surtout pour Noah (moi, encore, ça pouvait se discuter), mais nous pouvions toujours en retirer ce constat. Il valait ce qu'il valait en guise de lot de consolation. Personnellement, je ne regrettais pas l'ancienne Lucy. Certes, elle savait s'amuser plus que moi, elle était plus à l'aise en société et probablement plus heureuse, mais elle était abominablement creuse. Si je n'avais rien d'une mère pour mon fils, au moins pouvait-il parler de moi sans rougir.

Le sujet dériva vers Joos et je n'avais pas imaginé que cela se traduirait ainsi. Néanmoins, on ne pouvait pas s'entendre avec tout le monde dans sa famille, aussi accueillis-je la nouvelle avec un flegme tout britannique. « Je vois. Il ne m'a pas fait mauvaise impression mais je suppose que je ne suis pas au courant de tout et qu'il n'est pas nécessaire que cela soit le cas. Cela te dérange-t-il si je continue à le fréquenter ? Il m'aide par rapport à mes parents, mais si ça t'ennuie... » Je ne finissais pas ma phrase, mais si vraiment ça embêtait Noah qu'une de ses amies d'enfance (ou d'adolescence mais ne jouons pas sur les mots) parle avec son cousin, je romprais sans difficulté ce début de relation. Après tout, je ne pouvais pas encore vraiment dire que j'étais amie avec Joos, nous avions seulement dîner ensemble.

Je m'abstins de commenter plus avant mon célibat. Mon obstination à rester seule étant trop liée à ma maternité pour m'engager sur ce sujet. Nous en vînmes alors à discuter de mon récent incident. « Je suis sûre que si je n'avais pas été seule, rien ne se serait produit. Être effrayant n'est donc pas forcément la question, mais honnêtement, ne pas sortir ne me manquera probablement pas. J'ai bien pensé à un moment à ressortir du placard quelques unes de mes vieilles combines pour draguer quelques militaires, juste pour avoir de la compagnie tu vois, rien de sérieux. Un verre, une conversation, sans plus. Sauf que l'armée m'a missionné pour m'occuper de la moitié de la caserne. Il paraît que les aider, c'est aider la population. Et ce n'est pas déontologique de se faire payer un verre par ses patients. » Je soupirais exagérément, comme si ça allait affreusement me manquer. En fait non, ça avait juste été une idée comme ça, parce que plusieurs militaires du coin étaient mignons et qu'ils avaient l'air d'avoir de la conversation, ça aurait pu être un moment agréable, sans conséquence et sans prise de tête. Mais même ça, c'était hors de ma portée : je préférais me rendre utile. « A défaut, donc, tu n'auras qu'à me payer un verre à l'occasion, ça suffira. » Vu mes projets à court et moyen terme, ça revenait quasiment au même. Pourquoi faire de nouvelles rencontres quand je pouvais consolider les anciennes ? « Possible, mais je suis très à cheval sur l'hygiène. Il paraît qu'à Londres j'avais même la réputation d'être une vraie rabat joie collée montée. Tu y crois franchement ? » Non que ce soit faux, mais toutes ces personnes – principalement de mon travail au cabinet – ne se rendaient pas compte à quel point dix ans plus tôt j'étais tout sauf rabat joie, une vraie fêtarde. Cela étant dit, ça ne changeait rien au présent, et mes blessures n'avaient sincèrement pas de quoi inquiéter Noah.

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MessageSujet: Re: Réconcilions-nous !    Réconcilions-nous !  EmptyVen 22 Mai - 19:05





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Plusieurs secondes durant, Noah fixa Lucy avec un léger sourire nostalgique sur le visage. Des années s'étaient écoulées depuis leur dernière conversation, c'était une époque si lointaine à présent. Ils avaient tellement changé, ils n'étaient plus ces deux jeunes insouciants ne songeant qu'à l'organisation de la prochaine soirée, qu'à sortir jusqu'au petit matin. Ces deux êtres appartenaient au passé mais Noah était certain que malgré le changement, ils pouvaient se retrouver.  Reconstruire une belle amitié plus profonde, plus sincère. C'était ce qu'il désirait et la venue de Lucy dans son bureau était la preuve qu'il n'était pas le seul à avoir cette volonté.   « Parfois j'aurais aimé pouvoir changer des choses quand même. Alors je fais avec voilà tout. » Son sourire s'éteignit à mesure que les mots sortaient de sa bouche. Il y avait tellement de choses qu'il aurait voulu pouvoir changer. Des actes qu'il n'aurait pas commis si seulement il avait su la suite. Des phrases qu'il n'aurait jamais prononcé. Des choses qu'il se serait empressé d'avouer pour les retenir un peu plus à ses côtés. Mais il n'avait jamais su alors les faits étaient restés les mêmes. La dernière fois qu'il avait eu la chance de parler à ses parents, il pensait simplement qu'il s'agissait d'un "au revoir" avant quelques semaines d'absence. Jamais, il n'aurait pu imaginer que c'était un adieu, que plus jamais il ne pourrait leur parler, que plus jamais sa mère ne caresserait sa joue avec douceur comme elle avait l'habitude de le faire. Il n'avait pas su alors il les avait laissé partir en leur faisant un signe de la main, pressé à l'idée de les revoir. Redevenus poussières, ils n'étaient pas revenus et il avait beau savoir qu'il n'était pas responsable, les regrets l'avaient inondé. Sa relation avec Joos aussi était source de remords, bien divergents. Il n'avait guère pu l'empêcher de s'approcher d'Anna et c'était son coeur qui avait souffert. Il ne put cacher sa contrariété lorsque son cousin fut évoqué. Cela faisait quelques temps à présent qu'il n'aimait pas en parler. Sa trahison était la plus violente qu'il ait connu depuis son enfance. Très certainement, la plus douloureuse. Autant, il aurait pu finir par pardonner à Anna mais pas à son cousin, celui supposé le soutenir dans le bon et dans le mauvais. Celui sur lequel il s'était toujours reposé, qui n'avait pas hésité à tout détruire, à le poignarder dans sa chair. « C'est compliqué, très compliqué à expliquer. Mais libre à toi de continuer à le voir, je ne t'en voudrai pas si tu le fais ne t'inquiètes pas. Le problème est entre lui et moi, tout simplement, il n'y a pas besoin d'inclure d'autres personnes dans l'équation. » déclara-t-il avec un sourire sincère. Lucy n'était pas la première à fréquenter les deux hommes. Il y en avait eu des individus tentant d'apaiser les conflits entre les deux cousins, en prêchant la bonne parole chez l'un et chez l'autre. En vain. Ils n'avaient jamais réussi à les réconcilier, car il était impossible pour eux de passer outre tous les obstacles se tenant devant eux.  Ils ne pouvaient plus redevenir proches.

Il hocha la tête pour effacer ses songes avant de focaliser son attention sur Lucy. La prudence était de rigueur dans les rues mal éclairées de Johannesburg, les touristes étant la cible privilégiée des pickpockets sans remords. C'était dans ce genre de moment qu'il venait à regretter Londres et ses passants sereins, capables de se balader sans danger. Ici tout était si différent. « C'est pour ça que tu dois éviter de sortir toute seule.  » rétorqua-t-il en faisant une légère moue. Cette fois-ci elle avait eu de la chance, elle s'en était sortie avec quelques marques, quelques ecchymoses. Bien pire aurait pu se produire si le militaire n'était pas venu la secourir. Il fut pris d'un rire sonore en entendant la remarque de l'ancienne fêtarde. Il se souvenait parfaitement de cette facilité qu'elle avait à charmer la gente masculine.  « Je n'arrive même pas à être étonné que tu aies eu envie de faire ça, ça me fait même rire. Mais c'est vrai que ce n'est pas très déontologique tout ça alors tu fais bien d'éviter. Si tu veux te faire payer un verre un soir, demande moi, ce sera plus simple et en plus tu n'auras même pas besoin de ressortir tes vieilles combines de drague pour arriver à tes fins. Quand j'étais encore qu'un jeune idiot, il suffisait que tu me fasses un petit sourire pour tout obtenir de moi et même si ça a changé, ça me ferait plaisir de te montrer quelques endroits que j'apprécie. » dit-il sans gêne. A un instant précis de son existence, il avait regardé Lucy avec ces yeux d'adolescent charmé par la jeune femme se tenant face à lui. Durant des semaines, il l'avait suivi dans les soirées londoniennes dans le simple but de lui plaire. Il était prêt à tout pour attirer son attention, il était ce vulgaire idiot ne sachant guère comment lui montrer son attirance alors il avait employé divers stratagèmes pour parvenir à ses fins. Pourtant, elle n'avait jamais compris. Avec le temps, elle était devenue une simple amie pour lui. « Tu vas devoir t'habituer à un mode de vie plus rustique et moins hygiénique alors. Les choses sont vraiment différentes ici. Enfin je dis ça mais je fais partie de ceux qui n'ont pas à se plaindre et qui bénéficient d'un confort plus qu'acceptable.  » souffla-t-il presque honteux de l'avouer. Parfois il lui arrivait de se sentir coupable d'évoluer dans un pareil milieu alors qu'il côtoyait jour après jour des personnes dans le besoin. Chaque soir, il avait le privilège de rentrer dans une demeure suffisamment grande pour accueillir plusieurs familles, il faisait partie de ces rentiers au compte en banque bien rempli et même si chaque mois il remplissait des chèques à plusieurs zéros pour des associations caritatives, cela n'était pas suffisant pour faire taire cette culpabilité qui le rongeait à l'intérieur de sa chair. Jour après jour, il avait la volonté d'en faire plus, de s'investir encore plus mais il n'avait toujours pas trouvé comment. Ses parents avaient donné jusqu'à leur vie pour la cause, c'était de son devoir de les honorer. De ne pas les décevoir.



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Lucy Saroyan
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L'ANCIENNE EFFRONTEE
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MessageSujet: Re: Réconcilions-nous !    Réconcilions-nous !  EmptyVen 19 Juin - 19:03


Je n'avais pas pu garder beaucoup d'amis après ma dépression. Elle avait duré quatre longues années et je n'étais plus tout à fait la même après tout ça. On pouvait même dire que si j'étais aussi facilement partie de Londres c'était parce que je n'y avais pas vraiment d'attache. Des chaînes peut-être, mais rien qui soit agréable, qui puisse m'aider à avancer. J'ai tout de même des amis, mais ils se comptent sur les doigts d'une seule main. Pour parler franchement, je crois que je suis plus sociable depuis que j'ai changé de continent. Je ne m'entends pas avec tout le monde, mais au moins j'essaie de dialoguer avec eux, pour de vrai, sans faux-semblant. En soi, c'est déjà un progrès. Et puis, il y avait Noah. J'espérais bien le compter de nouveau dans mes amis. Pouvoir lui dire, un jour, ce que je n'avais su avouer dans la capitale anglaise. Samuel… mon Samuel… comme j'aimerai déjà lui en parler, même en l'appelant mon frère, mais j'ai le coeur qui se serre à cette idée. Trop tôt encore. L'envie ne suffit pas. S'il suffisait de désirer quelque chose pour qu'elle se produise, je suis bien certaine que je n'aurais pas tout ces ennuis car je ne les ai jamais souhaité. Avec une lenteur calculée, je posais la main sur l'épaule de Noah et je lui souris avec chaleur. Ça irait mieux un jour. Pas forcément parce que nous nous étions retrouvés, ce serait trop facile, seulement parce que nous tachions de ne plus être deux petits imbéciles pourris gâtés. Et comme nous partions de très loin, cela devait probablement être un point de départ acceptable. Chacun son chemin de croix. Le mien était de devenir autre chose que « la fille de ». Pour Noah… je ne savais pas vraiment, mais il n'était plus le m'as-tu vu que j'avais connu.

« Si cela ne te dérange pas, je continuerai à le voir alors, mais il paraît assez facile de ne pas trouver dans la même pièce que vous deux en même temps. J'ai déjà eu un mal fou pour réussir à t'attraper tout seul ! » Je n'avais pas très envie, à voir sa tête, de me retrouver avec les deux cousins. J'étais une très bonne psychologue (sans me vanter) mais il ne fallait jamais mélanger le privé et le professionnel, je ne pourrais jamais rien pour Noah et Joos. Je n'y tenais pas au demeurant, ça m'avait l'air… compliqué… pour reprendre les mots de mon ami.

Je répondis à sa moue par une autre, j'avais conscience de mon erreur mais mon caractère ne se pliait pas facilement aux exigences d'autrui (contrairement à ce qu'on pourrait croire au premier regard). C'était encore plus vrai quand autrui était seulement une réputation, bien que je sois obligée d'admettre que celle-ci n'avait pas été volé : il était dangereux de se promener seule, c'était noté.

Je soupirais exagérément au souvenir de Noah me suivant docilement dans les soirées et me resservant gentiment un verre quand celui-ci était vide et mon ennui visible. Je n'étais pas du tout nostalgique de cette époque, je trouvais toutefois drôle de me rappeler des souvenirs plus heureux que ceux qui me hantaient. Nous avions eu des bons moments. Enfin… moi en tout cas, Noah, je n'en étais pas certaine. Il était plus jeune que ceux de ma bande et même s'il avait toute légitimité à se trouver en notre compagnie, je n'étais pas de celle qui récompensait toujours les efforts des jeunes garçons. Je prenais mon capital séduction pour acquis, les faveurs qu'on m'accordait comme légitimes. Cela dit, j'avais souvent été plus gentille avec lui qu'avec d'autres, en grande partie parce que je n'avais jamais eu l'intention de répondre à ses attentes. « Quel dommage que mes sourires ne soient plus aussi efficaces !!! Et je ne parle pas seulement de toi, depuis que je ne porte plus des décolletés jusqu'au nombril, il semblerait que j'ai beaucoup perdu en capital séduction. » Un petit rire aigre accompagna ces paroles. Noah voyait sûrement à quoi je faisais référence. Je ne m'étais jamais intéressée à lui (par chance va-t-on dire, je n'avais pas besoin de plus de pères potentiels!), mais ce n'était pas le cas des autres garçons de notre entourage. Sauf qu'aucun ne m'avait aimé. La preuve, il n'y avait que Noah qui était venu me voir lorsque j'avais disparu. Une preuve s'il en fallait encore que je manquais alors de discernement.

« Ne prends pas cette mine honteuse, je suis venue ici, mais je n'ai pas réussi à renoncer à tout mon confort pour autant. Avoir de l'argent, ça aide quelque soit le pays… mais au moins, ici, on essaie d'aider les autres en contrepartie. » Je haussais les épaules. Je portais sur les épaules de nombreux fardeaux mais avoir de quoi m'acheter des lotions anti-bactériennes, des lingettes et des brumisateurs n'en faisaient pas parti.

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Noah L. Mansfield
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MessageSujet: Re: Réconcilions-nous !    Réconcilions-nous !  EmptyLun 6 Juil - 21:24





I wish you could have been here.


How I wish, how I wish you could have been here, we was just two lost souls, swimming in a fish bowl. Year after year, running over the same old ground what have we found the same old fears. Wish you could have been here.




Parler de Joos n'avait rien d'agréable pour Noah. Depuis plus de deux ans, ils faisaient leur possible pour s'éviter. Pour que toute forme de dialogue cesse d'exister entre eux. Les liens avaient été rompus nettement, sans laisser la moindre chance au temps de venir les réparer. Sa poitrine se serra en songeant aux souvenirs qu'ils avaient partagé à cette époque désormais passée. Nerveusement, il joua avec ses mains. Pendant une seconde, il fut pris d'une vague de nostalgie intense qui le submergea. Il lui arrivait de regretter d'avoir perdu son cousin. Son meilleur ami. Mais lorsque ses yeux venaient s'ancrer dans les prunelles de Joos, la haine ressortait, plus puissante et plus étouffante. Son envie de vengeance s'était apaisée avec le temps mais la rancoeur demeurait encore, prête à ressurgir au moindre écart de conduite.  « Ce ne sera pas difficile, on évite tous les deux de se retrouver dans la même pièce. On vit au même endroit mais on ne fait que se croiser tout le temps.. » déclara-t-il avant d'être pris d'un rire jaune. Il était là leur quotidien, depuis la trahison. Ils  vivaient dans la même maison mais pourtant il était presque impossible de les voir au même endroit ensemble. Ils s'étaient habitués à seulement se croiser,  à oublier la présence de l'autre pour éviter tout risque de dispute risquant de se finir dans la violence.

Noah n'avait jamais oublié l'époque où il avait développé une certaine attirance pour Lucy. Tel un adolescent en quête d'aventure et cherchant à se libérer des chaînes de ses parents, il avait succombé au charme de l'anglaise car elle était l'incarnation de la rébellion. La voie de la rébellion qu'il désirait suivre. Il suffisait qu'elle se décide à lui sourire pour qu'il craque. Par tous les moyens, il souhaitait qu'elle le voit, qu'elle réalise qu'il était près d'elle en attente d'un signe, même minime. Mais il n'avait guère mis longtemps à réaliser qu'il ne s'agissait que d'une passade. Qu'une envie passagère qui finalement avait disparu. Evidemment, il avait continué à apprécier la compagnie de sa compatriote mais il n'y avait plus rien d'étrange. Il ne ressentait plus aucune attirance pour celle qui avec sa chevelure de blé aurait pu lui faire plonger dans la Tamise en plein période hivernale. A présent en la regardant, il se sentait bien idiot, leur relation avait évolué et il était impossible pour lui de la voir autrement que comme une amie.  « Les sourires sont toujours efficaces mais tout dépend sur quelle personne tu tombes en face de toi. Des décolletés un peu trop plongeants sont moins efficaces qu'un sourire ou qu'un beau regard. Mais les hommes sont un peu bêtes que veux-tu » souffla-t-il sincèrement. Il avait grandi mais il était toujours capable de remarquer que Lucy était charmante. Séduisante. Il n'était pas différent des idiots qu'il décrivait. Ses habitudes relationnelles le poussant à toujours chercher la compagnie de déesses pour quelques heures d'abandon charnel sans avenir. Un futur qu'il ne voulait pas offrir; le mot couple avait fini par devenir de l'ordre du mirage à ses yeux. Comme une douce torture pour lui rappeler la douleur qu'il avait pu ressentir lorsqu'elle était partie. Il n'était pas prêt à plonger de peur de ne jamais trouver une bouée sur laquelle se rattacher. Alors, il était de ces hommes incapables de résister aux charmes d'une silhouette féminine. La fixant, il laissa échapper un léger soupir, agacé par lui-même.

Il l'observa, en silence, réfléchissant à ce qu'elle venait de lui dire. Peut-être que dans le fond elle avait raison, mais il était incapable de penser comme elle. En cinq ans, il avait pu réaliser ne lui offrait rien de plus ici. Elle était plutôt une honte, provoquant des regards inquisiteurs sur sa personne. Toute l'aide qu'il pouvait apporter n'était pas suffisante pour faire oublier son statut de privilégié.   « Les choses sont différents entre les bénévoles et moi. Mon nom fait que quoi que je fasse, je suis comparé à mes parents et à mon oncle.  J'ai beau aider les autres, ça ne change rien... » déclara-t-il simplement avec douceur. Parfois son nom de famille était comme un lourd fardeau difficile à porter.  Il était fier de sa famille, de ses origines mais les comparaisons avaient tendance à lui faire plus de mal que de bien. Elles venaient lui rappeler toutes ces fois où il s'était senti comme un incapable face à ses parents. Toutes ces remises en question sur son avenir. Il était le premier à avoir une mauvaise image de sa personne, à constamment dénigrer son travail, il n'avait guère besoin qu'on le fasse pour lui. Qu'on vienne sous entendre que jamais il ne serait à la hauteur, il le savait déjà parfaitement. Il était prêt à tout donner pour le centre, son temps et peut-être même sa vie, mais qu'importe les actions qu'il pouvait accomplir, il ne serait jamais aussi parfait qu'eux.  Il n'était qu'une pâle copie de ces deux personnes qu'il aimait tant. Un jeune homme tentant d'être digne de leur héritage.



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